La Suisse, symbiose réussie entre l’Etat et le citoyen

Berna, 31.07.2019 - Allocution de M. le Conseiller fédéral Guy Parmelin, Chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) à l’occasion de la Fête nationale 2019

Seule fait foi la version prononcée fait foi !

Chères Confédérées, chers Confédérés,

Chers habitants et hôtes de passage,

Mesdames et Messieurs,

Un discours du 1er Août constitue un exercice à part, relevant presque du spirituel. En effet, un discours patriotique est en quelque sorte placé hors du temps, de l’actualité politique, hors de toute commémoration ou « couper de ruban ».

Un discours du 1er Août ne s’apparente pas à un discours du Trône à la façon anglaise, et pas davantage à un discours programmatique, à l’américaine, sur l’état de l’Union. Le 1er Août, les élus de nos communes, de nos cantons, les conseillers fédéraux viennent plutôt « prendre le pouls » – c’est dans nos traditions – d’une entité qui, pour être clairement délimitée, n’en constitue pas moins un ensemble impalpable et complexe, le dénominateur commun pourtant de toutes nos différences : notre pays, la Suisse.

Un pays qui nous permet de nous épanouir et que nous épanouissons par notre travail, un pays qui nous ouvre des perspectives et auquel il appartient au citoyen, en retour, d’assurer un avenir. Cet engagement réciproque est d’autant plus fort lorsque ce citoyen a la chance de vivre dans un système tel que le nôtre où la démocratie – directe en l’occurrence – affiche une remarquable vitalité.

Quels que soient en effet les enjeux du moment – sociaux, environnementaux, économiques, éducatifs, fiscaux, diplomatiques –, quel que soit leur degré d’importance ou d’urgence, nous ne devons pas oublier quel pouvoir immense s’exerce entre nos mains : celui de décider, librement, des orientations qui nous paraissent les meilleures pour ce pays, les plus propices à son essor. Ce pouvoir consiste également à élire, avec la même liberté, celles et ceux que l’on estime les mieux à même d’élaborer ces orientations, puis de les concrétiser.

La Suisse, Mesdames et Messieurs, serait l’un des dix pays les plus démocratiques au monde, si l’on en croit le classement annuel établi à cet égard par un célèbre groupe anglais d’analyses spécialisées. Cette position s’explique par le fait que, chez nous, les libertés civiles sont assurées, que la culture politique y est une réalité tangible, le pluralisme garanti, le processus électoral intègre, transparent et sûr, et le gouvernement affranchi des influences extérieures.

Prêtant l’oreille à certains commentaires ou passant la tête par la fenêtre, nous pourrions croire cependant que rien ne va bien ou, plus exactement, que tout pourrait mieux aller. Mais admettons que c’est une tendance propre au bien portant que de s’alarmer au premier rhume venu…

Il est de fait néanmoins que nos sociétés sont impuissantes à atteindre la perfection dès lors que ces sociétés sont avant tout humaines. Ce constat vaut pour la Suisse comme d’ailleurs pour tous les autres pays.

Une lecture plus attentive de notre propre sort, à plus forte raison s’il est mis en regard de celui du monde qui nous entoure, laisse cependant apparaître plus d’une raison d’espérer, plus d’une raison d’être fiers : de la sécurité de nos rues à la fiabilité de nos infrastructures, du niveau de nos savoir-faire à la qualité de notre « faire savoir », de nos contributions à l’innovation à la santé de notre marché de l’emploi, la Suisse est un pays qui a bien davantage de ressort et de potentiel que de réels problèmes.

Une analyse tout aussi approfondie montrera également que le Suisse ne laisse pas ses problèmes en friche. En cette année de renouvellement des autorités fédérales, il faut en effet savoir gré aux institutions politiques de ce pays du travail qu’elles accomplissent, conjointement avec nos administrations publiques, pour que notre Etat de droit évolue au même rythme que la société, cela dans un triple souci de justice, de progrès et de modernité.

Ce travail peut se mesurer de façon tout à fait concrète. En effet, les documents émis par le Parlement, par le Conseil fédéral et par l’administration fédérale totalisent à ce jour plus de 66 kilomètres de rayonnages et près de 21 téraoctets d’archives numériques. Les esprits chagrins y verront sans doute la longueur ou le volume excessifs de la bureaucratie, quand d’autres estimeront qu’ils témoignent bien plutôt de la dynamique d’adaptation de la Suisse et du fait que notre pays n’est un acteur ni statique ni muet de son époque.

A l’heure de célébrer la Fête nationale de notre pays, un pays né de l’expression d’un patriotisme constitutionnel, fondé sur une volonté politique partagée, il est opportun, je crois, de rappeler que les cantons et les communes concourent eux aussi significativement à cette évolution, selon leur génie propre, leur identité ou leur culture. Car c’est à cette seule condition, dans notre cas décentralisée et largement autonomisée, que la Suisse peut librement donner le meilleur d’elle-même.

Il serait ingrat de ma part de passer sous silence les apports de la société civile au bon fonctionnement, et même aux succès de notre pays. Par société civile, il faut comprendre non pas le « monde politique » comme il se démène, mais bien l’économie, la petite et moyenne entreprise, la science, la recherche et le développement, ou encore l’exploitation agricole, pour ne citer que quelques domaines d’activités qui, dans notre environnement libéral, se prennent en main au service de la prospérité et du rayonnement de notre pays.

Cet engagement civique, que je salue, ne date pas d’hier. J’en veux pour preuve ces quelques pages du Dictionnaire amoureux de la Suisse de Metin Arditi dans lesquelles est rappelé l’exceptionnel parcours de vie du Bâlois Leonhard Euler.

Euler fut sans conteste l’un des plus grands mathématiciens, sinon de tous les temps, du moins du sien. Aujourd’hui quelque peu tombé dans l’oubli, il fut popularisé dans les années 80 par le portrait au pastel qu’en fit Jakob Emanuel Handmann, portrait qui ornait alors nos célèbres billets rouges de 10 francs.

Mais au fond, qu’est-ce que Euler était censé symboliser pour avoir le privilège de figurer sur l’un de nos billets de banque modernes ?

Bien plus qu’une caution historique entre un nombre et un montant, il était aussi bien davantage qu’un mathématicien : Euler fut un immense savant dont la contribution scientifique – rassemblée sur près de 900 ouvrages – s’étendit à un nombre inouï de domaines. L’utilisation de la lettre grecque sigma pour désigner une somme, c’est lui. C’est lui aussi qui a posé les fondements du calcul infinitésimal et lui encore qui a introduit la notion de fonction si chère – ou si rebutante – à nos gymnasiens.

Euler connaît nombre de descendants parmi nos contemporains : dans nos hautes écoles, dans nos instituts de pointe, dans notre industrie ou encore parmi la vingtaine de Prix Nobel que compte notre pays dans les sciences dites dures. Euler, c’est entendu, avait une intelligence exceptionnelle, doublée d’une mémoire phénoménale qu’il avait développée à la suite de graves problèmes de vue.

Mais il y a plus que cela, plus suisse que cela, si j’ose dire : la carrière hors norme de Leonhard Euler se distingue en premier lieu par un travail acharné et par une curiosité de tous les instants. Au fond, à bien y regarder, notre pays lui aussi se démarque par des qualités analogues, auxquelles vient s’ajouter, trait commun à Euler d’ailleurs, une modestie par trop retenue.

Ce jour est une bonne occasion, non pas de fanfaronner, mais de rappeler avec objectivité – et avec une légitime fierté aussi – les atouts qui sont les nôtres et les valeurs que nous entendons célébrer. Car la Suisse, c’est tout cela : une terre de démocratie, un pays voué au travail, une inlassable curiosité et une dose supérieure de talent et de créativité pour l’assouvir avec brio.

Confiant dans ces ressources inestimables, je souhaite à toutes et à tous une très belle Fête nationale 2019.


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