Freiheit dank Sicherheit

Bern, 05.04.2016 - Rede von Bundesrat Guy Parmelin, Chef des Eidgenössischen Departements für Verteidigung, Bevölkerungsschutz und Sport (VBS), anlässlich des Annual Dinner 2016 von Avenir Suisse in Zürich am 5. April 2016.

Es gilt das gesprochene Wort

Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs les collaboratrices et collaborateurs d'Avenir Suisse,
Mesdames et Messieurs les invités en vos titres et fonctions,

On prête à Benjamin Franklin, l'un des pères fondateurs des Etats-Unis, à la fois corédacteur et cosignataire de sa déclaration d'indépendance en 1776, une célèbre citation reprise à leur compte par tous les défenseurs sourcilleux des libertés fondamentales. Elle dit ceci : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. »

Une telle observation est le reflet d'une approche certainement humaniste, idéale aussi en ce sens qu'elle énonce une proposition philosophiquement irréprochable : dans notre société, fait remarquer Franklin, la liberté est un bien inestimable, sans doute même le plus précieux de tous les biens.

Benjamin Franklin a été ambassadeur en Europe. A ce titre, il a voyagé en France et en Grande-Bretagne. Il a senti souffler sur notre Vieux Continent l'esprit des Lumières. Il a rencontré Voltaire. Il sait quels sont les fondements sur lesquels s'établit ce siècle de renouveau : l'introduction du contrat social, la primauté de la science sur la Providence, les progrès de l'esprit critique et l'invitation à la tolérance.

Am 26. Oktober 2001 - 225 Jahre nach der Unabhängigkeitserklärung, die ich soeben in Erinnerung gerufen habe - unterzeichnete der 43. Präsident der USA den Patriot Act: Ein Gesetz, das einen nie dagewesenen Wendepunkt im Kampf gegen den Terrorismus darstellt, und vor allem in der Anwendung der Ermittlungsinstrumente, die den im Bereich Sicherheit zuständigen Regierungsbehörden zur Verfügung stehen. Die meisten der ursprünglichen Bestimmungen des Patriot Acts sind noch immer in Kraft.

Analog zu diesem geschichtlichen Vergleich stellen wir fest, dass unsere westliche Gesellschaft hin und her gerissen ist zwischen der entschlossenen Verteidigung der Grundsätze der Demokratie und der Freiheit, auf welchen sie gründet und welchen wir sie verpflichtet sehen, und der Notwendigkeit, mit geeigneten Mitteln den sie bedrohenden Realitäten, oft begleitet von Schrecken, Blut und grossem Leid, entgegen zu treten. Die jüngsten Ereignisse in Frankreich und Belgien haben uns erneut schmerzlich daran erinnert.

Je pars donc du principe, Mesdames et Messieurs, à l'instar de Benjamin Franklin, que la liberté est un bien fondamental, partageant en cela les valeurs que notre Constitution et, avec elle, notre appareil législatif et jurisprudentiel protègent. Je souligne ici que le peuple et les cantons suisses se sont précisément donné une charte fondamentale dans le dessein de sceller une alliance renouvelée, comme le dit précisément le texte, pour renforcer la liberté, la démocratie, l'indépendance et la paix.

Mais pour que la liberté demeure ce bien fondamental, il importe qu'elle soit défendue. Peut-être même, depuis la Seconde Guerre mondiale, n'a-t-il jamais été aussi impératif qu'elle le soit avec autant de détermination.

Vous me permettrez, sur ce point, de vous donner quelques éléments contextuels explicitant mon propos. Nous assistons à des développements militaires singulièrement différenciés entre l'Occident et l'Asie, voire le Moyen-Orient, tandis que les dépenses militaires, les nôtres comme celles de tous nos voisins directs, sont en net reflux depuis une quinzaine d'années au moins.

Nous assistons en outre à une multiplication des cas de « failed states », ce qu'il est convenu d'appeler des Etats en déliquescence, du fait de situations de corruption généralisée dans certains de ces pays, du fait de la faiblesse de leur gouvernement central, du fait d'une situation économique obérée ou encore en raisons de conflits entretenus avec leurs voisins. Un grand nombre de pays d'Afrique centrale, le Pakistan, l'Irak, la Syrie, l'Afghanistan sont considérés comme tels, dans une liste mondiale qui en compte pour l'heure un peu moins de 200.

Jenseits der Statistiken und Debatten verursacht die unstete Migrationslage an den Toren Europas unstabile Gebiete in allen Ländern, die sich an den Grenzen Europas befinden. Obwohl sich die Schweiz nicht an der EU-Aussengrenze befindet, wird sie selbstverständlich von diesem Phänomen nicht verschont.

Ebenso wenig wird sie von den Gefahren verschont, die durch Hackerangriffe auf Informationssysteme verursacht werden. Auch wenn unsere digitale Strategie leistungsfähiger im Vergleich zu der anderer Länder sein könnte, immerhin beruht die Schweiz - und ich spreche hier vom Finanzplatz Schweiz, der Administration, der Wirtschaft und der Wissenschaft - auf digitalen Technologien, welche unser Wachstumshebel und Garant für Sicherheit sind. Wie Sie sich vorstellen können, funktioniert diese Ausrichtung jedoch nicht, ohne grundlegende Fragen zur Cyber-Bedrohung bezüglich unserer Daten und Netze zu stellen.

Enfin, les problèmes sociaux et les actes terroristes planifiés et téléguidés sous la houlette de l'organisation criminelle Etat islamique ou d'autres groupements terroristes mettent la sécurité continentale sous une pression qu'elle a rarement connue et pose des défis de taille en raison même de l'imprévisibilité inhérente à ces actes, du fanatisme qui les sous-tend et des moyens financiers et logistiques qui les rendent possibles.

Sans vouloir sombrer dans le catastrophisme, j'ai récemment eu l'occasion d'exprimer dans les médias mon point de vue selon lequel le terrorisme allait nous occuper à long terme, probablement même au-delà de l'existence et des activités malfaisantes du proto-Etat islamique. Nos concitoyens, les citoyens des pays pris pour cibles l'affirment eux-mêmes : « Il faut vivre avec », chacun répétant qu'il n'est pas possible de rester cloîtré chez soi, à moins de vouloir donner droit à la violence et de permettre à ceux qui y recourent de gagner la partie. Nous devons bien évidemment admirer ce courage, cette capacité de résilience publique qui pousse tout un chacun à s'adapter aux circonstances, mais les autorités ne sauraient pour autant s'abriter derrière le fatalisme ambiant : le devoir d'un pays est en effet de conduire une politique de sécurité volontaire, proactive, modulable, cohérente et surtout raisonnée, a fortiori face à une menace dont la définition est aussi évolutive et instable qu'elle peut l'être aujourd'hui.

Seit jeher hat der Bund ein System zwischenstaatlicher Hilfe errichtet, das zur Verteidigung gegen alle Feinde, „gegen alle, die ihnen innerhalb wie ausserhalb ihrer Täler Gewalt oder Unrecht antun" - wie im Bundesbrief von 1291steht - dient.

Als Föderalist vertrete ich dieses Prinzip der Koordination, welches vorgibt, dass die Sicherheit in der Schweiz uns alle angeht. Dieses Ziel wird von den Kantonen und Gemeinden gleichermassen geteilt. Diese Behörden sind aus nächster Nähe involviert, auch wenn es die Aufgabe des Departementes ist, welchem ich die Ehre habe vorzustehen, die entscheidenden Funktionen einzunehmen, und die Bundesverfassung vorsieht, dass die Verteidigungsaufgaben ausschliesslich die Angelegenheit des Bundes sind.

Genau genommen ist die Armee das wichtigste Mittel zur Wahrung der Sicherheit in unserem Land. Darauf bedacht, ein leistungsfähiges Mittel zu schaffen und hinsichtlich der genannten Bedrohungen, hat mein Vorgänger 2010 einen Prozess zur Weiterentwicklung der Armee, abgekürzt WEA, in die Wege geleitet. Leitlinien sind die Ausbildung der Angehörigen der Armee, die Qualität der Ausrüstung, die hohe Einsatzbereitschaft und schliesslich die regionale Verankerung.

Die parlamentarische Phase des Projekts ist seit kurzem abgeschlossen, wir rechnen damit - unter Vorbehalt des Ablaufs der Referendumsfrist -, dass ein Grossteil der WEA in rund fünf Jahren umgesetzt werden kann.

Les tâches de l'armée demeureront celles qu'elles sont aujourd'hui déjà, réparties entre défense, appui aux autorités civiles et promotion de la paix, mais leur planification sera affinée de façon à ce que la disponibilité de la troupe soit nettement améliorée. Cela passera par un nouveau système de mobilisation qui nous permettra, en cas de besoin, d'engager très rapidement des effectifs de l'ordre de 35'000 personnes dans le cas d'appui requis au profit des autorités civiles. Bien évidemment, la mise en application de DEVA aura des incidences importantes sur le modèle général d'instruction, sur les effectifs, que l'on devra réduire à 100'000 hommes pour améliorer l'instruction et l'engagement de la troupe et, enfin, sur un plafond des dépenses fixé à terme à 5 milliards de francs par an. Là encore, la réduction des coûts imposera la mise hors service de matériel et d'infrastructures obsolètes et superflus au profit d'un équipement plus moderne et mieux adapté.

Les contours de ce développement de l'armée, appelé à marquer notre stratégie de défense pour plusieurs années, détonnent bien entendu avec les modèles que nous avions connus jusqu'ici, des modèles centrés pour l'essentiel sur un conflit majeur, quand ces conflits sont aujourd'hui multiples et éclatés, et des modèles que nous avions conçus pour cette raison sur des effectifs naguère élevés, quand nous les voulons désormais simplement plus réactifs, plus polyvalents et toujours mieux formés.

« Dans la guerre, aurait dit le légendaire stratège chinois Sun Tzu, le nombre seul ne procure aucun avantage. » Plusieurs exemples tirés de l'histoire, contemporaine notamment, nous l'ont démontré, du Vietnam à l'Afghanistan. C'est donc sur un autre modèle que nous entendons nous appuyer, un modèle où la formation, l'équipement et, partant, la motivation suppléeraient les vertus jusqu'ici prêtées à la seule dimension des ressources humaines. Croyez-moi, Mesdames et Messieurs, nous y gagnerons au change.

Die Antike - einige von Ihnen haben sich bestimmt den spannenden historischen Lektüren gewidmet - ist voller Konflikte. Der Krieg ist in den griechischen Städten allgegenwärtig, wie die Mythen in der Gesellschaft und den Städten allgegenwärtig sind. Der Krieg wird mythologisch von zwei Gestalten geteilt: Von Ares, durch seine gewalttätige und offensive Art, und von Athene, welche vor der Gefahr schützte und die Kämpfe voraussah. Für Athene ist der Krieg sowohl Sache der Kraft als auch des Geistes.

Das schweizerische Verteidigungssystem kennt dieses Gleichgewicht auch. Unsere Sicherheit hängt sowohl von der Fähigkeit ab, Waffen einzusetzen, als auch von der Kapazität, deren Verwendung vorzusehen. Zu diesem Zweck dient unser Nachrichtendienst, ein entscheidendes Instrument für die Wahrung unserer Sicherheit. Er hilft uns, Informationen einzuholen, zu bearbeiten und die richtigen Entscheidungen zu treffen.

Vous l'aurez constaté avec moi : les événements survenus récemment à Bruxelles ont souligné une nouvelle fois l'importance capitale du renseignement. Aujourd'hui, tous les éditorialistes enjoignent même le personnel politique à ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure, sur ses cruelles dérives, et à conduire des politiques publiques appropriées. Tous les éditorialistes pointent du doigt l'angélisme de certains responsables, qu'ils soient à la tête de mairies ou de ministères, dont une ouverture d'esprit un peu trop large a pu favoriser la formation d'un terreau sociétal vicié. Nos sociétés contemporaines terrorisées paient certainement le prix d'une conduite par trop bienveillante ou confiante de la part de personnes qui avaient pourtant la charge d'en assurer la sécurité en tout temps et de prévenir les errements inquiétants que nous constatons malheureusement aujourd'hui.

Grâce à notre service de renseignement, nous savons ainsi qu'une septantaine de Suisses se sont rendus depuis 2001 dans des zones de djihad, en Somalie, en Syrie, en Irak, en Afghanistan ou encore au Pakistan. Une dizaine d'entre eux seraient de retour au pays. Ne pas s'en préoccuper, ne pas être attentifs au comportement de ces individus serait irresponsable au regard de nos obligations en matière de sécurité publique. Nous avons maintenant déjà le recul nécessaire pour apprécier la faculté de telles personnes à s'insérer dans des réseaux, à venir y prendre des instructions, à planifier des opérations terroristes, à les mettre en œuvre - le plus souvent en martyrs d'ailleurs - pour, en fin de compte, semer la mort et étouffer la liberté.

Die Atomisierung der Bedrohung, die tiefste Verachtung des menschlichen Lebens, der fehlende Einsatz, ausser für die Gewalt an sich und hegemoniale religiöse Vorstellungen sowie das regelmässige Zurückgreifen auf Selbstmordattentate deuten auf eine bisher nie dagewesene Zuspitzung der Bedrohung hin und sind ein Aufruf zur Verstärkung unserer Analysemethoden und des Kampfes gegen den Terrorismus.
Es ist unerlässlich, dass die Schweiz zumindest über die gleichen Untersuchungsinstrumente verfügt wie die ausländischen Nachrichtendienste.
Dazu ist eine Anpassung der bestehenden gesetzlichen Grundlagen nötig, im Sinne des neuen Nachrichtendienstgesetzes, das im September 2015 von beiden Räten verabschiedet wurde. Es wurde jedoch ein Referendum ergriffen, dass das Inkrafttreten des Gesetzes auf frühestens Mitte 2017 verschiebt.

Cette nouvelle loi est censée offrir au Service de renseignement de la Confédération, sous le strict contrôle de ses activités par mon département, par le Conseil fédéral et par les délégués des Commissions de gestion du Parlement, de chercher du renseignement dans des endroits qui ne sont pas publiquement accessibles: le courrier postal, le courrier électronique, les conversations téléphoniques, parmi d'autres, à l'abri desquels les terroristes échafaudent leurs coupables activités.

Evoquant ce dossier, il est normal que la citation de Benjamin Franklin nous revienne à l'esprit, mais je suis convaincu que si les processus d'acquisition du renseignement sont clairs, que s'ils obéissent à des règles d'application strictes, en particulier s'agissant du respect de la sphère privée et de proportionnalité des moyens engagés, la population suisse la fera sienne, l'enjeu sécuritaire étant tout à fait primordial en la circonstance, ce que nos voisins français ont d'ailleurs bien compris à la lumière des mesures d'urgence prises dans le prolongement des attentats du 13 novembre 2015.

Der Preis, den wir für unsere Freiheit zahlen müssen ist hoch. Die Mittel, die der Verteidigung für nachrichtendienstliche Tätigkeiten gewährt werden, sind bedeutend. Wir dürfen jedoch heute nicht an diesen Mitteln Einsparungen vornehmen, wenn wir nicht zulassen wollen, dass sich solche feige Taten, die wir zu bekämpfen versuchen, wiederholen und wir unsere Souveränität beibehalten und nicht zusehen wollen, wie andere Mächte in unserem Land überhandnehmen.

Die Bevölkerung würde einen weitaus höheren Preis bezahlen und den politischen Akteuren zu Recht Verantwortungslosigkeit vorwerfen.
Ich teile diese Auffassung der Nachgiebigkeit nicht und ich werde diese Nachlässigkeit nicht unterstützen. Gerade deswegen, weil mir die Freiheit am Herzen liegt.

Meine Damen und Herren

Die Herausforderungen sind klar. Nous avons la chance de vivre dans un pays largement épargné par les actes terroristes. Encore largement épargné, oserais-je dire. Nous avons la chance de pouvoir réfléchir à ces politiques publiques appropriées dans le calme et sans la fureur des événements, ce que nous faisons d'ailleurs dans le département qui est le mien. Mais nous devons aussi garder à l'esprit que le monde a bien changé depuis Benjamin Franklin. Ce n'est pas la valeur de la liberté qui a changé - elle est inestimable aujourd'hui comme hier - mais c'est le prix de notre engagement, celui dont nous devons faire preuve pour qu'elle reste à jamais l'un des piliers de notre démocratie.

Je vous remercie de votre attention.


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