Cinq ans de détresse humaine – La Syrie au centre de la Journée annuelle de l’Aide humanitaire

Berne, 18.03.2016 - L’instauration d’une trêve, même fragile, et les pourparlers de Genève constituent des signes d’espoir. Mais la détresse qui règne en Syrie est encore loin d’être surmontée. La guerre y fait rage depuis exactement cinq ans, livrant à la misère d’innombrables personnes. Leur destin et la réponse humanitaire de la Suisse à ce conflit ont été thématisés lors de la Journée annuelle de l’Aide humanitaire et du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA). En présence du conseiller fédéral Didier Burkhalter, les experts ont examiné divers aspects de la crise et fait part de leurs expériences concernant la zone de conflit.

Où en sommes-nous cinq ans après le déclenchement du conflit? Comment la Suisse peut-elle aider les populations en détresse? Y a-t-il un espoir de règlement politique? Et qu’en est-il des crises humanitaires dans d’autres régions du globe? Ces questions étaient au cœur de la Journée annuelle de l’Aide humanitaire et du CSA, qui s’est tenue au Centre des congrès Parkarena, à Oberwinterthur.

Le conseiller fédéral Didier Burkhalter s’est lui-même déjà rendu dans la zone de conflit. Dans son allocution, il a parlé de l’ampleur de la tragédie syrienne et évoqué le destin brisé de personnes qu’il a rencontrées. Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a souligné que la sécurité de l’Europe et de la Suisse est étroitement liée à la situation au Proche-Orient et dans le bassin méditerranéen. Selon lui, la participation de la Suisse aux efforts déployés par la communauté internationale pour résoudre la crise syrienne et stabiliser la région est un impératif humanitaire et politique. L’instabilité, la crise des réfugiés et la lutte contre le terrorisme requièrent une action commune, a-t-il indiqué. Il a rappelé l’engagement humanitaire de la Suisse. Depuis le déclenchement de la crise, la Suisse a consacré 250 millions de francs à l’aide humanitaire en Syrie et dans les pays voisins. En 2016, au moins 50 millions de francs sont affectés à la région en crise. La Suisse soutient en particulier le CICR, les organismes de l’ONU et les organisations non gouvernementales qui réalisent des projets humanitaires en Syrie et dans les pays voisins.

L’aide d’urgence suisse est importante et source d’espoir, a ajouté le chef du DFAE. Mais après cinq ans de guerre, la Suisse doit mobiliser les instruments dont elle dispose pour investir également dans des mesures à plus long terme, afin d’offrir de meilleures perspectives aux habitants de la région. D’après M. Burkhalter, la Suisse peut optimiser l’efficacité de son action, si elle veille à la coordination et à la complémentarité de son aide humanitaire, de sa coopération au développement et de son engagement en faveur de la paix et de la sécurité. Un engagement global et coordonné, telle est l’approche qui sous-tend également le Message sur la coopération internationale 2017-2020. En mettant l’accent sur l’efficacité, la cohérence et l’impact durable des interventions, le nouveau message constitue une chance pour la Suisse.

C’est ce qu’a expliqué M. Burkhalter lorsqu’il a présenté les contributions fournies en Syrie et dans les pays voisins grâce aux différents instruments de la coopération internationale. Dans ce contexte, il a souligné l’importance d’un règlement politique de la crise syrienne. Selon lui, seuls de véritables pourparlers de paix permettront in fine de soulager les populations dans le besoin et d’assurer la stabilité politique du pays. A cet égard, le chef du DFAE a indiqué que la Suisse continuerait de soutenir les efforts de paix de l’ONU à Genève.

Dans son allocution d’ouverture, Manuel Bessler, le délégué du Conseil fédéral à l’aide humanitaire, a quant à lui exposé les défis auxquels est confronté le personnel humanitaire en Syrie et dans d’autres zones de crise, tels que les difficultés d’accès aux populations dans le besoin. Il a en outre rappelé l’écart béant entre les besoins de la communauté internationale pour pouvoir remédier à cette détresse et les contributions effectives des pays donateurs. En Syrie, par exemple, les fonds versés ne couvrent que 40 pour cent des besoins financiers.

Un membre du CSA en mission en Grèce et Annemarie Huber-Hotz, présidente de la Croix-Rouge suisse (CRS), ont pour leur part parlé des populations en fuite, du soutien qui leur est apporté et de la défense de leurs droits et de leurs besoins. La présidente de la CRS a également appelé à la solidarité avec les personnes en détresse. «Tutti fratelli» – cette devise de Henri Dunant est pour nous, aujourd’hui encore, un impératif humanitaire, a-t-elle déclaré.

Enfin, Manuel Sager, directeur de la Direction du développement et de la coopération (DDC), a rappelé dans son allocution les conflits oubliés et la nécessité de mettre en œuvre des mesures de protection, par exemple au Congo, en Colombie et en Afghanistan. Il a réaffirmé que l’engagement de la Suisse a pour seule priorité de répondre aux besoins des populations en détresse, même lorsque les caméras ne sont plus là. Il a remercié les personnes présentes, les invités et les membres du personnel humanitaire de ne pas avoir cédé à la résignation ni détourné le regard, mais d’avoir contribué à soulager les populations dans le besoin. Pour conclure, il a ajouté: «Et je vous remercie de nous encourager par votre présence à poursuivre sur cette voie».

Un programme-cadre a complété cette journée. Dans le cadre d’une table ronde, Carla Del Ponte, membre de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, le professeur Reinhard Schulze, directeur de l’Institut des sciences islamiques de l’Université de Berne, et Manuel Bessler ont ainsi discuté des piliers de l'engagement suisse dans la région en crise. Et des experts ont évoqué les conditions de survie en Syrie et le quotidien du personnel humanitaire à Damas.

Plus de 900 invités ont participé à cette journée à Oberwinterthur. Parmi eux se trouvaient plusieurs conseillers nationaux, le secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Elhadj As Sy, 35 représentants d’ambassades étrangères, Felix Gutzwiller, président de la Commission consultative de la coopération internationale, ainsi que 14 représentants de la ville hôte et du canton hôte.


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