“Une histoire d’enfants heureux, de la meilleure des patries et du soleil de la liberté” (fr)

Bern, 02.12.2015 - Neuchâtel, 02.12.2015 – Address by the Federal Councillor Didier Burkhalter at the reception of the President of the Council of States Mr. Raphaël Comte - Check against delivery

Cher Raphaël,
Mesdames et Messieurs, et chers amis,

Il est un chant qui parle des enfants heureux, de la meilleure des patries et du soleil de la liberté. C’est l’hymne (ou la chanson du cœur, si vous préférez) de ce merveilleux pays de Neuchâtel.

Alors, aujourd’hui, au moment où l’hiver s’annonce par la brume sur le lac, les flocons sur Chaumont et l’odeur des marrons, où le soleil de la liberté aimerait mettre silencieusement le feu au ciel, nous sommes tous ces enfants heureux. D’autant que nous accompagnons et recevons l’enfant du pays, l’enfant de la toujours jeune République, nouvellement élu à la présidence du Conseil des Etats.

Et pour cet autre enfant du pays que je suis aussi, le passé résonne…

Il résonne dans ce Temple du Bas, sous le regard bienveillant - calme et tolérant, presque hors du temps - de la jolie crèche du Conseil fédéral ; une crèche qui – symbole de ce temps ? – a dû migrer pour trouver son abri…

Le passé résonne dans ma tête, alors que je me rappelle une soirée d’il y a plus de vingt ans, dans cette même salle, où l’on recevait un président du Conseil national.

Le passé résonne dans mon cœur, alors que je me rappelle les chants des enfants heureux de la meilleure des patries, il y a deux ans quasiment jour pour jour, ici même, où l’on recevait un président du Conseil fédéral.

Des fêtes pour une nation fondée sur la volonté, des images pour une région au fier courage ; et, avant tout, le secret que l’on peut tous porter : la confiance entre la population et les autorités, entre les citoyens et leurs élus.

Raphaël,

Je suis venu au Conseil des Etats hier pour y parler de politique. J’ai vu ton visage, ton expression: on y lit la jeunesse, bien sûr, mais pas seulement; il y a aussi ce sourire, apparemment léger mais en fait serein, qui semble nous dire sans un mot que tout est relatif, ou plutôt que chacun est responsable. J’ai vu dans ce regard un autre passage de l’hymne neuchâtelois: le rêve d’aurore, les yeux qui cherchent au loin le soleil de la liberté.

Tu feras un bon président ; et plus qu’un bon président, un président juste. Tu t’inscriras dans cette tradition extraordinaire des Neuchâtelois qui servent les institutions en se moquant de l’âge, comme si l’air de notre région était un élixir de jouvence:


- Numa Droz, élu comme toi, encore plus jeune, à la présidence du Conseil des Etats il y a exactement 140 ans; mais seulement pour quelques jours avant d’être propulsé… au Conseil fédéral lors d’une élection mouvementée. Il y en avait déjà à l’époque ! A toi de voir si cela t’inspire…

- Ou encore Aimé Humbert-Droz, qui avait presque ton âge lorsqu’il a revêtu la même fonction de président de la Chambre haute. Ce qui l’amena, par la suite à représenter la Suisse pour aller signer le premier Traité d’amitié et de commerce avec le Japon, il y a plus d’un siècle et demi. Il y alla en bateau et mit cinq mois pour passer du soleil de la liberté à l’empire du soleil levant. Là aussi, à toi de voir si cela t’inspire, d’autant que tu n’aimes pas l’avion!

En tous les cas, cela souligne qu’il y a une vie après le Conseil des Etats. J’en sais d’ailleurs quelque chose et je ne peux que te recommander cette vie trépidante qui peut succéder au rythme des sénateurs…

Mais nous n’en sommes pas encore là!

Pour le moment, mon jeune ami, tu dois apprendre l’ancienneté. Avec ton air de jeune premier, te voilà en effet doyen de la députation libérale-radicale au Conseil des Etats.

Doyen à 36 ans, et au perchoir de la chambre haute où il ne faut pas avoir le vertige : à l’évidence… le Comte est bon!

Raphaël,

Ce que j’aime aussi beaucoup chez toi, c’est ton côté indépendant, tes convictions qui passent sans problème au travers des critiques inutiles, ton côté « connecté à l’essentiel », à la vraie politique, et déconnecté des futilités. C’est peut-être ce que l’hymne neuchâtelois veut dire lorsqu’il évoque le doux lac et la paisible majesté…

J’ai souvent l’impression qu’il y a pour chaque être humain une clé plus ou moins magique qui permet de mieux le comprendre. Ta clé à toi, je pense que c’est ton intérêt profond pour les institutions ; tu t’intéresses aux institutions comme un horloger à une montre  – là encore dans la plus belle tradition neuchâteloise. Pas pour les institutions elles-mêmes, mais parce que si elles fonctionnent bien, elles servent bien les femmes et les hommes de notre pays. Pour toi, l’heure est venue de montrer cet amour des institutions au pays, dans la fonction de gardien sinon du temps, du moins des débats de la chambre des cantons, à l’aurore d’une nouvelle législature.

Et les aiguilles du temps présent ne sont pas aussi sereines et paisibles qu’elles l’ont eu été. Le monde aligne les crises bien plus souvent que les solutions. La paix, la sécurité, le droit n’ont rien d’évident.

Là encore, il faut trouver les bonnes clés. Elles se trouvent aussi dans les valeurs suisses : celles du dialogue et de l’écoute, forgées à la patience de l’horloger ; celles de l’équilibre, du partage et du consensus, bâties par les constructeurs de ponts.

Dans ces moments difficiles, et alors que la jeunesse prend la tête de nos institutions, il est bon de penser aux autres générations. L’hymne neuchâtelois en parle aussi: il parle de ces ancêtres qui ont ensemencé pour les autres, qui nous ont montré comment répandre le grain d’espérance.

Quelqu’un a dit une fois que le temps ne pardonne pas ce qu’on fait sans lui. Raphaël, tu as une année pour faire avec ce temps. Je suis convaincu que tu sauras transformer le temps pour qu’il nous pardonne, transformer le temps en liens:

- D’abord un lien entre les générations, entre celles qui nous ont précédés et celles qui vont venir, pour lesquelles nous devons être de bons travailleurs; entre les enfants heureux d’avant et les enfants d’après qui ont, eux aussi, le droit d’être heureux.

- Tu feras un autre lien entre les différences, afin de puiser dans le temps la force de créer des solutions communes pour le pays plutôt que de le laisser perdre son temps dans les divergences.

- Et enfin, tu feras un lien entre la région et la nation, entre les deux hymnes aussi – ces deux chansons du cœur pour notre patrie. Pour cela, il te suffira de les entonner dans la nature, au gré des saisons. Alors, quelque part, au souffle de l’été, on verra la moisson du peuple grandir, au soleil de la liberté qui, à Neuchâtel comme dans toute la Suisse, annonce toujours un brillant réveil.


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