40 ans de Fri-Son
Fribourg, 22.09.2023 - Discours du Président de la Confédération Alain Berset à Fribourg, à l’occasion des 40 ans de Fri-Son. Seules les paroles prononcées font foi.
Ami-e-s de l’hôpital, de l’industrie et de la fonderie,
Ami-e-s de l’histoire et de l’évolution,
Tout d’abord, quelques grandes dates dans l’avancée de nos connaissances sur l’évolution humaine:
- 1859: parution, à Londres, de L’Origine des espèces, de Darwin.
- 1940: découverte, en Dordogne, des grottes de Lascaux.
- 1974: découverte, en Ethiopie, du squelette de l’australopithèque Lucy.
- 1983: découverte, en Suisse, à Fribourg, d’Homo Fri-Sonus, dernier maillon recensé à ce jour dans la chaîne de l’évolution.
La plupart des paléontologues s’accordent à penser qu’Homo Fri-Sonus fait partie de la sous-classification Homo Erectus: on n’a effet retrouvé aucune chaise sur les trois sites où il a vécu. Mais un courant minoritaire s’oppose à cette thèse, faisant observer qu’en fin de soirée, Homo Fri-Sonus ressemblait plus à Homo Titubans.
Des recherches historiques effectuées sur les sites ont exhumé, comme à Lascaux, des fresques murales, mais celles-ci n’étaient pas en aussi bon état, car recouvertes d’une épaisse couche de goudron. Ces fresques murales étaient composées d’affiches de papier à moitié décollées et quasiment illisibles, mais permettant tout de même d’appréhender les sites comme des lieux de passage particulièrement fréquentés.
Des scientifiques ont pu le confirmer. Tout d’abord, des spécialistes en écriture hiéroglyphique sont parvenus à déchiffrer les inscriptions figurant sur ces affiches pour arriver à la conclusion qu’elles témoignaient d’un important brassage ethnoculturel. Quant aux sigles chiffrés, ils représentaient un ensemble disparate de dates et, surtout, d’horaires donnant à penser qu’Homo Fri-Sonus n’était pas particulièrement actif le matin. Ni même les soirs de début de semaine.
Des archéo-biologistes ont mené des fouilles, qui ont mis à jour de très nombreux restes de gobelets en plastique imprégnés de houblon. Un houblon autrefois brassé sur un lieu localisé à moins de 500 mètres des deux derniers sites et qui pourrait expliquer la migration et l’établissement d’Homo Fri-Sonus dans le secteur.
Les fouilles ont aussi permis de découvrir une multitude de fragments végétaux, venus de beaucoup plus loin, de Hollande ou de Jamaïque. De tout petits boyaux très fins ont également été retrouvés, laissant présager d’une utilisation de ceux-ci à des fins artistiques. Pour créer des sons, voire des mélodies. En l’état actuel des recherches, et vu les résidus de boulettes de cire jaune jonchant encore le sol, on suppose que cet art s’exprimait plutôt sous la forme du son que celle de la mélodie. Ce qui aurait pu avoir pour conséquence de causer des frictions tribales entre Homo Fri-Sonus et son voisin, Homo Bourgeoisus, celui-ci implanté tout autour de lui en bien plus grand nombre.
Sur la base de ces constats scientifiques, des spécialistes en sciences des religions antiques ont formulé une thèse extrêmement intéressante. A savoir que les sites auraient été des lieux consacrés au culte des dieux. Si l’on se fie aux inscriptions anglophones revenant le plus souvent sur les affiches, ce seraient même de «jeunes dieux». Ainsi vivait-on à l’âge du métal.
Eh oui, Fri-Son a 40 ans! La salle est aujourd’hui plus vieille que ne l’a jamais été notre lointaine cousine Lucy l’australopithèque, qui a trouvé la mort alors qu’elle avait environ 25 ans. Il faut en conclure que l’espérance de vie dans le rock est plus grande que dans le rift. Elle est en effet d’au moins 27 ans, diront les fans de Kurt Cobain. Ce dernier venu jouer à Fri-Son le 25 novembre 1989, mais resté mystérieusement alité ce soir-là. A noter que pour les fans de Mick Jagger, l’espérance de vie dans le rock serait de 100 ans, voire plus.
Tout cela pour dire que la musique rassemble les générations. Et ce sont bien des générations de Fribourgeoises et de Fribourgeois qui ont franchi les portes de cette jadis vétuste salle de rock, devenue avec le temps institution vénérable. A tel point que des Landwheriens finissent même par s’y sentir chez eux. L’âge du métal cohabitant désormais avec celui du cuivre. Qui aurait raisonnablement pu le penser, au tournant de ces années 1980 contestataires, qui virent l’apparition des centres culturels auto-gérés?
Car il faut rappeler que Fri-Son est né peu après une inoubliable, foutraque et géniale exposition Fri-Art qui s’était tenue en 1981, en réaction aux célébrations officielles convenues du 500e anniversaire de l’entrée de Fribourg dans la Confédération. On y fit venir des groupes de musique d’avant-garde, pour le plus grand bonheur des jeunesses punk et new-wave, populations jusqu’alors sous-représentées dans les manifestations commémoratives.
Einige Monate später war das Fri-Son bereits Heimathafen für einen schrillen Haufen sympathischer Dissidenten, die sich schrittweise auch anderen Musikstilen öffneten. Ironie des Schicksals: Unter den Gästen der inoffiziellen Punk-Hochburg befindet sich heute Abend auch eine Delegation Hochoffizieller. Was letztlich zeigt, dass die Musik nicht nur die Gemüter zu besänftigen vermag, nein, sie beflügelt vor allem auch den Geist.
«Fri-Son» – mit diesem Wortspiel möchte ich schliessen. Es trägt zum Ruf dieses Ortes bei, steht das «Fri-Son» doch für Konzerte mit «Gänsehautcharakter», für einen Ort der starken Emotionen also, wie wir sie an diesem Wochenende erleben. Doch auch der Bindestrich darf hier nicht unerwähnt bleiben: Er steht zwischen «Fri», in dem sowohl «Fribourg» wie auch «freedom» mitschwingen und «Son», einem Sound, der seit nunmehr 40 Jahren in der Schweiz und über die Grenzen der Schweiz hinaus auf breite Resonanz stösst. Für mich ist dieser Bindestrich die Brücke zwischen unseren beiden Kulturen, der Kultur der Romandie und jener der Deutschschweiz, die hier zusammenkommen und sich in einem Dezibel- und Klang-Rausch entladen.
Ich wünsche dem «Fri-Son» ein langes Leben und bedanke mich von Herzen bei der ersten Generation Musikbegeisterter, die voller Leidenschaft und praktisch mittellos dafür gekämpft haben, es aus der Taufe zu heben. Und ich bedanke mich bei den jungen Generationen, die diesen Ort lebendig halten und – so ist zu hoffen – mit etwas mehr Unterstützung weiterführen werden.
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