Rencontres 7e art Lausanne (Fra, Eng)

Losanna, 07.03.2019 - Discorso del consigliere federale Alain Berset in occasione della cerimonia di apertura della rassegna cinematografica Rencontres 7e art Lausanne – Fa stato la versione orale.

Quelques mots, tout d'abord, à l'intention de Monsieur Couchepin, avec qui j'ai un sérieux contentieux depuis maintenant plusieurs années.

Je ne voudrais pas créer un mauvais climat dans cette salle, mais il faut savoir se libérer de ses rancœurs.

Je vous rassure, je n'éprouve aucun ressentiment à l'endroit de mon prédécesseur à ce poste, mon ami Pascal Couchepin.

Non, et les cinéphiles de la salle l'auront compris, je m'adresse à un autre Couchepin.

Aloïs Couchepin, installé à mon grand déplaisir aux fauteuils d'honneur.

Et si je sais déjà que les rares non-cinéphiles, assis au tout dernier rang, me demanderont plus tard : « mais qui est cet Aloïs Couchepin ? »

Eh bien je vais vous le dire : il est le personnage emblématique de la comédie Bienvenue en Suisse, sorti le 13 mai 2004 : je m'en souviens comme d'un bien triste anniversaire.

Aloïs Couchepin a les traits de Vincent Perez, mais un accent un peu plus marqué.

Un accent parfaitement inconnu des linguistes d'ailleurs. Que les spécialistes qualifieraient probablement de valdo-fribourgo-genevo-valaisan.

Aloïs Couchepin est un personnage de comédie, ceci explique peut-être cela. Une comédie fort amusante, certes, mais là n'est pas le problème.

Le problème, c'est que cet Aloïs Couchepin n'est pas un bon exemple pour la jeunesse de notre pays, dont il porte par ailleurs atteinte à la bonne image. Une bonne image que mes collègues et moi nous efforçons ensuite de restaurer.

Il fume de l'herbe. Il conduit dangereusement. Il s'attaque aux symboles qui nous sont chers.

Par exemple, il talonne un car postal en klaxonnant, pour le dépasser dangereusement en s'exclamant, je cite : « mais quand on sait pas conduire, on vient pas à la montagne, dedjeu dedjeu, non mais pousse ton gros cul, gros tas ! ». [Oui, je sais, c'est parfaitement affligeant].

Le film est sorti avant l'entrée en vigueur de Via Sicura, et c'est pourquoi Aloïs Couchepin est ici parmi nous ce soir, libre.

Bienvenue en Suisse livre des explications sociologiques plutôt étranges en ce qui concerne notre mode de vie.

Par exemple, pour un citoyen de Schwyz, « un mariage mixte, c'est quand on marie une Jurassienne ». D'autres thèses obscures sont véhiculées, comme par exemple : « les Suisses ouverts d'esprit, c'est les pires. On ne les voit pas venir ».

On apprend encore qu'une citoyenne Suisse alémanique qui épouse un socialiste romand peut se voir déshériter. Vous comprenez mon malaise.

Plus grave, le film remet en question les fondements de notre système politique et tout particulièrement notre constitution de 1874.

Ainsi, « le référendum » serait « un truc que le gouvernement donne en pâture à l'opposition ».

Sa vision de notre gouvernement a de quoi laisser perplexe : « Conseiller fédéral, c'est un peu comme un Premier ministre. Sauf qu'ils sont 7 à gouverner, donc ils ne prennent jamais aucune décision. Et bizarrement, ça marche. Philosophiquement, ça fait beaucoup réfléchir sur le pouvoir ».

En conclusion, ce serait même « une vraie malédiction d'être suisse ».

Je ne sais pas si c'est un hasard, mais trois mois à peine après la sortie dans les salles de Bienvenue en Suisse, le Conseil national déposait en août 2004 un postulat qui finira par entraîner la redéfinition de la mission de Présence Suisse, désormais chargée d'engager une stratégie de communication lorsque l'image de notre pays est sérieusement menacée.

Alors vous me direz, bien sûr, que Vincent Perez, alias Aloïs Couchepin, n'a pas personnellement réalisé, ni même écrit le film.

Il n'en a pas moins participé à cette entreprise et porte une part de responsabilité.

C'est ce qui s'appelle le principe de la collégialité et il est parfois bon que ce soit un politicien qui le rappelle aux artistes.

Depuis 2004, Vincent Perez a donc une dette à l'égard de notre pays dont il a contribué à appauvrir l'image.

Et cette dette, il tente de la rembourser en organisant ces Rencontres 7e art à Lausanne, par lesquelles il transmet de saines valeurs aux jeunes en les initiant au cinéma et à la culture.

Il était grand temps qu'il se rattrape.

On peut considérer qu'il est sur la bonne voie du retour à la raison et au respect des convenances. Même si l'année dernière, il a personnellement présenté Shampoo de Hal Ashby, qui se déroule dans le milieu des salons de coiffure, et que, cette année, comme un malheureux hasard, c'est quelqu'un comme moi qu'il invite.

Il y a encore quelques petits réglages à faire en matière de diplomatie.

Il est paradoxal d'aborder la question du dégât d'image dans un pays qui se nourrit d'images. Le plus compliqué, quand on veut monter un nouveau rendez-vous cinématographique en Suisse, c'est moins de trouver le financement que le moment dans l'année où il n'y en a pas déjà un autre.

Très appréciés, ces manifestations créent du lien entre les générations autour du cinéma.

Les Rencontres 7e art en sont un vivant exemple.

Elles offrent, d'une part, la possibilité aux jeunes de découvrir des grands classiques.

L'année dernière, à part le surestimé Shampoo, ils ont eu l'occasion d'assister à la projection d'une sélection de films de l'âge d'or du Nouvel Hollywood, comme Mash, Les Dents de la Mer (Jaws), ou le plus récent Comme un chien enragé (At close range), soit un programme plutôt axé sur le domaine de la médecine générale et vétérinaire.

Une rétrospective qui nous rappelle que Lausanne est aussi le siège de notre Cinémathèque, dont nous allons inaugurer les nouveaux bâtiments cet automne.

Les Rencontres 7e art permettent, d'autre part, aux plus anciens spectateurs de se familiariser avec les nouvelles technologies, comme les films en réalité virtuelle.

Avec un tel partage intergénérationnel des publics et des supports, le mécanisme des Rencontres 7e art n'est au fond pas si éloigné que cela de notre AVS.

A la différence que dans une salle de cinéma, le premier pilier, il faut ne pas être assis derrière.

Relevons enfin que les Rencontres 7e art ont opté pour une intelligente politique de partenariats : des « master class » sont menées dans les locaux de l'UNIL, de l'ECAL ou de l'Ecole de Jazz et de Musique actuelle, où le public peut entendre de très grands noms du cinéma mondial dispenser leur expertise professionnelle.

Comme cette année, Joel Coen, membre d'une fratrie dont l'influence dans le monde du cinéma est à peine moins grande que celle des Knie dans le monde du cirque.

Joel, you have created great characters.

  • Including H.I. McDunnough the small-time crook played by Nicolas Cage in Raising Arizona.
  • Or Anton Chigurh, the enigmatic killer played by Javier Bardem in No Country for Old Men.
  • And, of course, the priceless Dude, played by Jeff Bridges in The Big Lebowski, who almost makes Vincent Perez's Aloïs Couchepin look like an English aristocrat.

These three characters are somewhat pathetic. And with their bad haircuts they make us understand that hairstyle is not critical for success in life...

Your films are rich in literary references. They are humorous. And they are full of small details. Take the poster of an accordion player in lederhosen in front of snow-covered mountains, seen for just a moment in Fargo.

That makes me think you will enjoy your stay with us here in Switzerland.

Avec la venue non seulement de Joel Coen, mais aussi de Matt Dillon, d'Agnès Jaoui, de Jean-Paul Rappenau, de Jean-Jacques Annaud et d'autres invités prestigieux, les Rencontres 7e art poursuivent une bien noble ambition : projeter Lausanne et le Léman au centre des écrans.

Et placer la ville de la flamme olympique sous les feux de la rampe.

Je vous remercie.


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Nicole Lamon, Responsabile della comunicazione DFI, Tel. +41 78 756 44 49


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