Liberté et Patrie – une devise pour toute la Suisse

Berne, 23.01.2015 - Discours du conseiller fédéral Ueli Maurer

Le parole font foi!






Vous fêtez aujourd'hui votre indépendance et votre liberté. En 1798, le Pays de Vaud a été libéré des Bernois qui l'occupaient depuis 1536. Pendant toute cette période d'occupation, le désir de liberté ne s'est jamais éteint. Au 16 siècle déjà, des patriotes se réunissaient en secret pour préparer la libération du Pays vaudois.

En 1723, le Major Davel mobilisait 600 soldats et marchait sur Lausanne pour obtenir l'autonomie de sa patrie.

Il a malheureusement été arrêté par Leurs Excellences de Berne. Son action a été considérée comme un acte de rébellion. Il a été condamné à mort et décapité.

Les chances de libération se sont concrétisées en 1798 lorsque l'Ancien régime est tombé suite à l'invasion française. Au mois de janvier 1798, la Révolution vaudoise que nous célébrons aujourd'hui a éclaté. Les autorités de Berne ont été renvoyés chez eux. L'indépendance du canton de Vaud a été proclamée en 1803.

Alors que nous fêtons aujourd'hui votre indépendance, nous devons garder à l'esprit que la liberté n'est pas une évidence. Avec le confort qui est le nôtre, nous avons tendance à l'oublier.

Nous devons savoir que tous les pays n'ont pas cette chance. De nombreux peuples ne connaissent ni la liberté ni l'indépendance. Ils ne décident pas eux-mêmes de leur avenir.

Notre liberté n'est pas garantie à tout jamais. Ne l'oublions pas. Elle est sans cesse remise en question. Certains milieux trouvent démodée l'idée d'une Suisse libre et indépendante.

Les peuples aspirent à la liberté

Pour certains, l'indépendance est une idée dépassée. Il s'agirait d'un concept qui n'a plus sa place dans le monde actuel. Tout se passerait au niveau international et global. Le temps des nations souveraines serait passé. On parle beaucoup d'internationalisme. Les Etats seraient remplacés par des organisations supranationales.

Je ne partage pas cette opinion. La tendance actuelle va dans l'autre sens. Il y a en Europe de nombreux peuples qui cherchent la liberté. Et ce désir est parfois si fort qu'il donne lieu à des guerres. L'Ukraine, par exemple, aimerait se libérer de l'influence russe. Et la partie Est de l'Ukraine s'est séparée du reste du pays.

Nous suivons avec tristesse l'évolution de la guerre en Ukraine. Ce conflit nous montre toutefois comme la population tient à son pays. Ses habitants sont prêts à mourir pour leur patrie. Qui risquerait sa vie pour l'Union européenne, l'ONU, le FMI ou l'OCDE ?

Regardons ensemble le dernier quart de siècle en Europe :

A chaque occasion, les pays d'Europe centrale et orientale ont réclamé leur indépendance : le Pacte de Varsovie et le Comecon ont tous les deux été dissous en 1991. L'Union soviétique, un état pluriethnique, s'est écroulée. La Tchécoslovaquie a éclaté. L'histoire de la Yougoslavie s'est terminée dans une guerre. Et lorsqu'une partie de la Moldavie s'est séparée du reste du pays, il y a eu aussi une guerre.

En Europe occidentale, des minorités historiques aspirent à plus d'autonomie. C'est le cas du Pays basque, de la Corse ou du Tyrol du Sud. Et n'oublions pas le Jura qui est devenu un canton en 1978 suite à une votation populaire.

Certaines régions qui se portent très bien économiquement souhaitent aussi une plus grande autonomie. Il y a par exemple la Catalogne ou l'Italie du Nord. Ces régions veulent jouir de la prospérité qu'elles ont acquise par le travail.

Dans le cadre d'un référendum, les Ecossais ont dit non à leur indépendance, car on leur avait accordé des droits d'autonomie. La Grande-Bretagne exige plus d'autonomie au sein de l'Union européenne. Le Premier ministre Cameron a même dû promettre à ses citoyens un référendum en 2017 sur la sortie de l'Union.

Les peuples souhaitent être libres. Ils veulent suivre leur propre voie.

L'Union européenne, un mariage forcé

L'Union européenne n'est pas le résultat d'une évolution naturelle. Elle n'a pas été souhaitée par les peuples. L'Union européenne se développe dans un cadre contraignant.

Lorsque la Constitution de l'Union européenne a été refusée par la France et les Pays-Bas, on lui a simplement donné un autre nom : le Traité de Lisbonne. Un traité sur lequel les Français et les Hollandais contestataires n'ont pas eu le droit de se prononcer.

Les Irlandais ont été les seuls à pouvoir encore voter sur le traité. Ils l'ont refusé. Ils ont alors dû voter une nouvelle fois. Voter jusqu'à ce que le résultat convienne au gouvernement. Cela n'a plus grand-chose à voir avec la démocratie.

Que se passe-t-il lorsque les peuples perdent leur liberté ? Ils ne peuvent plus vivre comme ils le veulent. Ils ne peuvent plus organiser leur économie et leur société comme ils le souhaitent.

Ils ne peuvent plus, par exemple, avoir leurs propres politiques monétaires et économiques. Il en résulte des millions de chômeurs. Dans les pays du sud de l'Union, le taux de chômage chez les jeunes est de 50 % au minimum. Si le problème persiste, ces jeunes risquent de devenir une génération perdue.

L'Union européenne n'a pas de solution pour faire face à cette situation. Ni la crise de l'Euro ni la crise de la dette n'ont été surmontées. Actuellement, l'Union européenne tente de résoudre le problème de la dette en faisant encore plus de dettes. Cela ne peut pas marcher !

La Suisse face à une décision de principe

Les problèmes de l'Union européenne nous concernent également. La Suisse doit en effet se poser la question de savoir quel genre de relations elle souhaite entretenir avec l'Union. L'Union européenne exige que la Suisse reprenne la législation européenne et qu'elle se soumette aussi à sa juridiction. Ce serait la fin de notre indépendance, la fin de notre liberté. Nous ferions de facto partie de l'Union européenne.

Bien sûr, personne ne le dit ouvertement. Personne ne parle d'adhésion à l'Union européenne. On parle de solution institutionnelle. Des négociations ont actuellement lieu avec l'Union européenne à ce sujet. Une solution institutionnelle : il est plus élégant de parler de solution que d'adhésion. Mais cette solution n'en est pas moins dangereuse.

La Suisse se retrouve donc face à une décision de principe : voulons-nous amarrer notre Suisse florissante à une Union européenne en train de couler ? Autrement dit : qui parmi vous serait d'accord de monter à bord d'un navire en train de couler ?

Je pense que nous devons garder nos distances tout en restant, bien sûr, cordiaux. Nous devons clairement affirmer notre volonté de rester libres. Nous voulons suivre notre propre voie. Cette solution a fait ses preuves. Elle nous a permis de devenir l'un des pays les plus riches du monde. Protégeons notre liberté et, par conséquent, notre prospérité.

« Liberté et Patrie », voilà ce qui est inscrit sur le drapeau du canton de Vaud. Une très belle devise. Elle devrait s'appliquer à toute la Suisse. Œuvrons ensemble pour la liberté et la patrie !


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