Festival internazionale del film di Friburgo

Friburgo, 11.03.2016 - Discorso del consigliere federale Alain Berset in occasione dell’apertura della 30ª edizione del Festival internazionale del film di Friburgo – Fa stato la versione orale.

« Vous avez le pouvoir. Le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Alors au nom même de la démocratie, utilisons ce pouvoir : il faut tous nous unir, il faut tous nous battre pour un monde nouveau ! Un monde humain qui donnera à chacun l'occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse, et à la vieillesse la sécurité».

Vous aurez reconnu ces mots de Charlie Chaplin, empruntés au discours final du Dictateur.

Tourné au tout début de la Deuxième Guerre Mondiale, alors que les Etats-Unis n'étaient pas même entrés dans le conflit, ce film peut être qualifié de visionnaire.

Il dénonçait les catastrophes à venir en Europe. Il proposait en outre un vaste mais définitif programme de sécurité sociale fondé sur la solidarité intergénérationnelle: « apporter un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité ».

Si nos assurances sociales avaient été pensées avec tant de grâce et en si peu de mots, j'aurais aujourd'hui bien plus de temps pour aller au cinéma.

Comment en tous les cas ne pas saluer le sens civique remarquable de Charlie Chaplin, lui qui aura tant œuvré pour la promotion de cet inestimable moyen auxiliaire de l'AVS qu'est la canne.

Dernière apparition de Charlot, Le Dictateur tient une place à part dans la carrière de Charlie Chaplin, dont nous allons revoir tout à l'heure le Kid.

Un autre chef-d'œuvre, sorti celui-là en 1921, alors que le monde était en paix et que le Fribourgeois Jean-Marie Musy siégeait au Conseil fédéral. Il y a sûrement quelque part un lien.

Formidable entreprise de démolition de la haine, le Dictateur est d'abord le mariage de l'humour et de l'humanisme.

Il marque aussi le triomphe d'un art qui s'assume comme un acte politique.

S'il a bien récolté les fruits du triomphe, Charlie Chaplin n'en n'a pas moins payé, au prix fort, les conséquences de l'acte politique.

A partir du Dictateur, les Etats-Unis ont commencé à le percevoir, lui qui était citoyen britannique, comme l'un de ces saltimbanques communistes, souvent étrangers, et donc forcément anti-américains, dont il fallait absolument purger les plateaux d'Hollywood.

Après avoir bien tenté de s'expliquer, de requalifier, sur fond de désamour, son « crime » en simple délit de pacifisme, Charlie Chaplin finit par se résigner et quitta sa terre d'accueil artistique en 1952.

Et c'est ainsi que le plus grand comique du XXe siècle a passé les 25 dernières années de sa vie dans la très neutre et réputée austère petite Suisse.

Où il sera suivi et rattrapé par le Burlesque. Ce désormais notoire antimilitariste n'a en effet rien trouvé de mieux que de venir s'installer juste à côté du stand de la société de tir de Corsier-sur-Vevey, ce qui constitue à n'en pas douter un excellent gag.

S'en suivirent quelques querelles de voisinage, à travers lesquelles Charlie Chaplin faillit se mettre à dos la moitié des forces vives de notre armée. A tout le moins son redoutable contingent vaudois.

Ceci ne l'empêchera toutefois pas de toujours porter nos autorités en très haute estime.

Voici ce qu'il écrivait dans une lettre à l'un de ses amis : « Les membres du gouvernement helvétique ont fait preuve d'une grande hospitalité à mon égard. Ce sont des gens formidables, flegmatiques et fiables ».

« Formidables. Flegmatiques. Fiables », il y a là trois « F », comme dans FIFF : la transition est toute trouvée pour évoquer à présent la 30e édition du Festival International de Films de Fribourg qui nous réunit ce soir.

Liebe Filmfreundinnen und -freunde

Das FIFF sich in den letzten 30 Jahren gewandelt.

Zu Beginn wollten die Festival-Gründer Magda Bossy und Yvan Stern hier Filmen aus der so genannten «Dritten Welt» eine Plattform bieten. Doch mit dieser Begrenzung hatten die eingeladenen Filmschaffenden manchmal Mühe.

Dies, weil nicht klar schien, ob ihre Film auch wirklich nur aus künstlerischen Gründen gezeigt werden.

Das Label «Dritte Welt» hatte einen gewichtigen Nachteil: Es setzte geografische Grenzen, die sich rasch als zu eng erwiesen.

Schon bald hoben die Verantwortlichen diese Eingrenzung auf, erarbeiteten ein neues Konzept für das Festival und nannten es um in «Festival de Films de Fribourg».

Damit lösten sie auch das geografische Problem. Und machten unsere Kantonshauptstadt endlich zum Zentrum der Welt. Dies zur grossen Freude der Behörden, die sich eine solche Unbescheidenheit gerne gefallen liessen.

Mit Martial Knaebel wuchs das filmische Angebot weiter. Dank der Initiative des Film-afficionados Edouard Waintrop und dem heutigen
Festivaldirektor, Thierry Jobin, können wir uns nun auch an Genrefilmen erfreuen: Asiatische Blockbuster, afrikanische Western sowie europäische und sogar - welches Sakrileg! - amerikanische Raritäten.

Pour sa 30e édition, le FIFF ose faire du Genre un genre à part entière et se féminise, donnant parole aux femmes. C'est là un geste
artistique et politique fort, dans la lignée du Dictateur. Charlie Chaplin s'étant plu à ne pas faire que des films, mais aussi des enfants, le FIFF a laissé cette année carte blanche à sa fille Géraldine.

C'est elle qui a souhaité que l'on revoie le Kid.

Soyez attentifs : pendant la projection, vous lirez à l'écran cet intertitre, qui pourrait presque valoir manifeste féministe : « la femme - dont le seul pêché est la maternité ».

Voilà certainement de quoi alimenter l'un de ces débats prévus au FIFF, qui chaque année nous rappellent que l'odeur du pop-corn n'empêche pas les neurones de fonctionner.

S'il fallait retenir un film de Géraldine Chaplin en lien avec cette 30e édition, ce serait peut-être l'ode à la liberté féminine que fut le Voyage en douce, de Michel Deville, dans laquelle elle et Dominique Sanda allaient se perdre dans les lumières de la Provence.

Ces beaux moments, ces souvenirs marquants, on les doit bien sûr au Cinéma, art dont il se murmurait d'ailleurs à l'époque qu'il n'était réellement devenu le 7e qu'avec la sortie du Kid.

Merci au FIFF de nous offrir, pour la trentième fois, de nouvelles occasions de rêver et de penser à travers Lui.

Quand je constate le niveau de maturité de ce festival, atteint grâce au formidable travail accompli, dès sa création, par toutes ses équipes - souvent bénévoles -, cela me donne l'envie de continuer à me battre, plus que jamais, pour l'élévation de l'âge de la retraite des festivals de cinéma.


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Nicole Lamon, Responsabile della comunicazione DFI, Tel. 078 756 44 49


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