Bédémania

Belfaux, 02.11.2012 - Allocution prononcée par le Conseiller fédéral Alain Berset à l’occasion de la journée d’ouverture de Bédémania - Seules les paroles prononcées font foi.

Je tiens à vous dire le plaisir que j'ai d'être ici ce soir. Je viens à Bédémania depuis des années. Mais c'est la première fois que j'ai l'occasion de m'y exprimer en tant que Conseiller fédéral. C'est une des facettes agréables de ma fonction.

En réfléchissant à ce dont je voulais vous parler aujourd'hui, je me suis rendu compte que la bande dessinée réussit le tour de force de dire beaucoup en peu de mots. Un exploit que ne maîtrisent pas beaucoup de politiciens ! Je ne devrais pas le dire bien sûr ! Mais je crois que c'est aussi ça qui me fait aimer la BD. Dans un monde où l'information tous azimuts nous submerge, l'art de la bande dessinée est justement celui de l'ellipse. C'est celui qui nous fait comprendre une histoire en quelques cases, en quelques bulles.

Et pourtant la BD permet de tout dire. Elle peut aussi s'attaquer à des sujets très sérieux. Pensons à Art Spiegelman, et à sa manière d'aborder l'Holocauste dans Maus.

Pensons à Chappatte qui couvre la guerre en Syrie ou le printemps arabe. A mon avis ils apportent une analyse bien plus pertinente des choses que beaucoup de commentateurs politiques.

La BD est directe, facile d'accès et atteint un grand public. De par son langage direct, réduit à l'essentiel, elle tend vers l'universalité. Comme le dit Cosey, « dans la BD il y a une histoire, il n'y a pas besoin de prendre trois cachets d'aspirine pour la comprendre. »

La BD a son langage propre, aussi bien visuel que narratif. Elle invente ses univers, elle invente ses mots. Et elle fait peu de cas des frontières géographiques et linguistiques. Je m'étonne toujours de voir des adolescents lire des mangas en japonais, à l'envers, avec des idéogrammes mystérieux, alors qu'ils démontrent beaucoup moins de bonne volonté pour apprendre leur vocabulaire allemand. Enfin, en même temps cela ne m'étonne pas tant que ça. Pourquoi ?

Parce qu'il y a comme une ouverture intrinsèque dans la BD. Elle s'ouvre naturellement à d'autres cultures, à d'autres expressions. En Suisse, la BD s'oriente vers plusieurs traditions culturelles : en Suisse romande plutôt vers la tradition franco-belge et en Suisse alémanique plutôt vers le monde anglo-saxon, avec des inspirations plus underground.

La BD s'inspire historiquement de tous les arts classiques. De la littérature évidemment. Mais aussi de la peinture - on retrouve beaucoup de peintures de la Renaissance dans les villes futuristes de Schuiten et Peeters. Du cinéma - pensons à tout ce que la BD a pris aux films de science-fiction depuis Metropolis de Fritz Lang. De la littérature enfantine, du personnage de Schellenursli tellement connu dans les Grisons, à Peter Pan, repris par Loisel.

Mais la BD s'ouvre aussi sur des arts connexes tels que le graphisme, l'illustration, le story-telling, le game design ou la création numérique. Ce sont des domaines de création dans lesquels les Suisses excellent, des secteurs que la Confédération soutient activement, notamment par des programmes spécifiques de Pro Helvetia et de l'Office fédéral de la culture.

Ce qui me frappe toujours quand je découvre de nouveaux auteurs, c'est à quel point le 9e art est exigeant. Il ne suffit pas d'être un bon dessinateur ou d'avoir une bonne histoire pour faire un bon album. Il faut avoir une capacité à jouer sur plusieurs tableaux, à combiner plusieurs techniques pour parvenir à une vraie réussite. Nous avons la chance en Suisse d'avoir de nombreux créatrices et créateurs qui concilient ces multiples talents.

Le monde de la BD est très dynamique. Mais de manière générale, les auteurs suisses de BD sont confrontés aux mêmes défis que dans d'autres domaines de la création : ils doivent pouvoir s'exporter pour toucher un plus vaste public.

C'est pourquoi des manifestations comme Bédémania sont vitales. Elles permettent d'offrir une visibilité aux créateurs. Le concours, qui permet aux lauréats d'être publiés dans le Journal Spirou notamment, constitue un formidable levier pour toucher un lectorat international.

De manière générale, c'est un des rôles importants que jouent les pouvoirs publics pour la culture en Suisse : faire connaître nos artistes à l'étranger, créer des ponts et des liens qui leur permettent d'accéder à un public le plus large possible.

Mais coupons court. J'ai déjà rempli trop de bulles ! Je tiens à remercier chaleureusement tous les auteurs et dessinateurs présents ici. Je salue les organisateurs de Bédémania et je vous souhaite, Mesdames et Messieurs, un très bon festival.


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