Un cadeau qui oblige

Berne, 10.09.2015 - Discours de Monsieur le conseiller fédéral Johann N. Schneider-Ammann, chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche Inauguration de l’usine Nespresso, à Romont

Mesdames et Messieurs,

Avouons-le franchement - et mes collègues fribourgeois ne me contrediront pas -, lorsqu'on est membre d'un collège gouvernemental, en particulier ministre de l'Economie, on n'est pas tous les jours à la fête.

Car nous le savons, lorsque tout va bien, lorsque l'économie ronronne, on oublie facilement notre existence. Mais on se souvient de nous quand le moteur économique commence à tousser et que les usines doivent licencier plutôt qu'embaucher.

Tout cela pour dire à quel point j'ai du plaisir à être aujourd'hui parmi vous, ici à Romont. Car c'est un véritable jour de fête pour la commune de Romont et la Glâne, pour le canton Fribourg et pour toute la Suisse. Pour nous tous. Merci donc de m'avoir invité à partager avec vous ce moment privilégié.

Moment privilégié, parce que Nestlé a choisi la Suisse pour investir 300 millions de francs et construire une usine flambant neuve. Moment privilégié, parce que nous assistons à la création de plus de 125 emplois, sans compter ceux qui seront générés indirectement. Moment privilégié, parce qu'il s'agit d'emplois industriels au moment où notre pays subit une érosion rampante dans ce domaine.

Vous le savez, le choix de la Suisse pour développer ce nouveau site n'est pas allé de soi. D'autres pays européens ont été pendant longtemps des concurrents très sérieux. Vos autorités cantonales et communales ont dû travailler d'arrache-pied pour que Romont l'emporte, et ce jour est arrivé.

Elles sont parvenues à convaincre des décideurs exigeants, solidement enracinés à Vevey bien sûr, pour lesquels l'horizon ne se limite toutefois pas à l'Arc lémanique, mais embrasse notre planète toute entière. Convaincre Nestlé, c'est passer un examen exigeant. Vous l'avez réussi. Je vous en félicite.

L'inauguration de cette nouvelle usine est donc une belle récompense. Mais ce cadeau oblige aussi. Il nous oblige, en tant que responsables politiques, à veiller à ce que les conditions-cadre qui ont conduit au choix de la Suisse pour la création de ces emplois ne se détériorent pas. Et qu'au contraire, elles s'améliorent encore.

Quelles sont ces conditions ? Depuis toujours, je soutiens que notre succès économique est fondé sur trois piliers :

  • un marché du travail libéral qui permet à l'économie de respirer et aux entreprises de s'adapter aux exigences d'un environnement en constante évolution ;
  • un partenariat social vivant reposant sur le respect mutuel et le dialogue qui garantit que personne ne reste sur le bord de la route ;
  • une formation professionnelle et académique de tout premier plan et une recherche de pointe qui nourrissent notre capacité d'innovation, le principal carburant de notre compétitivité.

Ce sont des atouts que nous devons cultiver. Constamment. Avec attention, soin et patience.

Il y a aussi des dérives que nous devons combattre sans relâche :

  • une fiscalité trop gourmande, tout en veillant évidemment à ce que les infrastructures, la formation et les services publics soient correctement financés, car ils conditionnent aussi notre attrait économique ;
  • une bureaucratie trop envahissante, car nous devons bannir les réglementations dont la mise en œuvre génère des efforts disproportionnés par rapport à l'effet produit. Elles plombent nos entreprises, paralysent notre Etat et compromettent notre capacité concurrentielle.

C'est ainsi que nous maintenons et développons l'emploi. Et c'est ce qui compte pour moi, en tant que ministre de l'Economie et du Travail.

Vous me direz : et le franc fort dans tout cela ? Et nos relations avec l'Union européenne ?

Ce sont bien sûr nos deux grands sujets de préoccupation actuellement. Mais pour le premier, il n'est que partiellement entre nos mains : il s'agit en fait plutôt d'un problème d'euro faible que de franc fort. Nous n'avons pas le choix, nous devons cultiver nos atouts et devenir encore plus compétitifs. Je suis persuadé que nous y parviendrons.

En ce qui concerne l'Europe, c'est clair : le peuple veut des contingents pour réguler l'immigration, et nous devons préserver nos accords bilatéraux. La quadrature du cercle ? Certes. Mais, somme toute, l'Union européenne a aussi besoin d'une solution. Je crois toujours nos négociateurs capables de saisir la balle au bond.

Voici donc tous les efforts qui se cachent derrière une inauguration comme celle que nous avons le plaisir de vivre aujourd’hui. Prenons donc cette journée comme une récompense des efforts de tout un pays. Mais aussi comme un encouragement à poursuivre sur cette voie pour qu’en fin de compte, dans toutes les directions d’entreprise du monde, on dise, comme Nestlé aujourd’hui :

Switzerland - What else ?

Seule la version orale fait foi !


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