Renforcer le multilatéralisme, la solidarité et la coopération internationale

Ginevra, 24.05.2021 - Discours du Conseiller fédéral Alain Berset à l’occasion de la 74e Assemblée mondiale de la Santé à Genève. Seules les paroles prononcées font foi (solo in francese).

Les avancées sociales et économiques réalisées au cours des dernières années ne doivent pas être réduites à néant par la crise sanitaire actuelle. Aujourd'hui, malgré les progrès réalisés pour lutter contre la pandémie de COVID-19, nous sommes confrontés à de nouvelles menaces. Elles sont dues à la multiplication des variants du virus et aux conséquences socio-économiques de cette crise.

Les réactions nationales à une crise globale ne suffisent pas et nous démontrent la nécessité, et aussi les difficultés, de la coopération multilatérale. C’est notre responsabilité de protéger la santé de toutes et de tous. Et c’est seulement ensemble, et en suivant une approche collective, que nous pourrons y arriver.

Soyons réalistes : ce moment n’est pas encore venu et nous devons encore progresser. Parce que les défis à relever sont nombreux et ambitieux. Comment voulons-nous, par exemple, renforcer le multilatéralisme au service de la santé? Ou quel rôle voulons-nous accorder à l’Organisation mondiale de la santé pour anticiper et faire face aux crises sanitaires globales ? Je propose trois axes prioritaires pour répondre à ces questions.

Premièrement, nous devons réaffirmer le rôle fondamental du multilatéralisme. Plus d’un an après le début de la pandémie, nous avons une occasion unique de le faire. La Suisse s’est engagée dès le début de la crise sanitaire pour une solution globale et multilatérale. Avec pour objectif de garantir un accès rapide, abordable et équitable aux vaccins, diagnostics et thérapies contre le nouveau coronavirus.

La Suisse a ainsi récemment annoncé une contribution supplémentaire à hauteur de 300 millions de francs suisses, destinée à l'accélérateur ACT. Et plus d'un tiers de ce montant soutiendra le mécanisme Covax AMC. La Suisse soutient par ailleurs l’initiative BioHub de l’OMS, en mettant à disposition un laboratoire de sécurité biologique pour conserver les virus COVID-19 et autres pathogènes.

La crise nous a aussi montré que des collaborations efficaces et innovantes avec le secteur privé sont possibles. Le partage volontaire de licences a ainsi permis l’accès et le développement de produits médicaux tout en respectant les exigences technologiques et de sécurité. C’est l’heure de nous appuyer sur ces expériences et d’étendre ces progrès à plus grande échelle.

Ces collaborations innovantes constituent une occasion à saisir pour bâtir un système de protection sanitaire global avec l’OMS en son centre. Nous devons réinstaurer la confiance dans les solutions multilatérales et faire en sorte que les frontières restent ouvertes pour le commerce. Aucun pays n’est en mesure de gérer cette crise sanitaire seul, et l’importance de la collaboration multilatérale est plus évidente que jamais. Mais pour y parvenir, une structure claire de gouvernance et une architecture universelle de protection de santé sont nécessaires.

Cela m’amène au deuxième axe prioritaire. Il s’agit de renforcer le rôle de l’Organisation mondiale de la santé. La crise sanitaire globale le démontre clairement: le mandat normatif, technique et opérationnel de l’OMS doit être renforcé. Nous avons besoin d’une OMS forte. Et si nous voulons qu’elle se montre efficace lors de crises, nous devons – en tant qu’Etats membres – lui accorder des compétences suffisantes, ainsi qu’un financement prévisible et indépendant – en particulier pour le programme d’urgence sanitaire.

La Suisse soutient ainsi l'idée d'un traité sur les pandémies, avec comme objectif de renforcer le rôle de l'OMS et d'assurer une meilleure mise en œuvre du Règlement sanitaire international. Au cours des dernières années, de nombreux pays, dont la Suisse, se sont attelés à mettre en place les mesures requises par le Règlement sanitaire international. Nous nous sentions préparés à faire face à une épidémie. Mais partout dans le monde, nous avons été dépassés par la réalité. Nous pouvons tous faire mieux: en renforçant nos systèmes de santé, en appliquant pleinement le Règlement sanitaire international et en promouvant l’approche « One Health ».  

J’en viens au troisième axe prioritaire – la protection de la santé des populations. A cet égard, j’aimerais une nouvelle fois saluer le travail indispensable du personnel soignant et le remercier de son engagement exemplaire.

La préparation et la lutte collective contre les pandémies doivent être reconnues – à l’instar de la paix et de la sécurité internationales – comme un investissement dans la protection des populations. La crise sanitaire actuelle touche tout le monde. Mais elle frappe encore plus durement les plus vulnérables. Et elle se décline désormais aussi en une crise humanitaire.

Les conséquences sanitaires et socio-économiques de la pandémie ont creusé les inégalités et attisé les hostilités. Les attaques persistantes contre les services et le personnel de santé restent une menace sérieuse pour la santé dans les zones de conflit. Le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire atteindra un niveau record cette année, principalement à cause de la pandémie. 

Nous sommes persuadés que le dialogue sur la santé est fondamental pour trouver un terrain d’entente pour la paix. Avec les partenaires de l’Initiative mondiale « santé pour la paix », la Suisse s'engage à œuvrer en faveur de solutions durables pour faire face aux urgences sanitaires dans les contextes humanitaires. 

Evaluer la riposte internationale à la pandémie et tirer les leçons de cette crise : ces thèmes dominent actuellement l’agenda des rencontres au plus haut niveau politique, par exemple lors du dernier Global Health Summit du G20. Cet engagement politique est essentiel pour nous prémunir contre de futures crises sanitaires. Car les défis que nous devons relever sont conséquents. Et pour y parvenir, nous sommes plus que jamais appelés à réunir nos forces et à renforcer le multilatéralisme, la solidarité ainsi que la coopération internationale.


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Christian Favre, suppl. responsabile Communicazione DFI, 079 897 61 91.


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