Le réalisme renforce la Suisse

Sierre, 01.08.2015 - Discorso del consigliere federale Alain Berset in occasione della Festa nazionale - Fa stato la versione orale.

Chers concitoyennes, chers concitoyens,

C'est un plaisir de me trouver ici à Sierre à l'occasion de notre Fête nationale. Quelle que soit la couleur du ciel, le soleil peut toujours sourire ici, comme il figure sur les armoiries de votre ville. Et en tant que ministre de la météorologie, je ne peux que m'en réjouir. Je vous rappelle qu'une des réalisations majeures de la météorologie suisse se trouve juste à la verticale de Sierre. Je veux parler du radar météo de la Plaine Morte. Cette installation unique au cœur des Alpes, dans une architecture futuriste, est une démonstration du savoir-faire suisse. Il assure la surveillance météo de la chaîne alpine vers le Mont-Blanc, le Tessin, mais au-delà aussi vers Milan et la Plaine Lombarde.

A part ces considérations météos, le plaisir de partager aujourd'hui ce moment avec vous est double. Nous célébrons notre pays mais nous fêtons aussi les 200 ans d'appartenance du Valais à la Confédération. L'idéal de solidarité et d'assistance mutuelle à la base de l'acte fondateur a su perdurer.

Et ces valeurs ont convaincu les autorités valaisannes il y a deux siècles. En devenant un canton suisse, le Valais allait participer à un projet porteur. La suite l'a prouvé. Et dans quelques jours les festivités du Bicentenaire auront lieu avec pour devise « 200 ans d'émotions ». Quel bel hommage à l'esprit confédéral !

Mais ne restons pas figés dans notre passé et dans nos mythes.

Mesdames et Messieurs,

Notre pays doit aller de l'avant en se posant les bonnes questions.

  • Comment continuer à faire rimer compétitivité et solidarité ?
  • Comment garantir la cohésion de notre société ?
  • Et ce malgré la diversité croissante qui caractérise notre pays ?
  • Comment préserver la tradition humanitaire helvétique ?
  • A une époque où, pour beaucoup, les réfugiés ne sont plus qu'une menace ?

Mesdames et Messieurs,

S'agissant de l'Europe, il faut aussi se poser les bonnes questions :

  • Comment réussir à préserver notre identité et notre culture politique ?
  • Tout en trouvant avec nos voisins européens une voie qui ne soit pas celle de l'isolement ?

Les défis liés à l'Europe sont considérables - qu'il s'agisse des migrations ou des relations institutionnelles avec nos principaux partenaires commerciaux.

Une simple rétrospective permet de constater que nous n'avons jamais observé avec sérénité les évolutions de nos voisins.

Cela n'a rien d'étonnant :

  • Nous sommes - tant géographiquement que culturellement - au cœur de l'Europe et donc de ses mutations. Or c'est souvent avec ceux qui nous ressemblent le plus que les relations sont les moins évidentes.
  • Nous sommes un pays multiculturel, un pays qui compte trois régions présentant des liens très étroits avec trois des grandes communautés linguistiques d'Europe continentale.
  • Construire son identité, c'est aussi prendre ses distances par rapport à celle des autres, y compris de ses voisins. La Suisse n'échappe pas à la règle.
  • Enfin, pays du fédéralisme et de la démocratie directe, nous avons évidemment du mal avec les approches centralisatrices.

Lorsqu'on se penche sur l'Histoire suisse, on peut se demander si notre relation avec nos voisins a jamais été totalement sereine.

Oui, peut-être, à l'époque stable mais inquiétante de la guerre froide, lorsque notre pays a pu et su occuper une niche géopolitique.

Depuis, le monde est redevenu agité, volatile, imprévisible.

  • L'isolationnisme n'est pas une option pour nous. Il n'y a pas d'alternative raisonnable à la collaboration avec l'Europe. Nous avons toujours été un pays ouvert au monde.
  • Nous ne pourrions que nous appauvrir. Et je ne parle pas que de balance commerciale.

Mesdames et Messieurs,

L'Union européenne se trouve aujourd'hui dans la situation la plus difficile de son histoire. Il faut voir la réalité en face.

Les pays de l'UE doivent mieux nous comprendre et nous devons mieux leur expliquer notre réalité. La pression sur les salaires dans les régions frontalières, les loyers élevés, les infrastructures saturées créent un malaise.

Mais nous devons aussi essayer de mieux comprendre l'Europe.

  • Comprendre l'Union européenne signifie appréhender son contexte historique et ses défis actuels.
  • Mais comprendre ne veut pas dire être d'accord avec tout ce que l'Union européenne dit ou fait.

Il faut bien connaître nos intérêts mais aussi ceux des autres pour trouver une solution viable. Car nous devons et nous allons en trouver une.

Pour y arriver, réalisme et pragmatisme font partie du cahier des charges. Et disons-le clairement, le réalisme n'est pas synonyme de défaitisme. Au contraire, le réalisme nous renforce.

Mesdames et Messieurs,

L'autre enseignement que l'on peut tirer de l'Histoire helvétique, c'est que la Suisse tient à sa cohésion et l'a toujours farouchement préservée.

Aussi et surtout lorsque l'inertie se faisait le plus sentir.

  • Les anciens Confédérés ont su serrer les rangs lorsque les guerres de religion faisaient rage et ont refusé de s'allier avec leurs coreligionnaires d'autres pays.
  • Lors de la Première Guerre mondiale, les Suisses ont aussi su lutter contre l'éclatement malgré leurs liens culturels respectifs avec l'Allemagne et la France.
  • Enfin, dans les années trente et quarante, lorsque le fascisme et le totalitarisme ont déferlé sur l'Europe, notre pays a su résister aux sirènes du nationalisme ethnique qui l'aurait détruit.

Nous avons su rester unis et dépasser nos différences religieuses, politiques, linguistiques ou sociales. Oui, nous sommes différents et nous avons toujours su percevoir cette diversité comme une force.

Mais la cohésion sociale n'est pas un aboutissement en soi. C'est une voie que l'on choisit, une mission permanente. Si la cohésion était un verbe, ce serait un verbe d'action et non un verbe d'état.

Les enjeux sont réels :

  • Le fossé villes-campagne tend à se creuser.
  • Nous devons plus que jamais veiller à notre politique d'intégration. Car nous avons l'un des taux d'étrangers les plus élevés du monde.

Mesdames et Messieurs,

Notre époque est celle de l'incertitude :

  • Crise financière, crise de la dette, crise de l'euro
  • Vieillissement de la population
  • Impact du franc fort sur la compétitivité
  • Révolution numérique
  • Mondialisation, inégalités, nouvel équilibre mondial
  • Sans oublier une crise des réfugiés qui met aussi notre pays à contribution.

Mais une incertitude reste une incertitude. Puisque rien n'est sûr, il peut s'agit d'une menace mais aussi d'une chance, il ne faut pas l'oublier.

Une chance comme celle de mener un débat approfondi sur ce qui est vraiment important pour notre pays.

La réponse de l'histoire est claire : l'une des seules choses vraiment importante, c'est notre cohésion.

C'est le fondement de notre réussite, et ce depuis toujours.

Cela signifie par exemple que nous devons conserver les mesures d'accompagnement, qu'il faut renforcer l'intégration des plus de 50 ans et des femmes sur le marché de l'emploi.

La population doit êtreconvaincue que notre ouverture au monde n'est pas une menace :

  • ni sur le marché du travail, ni sur le marché du logement.
  • que la cohabitation doit toujours l'emporter sur la confrontation

  • Et puisque nous vivons à une époque où nous ne maîtrisons pas tout, il convient plus que jamais de préserver nos fondements.
  • L'égalité sociale et la sécurité sociale des seniors en font clairement partie.
  • Nous ne pouvons pas permettre que l'incertitude vienne de l'intérieur.

Je vous le disais : dans les périodes les plus délicates, nous avons toujours su serrer les rangs.

  • Pour préserver l'intérêt du pays.
  • Car on dit bien « l'intérêt du pays » au singulier. L'intérêt est un et indivisible.

Il faut savoir rester réaliste et serein pour servir au mieux la Suisse.

Cette attitude est-elle moins patriotique? Non, car le réalisme renforce la Suisse.

Avant de terminer, j'aimerais saluer les autorités de la ville qui ont dédié cette journée aux enfants et aux familles. Le ministre des affaires sociales que je suis aussi ne peut qu'applaudir cet art de concilier fête nationale et familles, de mêler les générations en une célébration joyeuse.

Belle fête à toutes et à tous et merci de votre attention !


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Nicole Lamon, capo della comunicazione del DFI,
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