Prix suisses de danse

Fribourg, 16.10.2015 - Allocution du Conseiller fédéral Alain Berset à l’occasion de la remise des Prix suisses de danse – Seules les paroles prononcées font foi.

Sans l'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la poésie, la littérature ou le cinéma, nous ne serions probablement pas encore arrivés au stade actuel de notre évolution. Sans la danse, nous ne serions même pas nés.

Sans elle en effet, nos parents n'auraient pas été en mesure de confronter leurs codes génétiques respectifs, prélude indispensable à la transmission de toute vie dans le monde animal.

Si l'on s'en tient à ce très élémentaire constat biologique, l'on ne peut que s'étonner du système de classification traditionnel des arts, qui depuis le XIXe siècle et Hegel, ne place la danse qu'au quatrième rang. Un tel classement atteste d'une claire méconnaissance des réalités humaines.

Quoi qu'il en soit, la danse semble inscrite au panthéon des arts comme au plus profond du génome humain.

A propos de génome humain, une anecdote :
Au début des années 70, le département de chimie de l'Université de Stanford organisait sous la présidence de Paul Berg, futur Prix Nobel de chimie, une interprétation dansée de la biosynthèse des protéines. Des centaines d'intervenants mimaient, au moyen de la danse, la traduction de l'acide désoxyribonucléique (ADN) en acide ribonucléique (ARN), puis la transcription de cet acide ribonucléique en protéine.

Ce spectacle de sciences naturelles se situait assez loin de fleurons du genre comme Le Lac des Cygnes ou Le Sacre du Printemps, sans doute un peu plus accessibles. Mais il nous prouve à tout le moins, et nous nous en doutions depuis Offenbach, que la danse est un art où se pratique le grand écart.

L'idée du département de chimie de l'Université de Stanford était, on l'aura compris, d'utiliser la danse comme un moyen de faire passer un message scientifique. Cette méthode est désormais assez répandue dans les universités du Nord de l'Amérique, où la danse se décline non plus seulement comme un art, mais comme un véritable outil médiatique.

Si je mentionne cette anecdote, c'est que, pour être dans l'esprit de la soirée, j'ai beaucoup hésité à préparer une chorégraphie pour illustrer quelques-unes des mesures envisagées dans notre message culture 2016-2020 et qui concernent plus particulièrement notre politique nationale en matière de danse.

Après tout, pourquoi les politiciens ne danseraient-ils pas pour faire passer leur message?

Parmi les mesures préconisées par le message culture en matière de danse, il y a tout d'abord l'encouragement et le soutien à la création artistique.

La Confédération octroie des contributions pour une durée de trois ans à des compagnies de danse indépendantes reconnues, pour leur offrir la possibilité de développer une stratégie à moyen terme et proposer des spectacles susceptibles de se mesurer plus tard à la concurrence internationale.

Elle soutient par conséquent également les tournées de nos compagnies à l'étranger.

Pour illustrer ce premier type de mesures, j'avais pensé à vous interpréter un extrait du Boléro de Ravel de Maurice Béjart. Soit une danse partant des tréfonds de l'intimité et gagnant progressivement en intensité pour finalement aboutir à un mouvement concentrique d'une amplitude grandiose, qui symboliserait le destin que nous souhaitons à toutes nos compagnies de danse. Malheureusement, je n'ai pas le génie incandescent de son regretté interprète, Jorge Donn. Ni même sa chevelure, me direz-vous.

Eine weitere Massnahme, um den Tanz zu fördern, zielt auf Austausch und Vermittlung im Inland. Der Bund unterstützt die Organisationen Danse Suisse und Reso, damit sie die Tanzschaffenden vertreten und die zeitgenössische Tanzszene koordinieren. Damit tragen sie auch zu einer verstärkten Zusammenarbeit zwischen den Regionen bei.

Die Früchte dieser Zusammenarbeit sind beispielsweise das Tanzfest oder die Zeitgenössischen Schweizer Tanztage. Letztere bieten unseren Tanzkompanien eine wichtige Plattform und werden auch von internationalen Veranstaltern besucht.

Diese Bündelung der Kräfte ist ohne enges Zusammenspiel zwischen den Partnern nicht denkbar. Ich hätte das mit einigen Tangoschritten mit Markus Baumer, dem Moderator dieses Abends, sehr gut illustrieren können.

Der Tango ist ein Tanz mit scheinbar einfachen Bewegungen, die aber in Wahrheit extrem komplex sind. Es braucht zugleich Leidenschaft und Kontrolle. Einen Gleichschritt, der nur möglich ist mit genauer Abstimmung der Partner. Sonst tritt man einander schnell mal auf die Füsse. Und genau das wollen wir in der Kulturpolitik verhindern.

Die letzte Massnahme zur Tanzförderung setzen wir jetzt gerade um. Wegen dieser sind wir alle so festlich gekleidet: Klar, die Rede ist von den Schweizer Tanzpreisen, die wir heute Abend zum zweiten Mal hier in Fribourg vergeben.

Les cérémonies de récompense permettent de porter à la connaissance du grand public le talent de nos artistes et de reconnaître officiellement leurs mérites. Sous leur vernis de glamour, elles ont donc couleur de nécessité et d'authenticité.

Pour illustrer notre politique de remise de prix, j'aurais pu faire une petite danse chamanique. Qui aurait tout à la fois traduit nos sentiments de croyance et de mystère. Croyance en la danse et mystère d'un suspense arrivé maintenant à son comble.

J'ai préféré renoncer, de peur d'entrer en transe et de sortir de mon corps avant d'avoir pu annoncer le nom du lauréat qui figure dans cette enveloppe.

Le Grand Prix Suisse de danse va cette année à Gilles Jobin !

Avant de vous remettre votre prix, j'aimerais juste dire encore un mot. Tout le monde connaît Gilles Jobin, pionnier sans concession de la chorégraphie contemporaine. Mais on sait moins qu'avec Gilles Jobin, on est très proche des idées de Paul Berg, le Prix Nobel que j'évoquais tout à l'heure, puisque Gilles Jobin est le premier danseur résident au CERN et que certaines de ses créations s'inspirent du monde de la science, par exemple de la physique quantique. Gilles Jobin, vous aviez aussi présenté un projet intitulé Ruban de Moebius.

Pour ceux que cela intéresse, le Ruban de Moebius est une surface compacte dont le bord est homéomorphe à un cercle. Il apparaît comme une structure en boucle qui n'a pas de fin. Un peu comme certains discours. Je vais pour ma part m'arrêter là.

Félicitations.


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