Sécurité et économie : Qui renforce l’une garantit l’autre

Berne, 23.03.2016 - Discours du conseiller fédéral Guy Parmelin Chef du DDPS à l’occasion de l'Assemblée des délégués 2016 du Fédération Patronale Vaudoise

Le parole font foi!

Madame la Présidente du Grand Conseil

Monsieur le Conseiller d’Etat en charge du département de l’Economie et du Sport

Monsieur le Président du Tribunal Cantonal

Monsieur le Président de la Fédération Patronale Vaudoise

Mesdames et Messieurs les Délégués
Mesdames et Messieurs,

Ce qui est bon pour notre sécurité est bon pour notre économie : Qui renforce l’une, garantit l’autre.

C’est pourquoi je me représente volontiers un environnement stable et sûr comme le pilier d’une économie saine et prospère.

Mesdames et Messieurs,

Cet environnement a changé.
Hier Bruxelles a été la cible d’attaques odieuses. Avant elle, il y a eu Paris, mais aussi Ankara, Istanbul, Abidjan, Ouagadougou et tant d’autres.

En Suisse, le niveau de la menace reste élevé, même si notre pays ne fait pas partie des cibles primaires des terroristes.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus de gérer la menace, mais bien de prévoir quand et où le prochain attentat aura lieu.

A côté du terrorisme, il y a aussi les guerres et les tensions régionales.
Avec comme conséquence « visible » pour nous - si j’ose dire - la crise actuelle des migrants qui arrivent par vagues croissantes en Europe.
A cela s’ajoute encore les risques de cyber-attaques et d’espionnage industriel qui visent aussi bien des Etats que des entreprises privées.

S’il ne faut pas peindre le diable sur la muraille, il ne faudrait pas non plus être naïfs : L’environnement international est bel et bien devenu moins sûr.

Les récents développements mettent en évidence l’importance que nous donnons à la notion de sécurité :
Sans elle, tout progrès est difficile, voire impossible.
La sécurité constitue le fondement de toute société, la base de son bien-être, de sa prospérité et logiquement de son économie, comme je viens de l’évoquer.


Chers Délégués

L’armée est un des éléments central de notre sécurité. On peut même dire qu’elle est l’instrument de sécurité le plus important de la Confédération !

Dans cet environnement changeant – et disons-le clairement : préoccupant – il est primordial que notre armée soit capable de défendre et de protéger efficacement notre pays et sa population. Notamment  lorsque les forces de police ou de secours ont besoin de moyens supplémentaires.

Pour cela, notre armée doit être :
- rapidement disponible
- mieux équipée
- mieux formée
- et davantage ancrée au niveau régional.
Et ceci, tout en disposant d’un effectif de 100'000 militaires et, à terme, d’un budget annuel de 5 milliards de francs.

Voilà l’idée de base du DEVA - le développement de l’armée que conduit actuellement mon département.

Ce qui ne change pas, en revanche, c’est que notre armée reste une armée de milice.

Mesdames et Messieurs,

J’en viens ici à un point qui vous concerne tout particulièrement.

Notre armée est taillée sur mesure pour notre pays : Elle est constituée de citoyens-soldats qui ont leur place dans la troupe, tout comme dans l’économie.

Il s’agit d’une sorte de « pot commun » de capacités et de compétences :
Vos collaborateurs forment nos troupes et les cadres de vos entreprises sont les cadres de « notre » armée.

C’est d’ailleurs au sein de la Formation supérieure des cadres de l'armée (FSCA) que certains de vos collaborateurs gagnent leurs galons et développent leurs compétences de direction.

Le développement de l’armée concerne aussi la formation des cadres. Le modèle d’instruction va évoluer avec le DEVA.

Et cette évolution va dans votre direction : celle d’un modèle de service militaire compatible avec le monde économique et académique.

Notre intérêt à collaborer est manifeste ! En bon « vaudois » il s’agit d’une situation win/win !

Mais comme dans tout bon marché, il y a une contrepartie :

On attend de notre armée qu’elle fournisse des prestations. Ces prestations nécessitent la mise sur pieds de la troupe avec « vos » collaborateurs.

Et il se trouve que nous pourrions bientôt nous retrouver confrontés à un besoin d’engager l’armée.

Il ne s’agira pas, cette fois, d’un engagement planifié tel que le soutien de l’armée au Forum économique de Davos ou encore à la Coupe du monde de ski au Lauberhorn.

Avec la crise migratoire actuelle en Europe, l’armée pourrait retrouver sa mission originelle : celle d’un engagement non-planifié et de durée indéterminée.

Dans la perspective d’un afflux de migrants en direction de la Suisse cet été, l’armée pourrait être amenée à appuyer, avec des moyens militaires, le Corps des gardes-frontières pour assurer le contrôle de la frontière sud du pays.

Attention : il ne s’agira pas pour nos troupes de fermer la frontière ! Il s’agira de gérer le flux potentiel de migrants afin de traiter correctement ces personnes et les diriger en fonction de leurs besoins et de nos possibilités d’accueil.

Là aussi permettez-moi une précision importante : Il n’est pas encore question de « mobiliser » l’armée.
Il s’agira d’utiliser les troupes en service et d’organiser les cours de répétition en fonction des besoins des forces engagées.

Mais les chefs d’entreprise doivent en être conscients :
Une telle situation pourrait signifier des restrictions dans les congés personnels.

Tout comme cela pourrait rallonger la durée des cours de répétition de certains de leurs collaborateurs, voire des patrons eux-mêmes.

Il s’agit précisément, ici, du prix du modèle de milice.

Mais notre armée correspond, sous cette forme, à notre tradition et à nos besoins.

J’en suis convaincu !

Chers Délégués

Permettez-moi de relever un dernier point important pour notre – et pour votre – sécurité.

Mon département ne se résume pas qu’à l’armée : il abrite également un autre instrument fondamental en matière de sécurité, le service de renseignement de la Confédération – le SRC.

Ce service, c’est un peu les yeux et les oreilles de la Suisse.

Je l’ai déjà mentionné : les menaces terroristes, les risques de cyber-attaques ou encore l’espionnage industriel – qui vous concerne tout particulièrement - sont plus réels que jamais.

La tâche principale du service de renseignement est de récolter des informations qui serviront de bases à nos actions contre ces dangers.

Et c’est justement à cause du développement de ces menaces que le Parlement a décidé – sous l’impulsion de mon département – d’accorder des compétences élargies à ce service.
C’est là l’objectif de la nouvelle loi sur le renseignement, sur laquelle vous allez être appelé à voter l’automne prochain.

A l’heure actuelle, notre service de renseignement est uniquement autorisé à collecter des informations dans des endroits publics.


Avec la nouvelle loi, le SRC pourra désormais :
- surveiller des conversations téléphoniques et le courrier postal,
- utiliser des appareils de surveillance
- et s’introduire dans des ordinateurs.

Ceci, tout en respectant un stricte équilibre entre les libertés individuelles et la sécurité collective.
Soyons clair : il ne s’agit en aucun cas de mettre en place un Etat-voyeurs. Ou un « Big Brother »…
Nous avons placé dans cette loi les garde-fous nécessaires à la garantie de la sphère privée des personnes qui n’ont rien à se reprocher.


Mesdames et Messieurs,
Si nous le pouvions, nous voterions tous pour une Suisse prospère et sûre.
Mais cette sécurité ne coule plus de source. Et cela vaut malheureusement aussi pour notre pays.

Donnons-nous la possibilité de nous protéger au mieux contre les risques actuels. Garantissons autant que possible la sécurité de notre pays, et avec elle, la stabilité de notre politique et la prospérité de notre économie.
Pour aujourd’hui et pour le futur.
Nous en avons les moyens ! 

Je vous remercie.


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