Renforcement de la reprise en Suisse

Berne, 09.03.2000 - Aperçu des tendances conjoncturelles L'économie mondiale se porte bien. L'an passé, elle s'est remise de la faiblesse dans laquelle la crise asiatique et les turbulences sur les marchés financiers internationaux l'avaient plongée en 1998. En Europe occidentale, la conjoncture gagnera encore en ampleur et en vigueur. Aux Etats-Unis, l'économie poursuit sa lancée expansive, avec toutefois un léger fléchissement. Au Japon, par contre, l'économie a de la peine à redémarrer, et aucun signe d'amélioration tangible ne se manifeste pour le moment. Dans les économies émergentes asiatiques, l'évolution économique se caractérise par une dynamique bien prononcée. Dans les pays en transition d'Europe centrale et orientale, la croissance s'est également renforcée. En Amérique latine, la reprise devrait encore se poursuivre.

En Suisse, la conjoncture s'est notablement revigorée depuis l'été 1999. Au 4ème trimestre, le produit intérieur brut réel a progressé d'un peu plus de 3½%. Les exportations ont de nouveau libéré de fortes impulsions positives. Durant cet hiver, le taux de chômage est repassé au-dessous de la barre des 2½%, en données dessaisonnalisées. Suite à l'augmentation marquée des prix des produits dérivés du pétrole, le renchérissement s'est quelque peu accéléré, mais est tout de même resté à un rythme faible. L'économie suisse peut compter sur la poursuite de l'évolution expansive, malgré des taux d'intérêt plus élevés. Pour le moment aucun problème conjoncturel n'est en vue.

Actuellement, il existe des risques potentiels liés à une surchauffe aux Etats-Unis. La Commission estime, cependant, que ces risques sont faibles. Elle part du principe que la politique monétaire est capable d'empêcher les déséquilibres générateurs de perturbations. Même les prix du pétrole, nettement majorés, ne parviendront pas à stopper l'essor, malgré certains effets de freinage pour les pays non-producteurs de pétrole.

Dans la zone de l'OCDE, la tendance conjoncturelle expansive s'est maintenue. Aux Etats-Unis, la croissance économique s'est encore accélérée au deuxième semestre 1999. Alors que la consommation privée, les exportations et les importations étaient nettement à la hausse, les investissements en biens d'équipement et de construction ont commencé à manifester des signes de ralentissement après la hausse tangible des taux d'intérêt à long terme. Sur le marché du travail, la situation est plutôt tendue. Néanmoins, l'accélération de la hausse des salaires s'est arrêtée. Au niveau de la consommation, on n'observe guère une accélération du renchérissement.

Dans la zone monétaire de l'euro, la fin rapide de la crise asiatique, la stabilisation de la situation dans les pays d'Europe centrale et orientale et la croissance robuste aux Etats-Unis, associées à une baisse de la valeur extérieure de l'euro, ont entraîné une forte expansion des exportations. La progression de la demande intérieure s'est légèrement accélérée. En Allemagne et en Italie, qui ont un retard de croissance à rattraper, l'activité économique a bien repris au deuxième semestre 1999. Dans les petits pays, la haute conjoncture s'est poursuivie. Dans la zone euro, le taux de croissance au deuxième semestre se situait autour de 3%. Le renchérissement est resté faible dans l'ensemble, un peu plus marqué toutefois dans les petits pays que dans les trois grands. En Grande-Bretagne, la conjoncture s'est vite remise de la phase de faiblesse qu'elle avait connue en 1998, en raison d'une politique monétaire restrictive destinée à éviter une surchauffe.

L'économie japonaise a été marquée par une phase de récession à partir du deuxième semestre 1999. L'effet des impulsions budgétaires s'est atténué au courant de l'année. Après avoir progressé aux deux premiers trimestres 1999, le produit intérieur brut a à nouveau reculé au 3ème trimestre, avec une demande intérieure contractée, ceci malgré un yen fort et un secteur extérieur en expansion. L'expansion des exportations s'est toutefois ralentie au 4ème trimestre.

Dans les pays d'Europe centrale et de l'Est, candidats à l'adhésion à l'UE (la Bulgarie, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, la Tchéquie et la Hongrie), l'affaiblissement passager de l'an passé qui était lié à la crise russe de 1998 s'est estompé. La relance en Europe occidentale et la baisse des taux d'intérêt y ont fortement contribué. En raison de l'interaction des parités des taux de change, certains de ces pays n'en restent pas moins confrontés à des hausses importantes des coûts et des prix, avec des déficits considérables de la balance des transactions courantes.

Les économies du Sud-Est asiatique se sont remarquablement bien remises de la crise de 1998. Moyennant une dévaluation drastique de leurs monnaies, les exportations ont redémarré. Entre-temps, ces monnaies se sont à nouveau légèrement appréciées face au dollar. La politique budgétaire expansive a provoqué une nette reprise de la demande intérieure, malgré l'introduction de mesures visant à assainir le secteur bancaire et celui des entreprises, créant de ce fait un renforcement de la responsabilité privée dans les décisions d'entreprise et une réduction des places de travail.

La crise asiatique avait incité, surtout en automne 1998, les investisseurs à reconsidérer les risques dans les pays d'Amérique latine. Et afin de protéger leurs monnaies contre une pression indésirable, plusieurs pays avaient opté pour une politique monétaire restrictive, qui a engendré divers développements récessifs. Entre-temps, une amélioration s'est profilé dans ces pays. Au Brésil, la situation conjoncturelle s'est stabilisée et en Argentine, ceci depuis le mois d'août, la production industrielle est à nouveau orientée vers la croissance.

Afin de prévenir une surchauffe de l'économie qui se traduirait par une accélération de l'inflation, la "Fed" a décidé de revoir les baisses des taux d'intérêt qu'elle avait jugées opportunes en automne 1998, à la suite des turbulences sur les marchés financiers. Depuis juin 1999, les taux directeurs ont été relevés, en plusieurs étapes, la dernière ayant eu lieu en février 2000. Suivant l'exemple de la "Fed", la Banque centrale européenne (BCE) a décidé d'en faire autant, supprimant en novembre la baisse des taux qu'elle avait décrétée en avril 1999 en raison de la situation conjoncturelle morose. Après la première hausse des taux d'intérêt américains au début de février 2000, elle a décrété une deuxième augmentation, entre autres en raison de la dépréciation de l'euro face au dollar, au yen japonais et à la livre britannique, celle-ci ayant contribué au renforcement du renchérissement. Devant la forte conjoncture, la Banque centrale d'Angleterre a également été incitée à durcir sa politique monétaire, après avoir encore abaissé une dernière fois les taux directeurs en juin 1999. Sous l'effet du durcissement des politiques monétaires américaine et européenne, les taux d'intérêt à long terme ont également augmenté de façon tangible dans la zone euro. La politique budgétaire des Etats-Unis, avec des excédents toujours importants, est restée à peu près neutre. Dans la plupart des pays d'Europe occidentale dont les budgets sont déficitaires, la politique budgétaire restera axée sur un nouvel assainissement des budgets publics. Au Japon, celle-ci servira encore à soutenir la conjoncture.

A la fin de l'année 1999, la Banque nationale suisse avait annoncé qu'elle avait en vue de resserrer un peu sa politique en 2000, et ceci après avoir longtemps pratiqué une politique monétaire généreuse et favorisé des taux d'intérêt relativement bas. Avec cette politique, elle entend continuer à soutenir la reprise conjoncturelle, sans compromettre à long terme la stabilité des prix. Pour l'année 2000, la Banque Nationale prévoit une inflation au niveau de la consommation de l'ordre de 1,5% en 2000, de 1,7% en 2001 et de 1,8% en 2002. Elle a fixé une fourchette entre 1¼% et 2¼% pour le Libor (London Interbank Offered Rate, à trois mois, en frs) qui sert de taux d'intérêt de référence. Fin janvier 2000, elle a déclaré qu'elle maintiendrait le Libor dans la partie supérieure de la fourchette, et début février, elle a relevé la fourchette de 50 points de base.

Depuis l'automne 1999, les taux d'intérêt en francs suisses ont beaucoup augmenté. On n'avait pas connu une telle augmentation depuis 1996. La hausse des taux est avant tout le résultat d'une politique monétaire moins accommodante, de la consolidation conjoncturelle tangible ainsi que du relèvement des taux d'intérêt en dollar et en euro.

Depuis l'été 1999, le cours du franc suisse ne s'est que légèrement déprécié, après avoir considérablement reculé au premier semestre 1999 face au dollar, à la livre britannique et au yen japonais. Il n'a pratiquement pas bougé face à l'euro. Cette remarquable stabilité est due à plusieurs facteurs: la position comparable de la Suisse et des pays de l'euro dans le cycle conjoncturel, une orientation identique de la politique monétaire de la BNS et de la BCE, ainsi que l'absence de turbulences sur les marchés financiers. La faiblesse de l'euro face aux autres monnaies s'est également répercutée sur le franc suisse. En raison de la prédominance des pays de l'euro dans le commerce extérieur suisse, le recul de la valeur extérieure du franc suisse, pondéré par les exportations, est resté minime. En février, l'indice du cours du change réel cotait environ 5% de moins que l'année précédente.

L'activité de crédit des banques suisses a légèrement repris, notamment les prêts aux clients, qui, au printemps, dépassaient le niveau de l'année précédente et ceci pour la première fois depuis longtemps. Du côté des crédits hypothécaires, l'activité est restée plutôt calme et la tendance est toujours à la baisse concernant les crédits de construction.

La reprise conjoncturelle qui s'était installée au milieu de 1999 continue de s'accélérer. Au 4ème trimestre 1999, le produit intérieur brut (en données dessaisonnalisées, taux annualisé) a gagné 3,7%, dépassant de 3,0% le niveau correspondant de l'année précédente. Les dépenses de consommation ont conservé leur rythme de croissance vigoureux. Les investissements dans la construction ont, de nouveau, augmenté et ils devraient avoir quitté définitivement le chemin de la récession. Les investissements en biens d'équipement ont encore bien progressé. Considéré par branches, les exportations ont progressé rapidement et la croissance a, à nouveau, été essentiellement portée par les marchés nord-américain, asiatique et d'Europe centrale. La demande globale de plus en plus forte a entraîné une nette augmentation des importations.


Modification du concept de politique monétaire de la Banque nationale suisse
Depuis le passage aux taux de change flexibles en janvier 1973, la Banque nationale suisse (BNS) a déjà modifié à plusieurs reprises son concept de politique monétaire.
La modification au début de 2000 était nécessaire, notamment parce que le rapport entre la monnaie de banque centrale 1) et le niveau des prix, fondé sur les nouvelles réserves de liquidités de l’économie, s’était révélé toujours plus instable. Depuis 1997, la BNS n’a plus fixé d’objectif annuel pour la monnaie de banque centrale, mais en a placé d'autres au premier plan, notamment l’agrégat M3 2). Elle a en outre élargi son ensemble de mesures de politique monétaire en introduisant le taux Repo 3). Le Repo convient pour la création et l’utilisation des liquidités.

Le nouveau concept s’écarte de l’ancien, qui se contentait d’indiquer la masse monétaire et laissait au marché le soin de fixer les taux d’intérêt. Le nouveau concept de politique monétaire est fondé en particulier sur les éléments suivants:

  • l’objectif prioritaire reste la stabilité des prix à long terme; il y a stabilité des prix lorsque l’inflation, mesuré à l’indice suisse des prix à la consommation, est inférieure à 2% par an;
  • la BNS renonce à fixer des objectifs pour la croissance de la masse monétaire;
  • les décisions de politique monétaire sont fondées sur une prévision d’inflation;
  • la BNS publie à la fin de chaque année une prévision d’inflation pour les trois années suivantes;
  • si l’objectif de stabilité risque de ne pas être atteint ou d’être dépassé au cours des trois prochaines années, la politique monétaire doit être ajustée en conséquence;
  • l’objectif d’inflation doit être atteint moyennant une orientation d’un taux du marché monétaire:
-le Libor 4) est utilisé comme taux de référence;-une fourchette pour le Libor est communiquée;
-la fourchette est révisée périodiquement;-la position du Libor dans la fourchette est communiquée;-l’approvisionnement en liquidités du système bancaire, et donc le Libor, est influencé directement par les opérations Repo;
  • le taux d’escompte est supprimé.

La politique monétaire peut influencer, à moyen terme, l’évolution de l’inflation. L’orientation à moyen terme crée la marge nécessaire pour tenir compte, lors de la prise de décision, d’autres indicateurs, tels que la situation économique générale, la situation sur le marché du travail, les taux de change ou autres. En tant qu’agrégat monétaire, M3 joue un rôle important. La BNS n'a pas l’intention d'amortir chaque choc inflationniste; les coûts économiques réels, souvent élevés, de la lutte à court terme contre l’inflation, doivent faire partie du processus de décision.

Dans les grandes lignes, le concept de politique monétaire de la BNS ne diverge guère de celui de la Banque centrale européenne (BCE). Celui-ci est aussi fondé sur une prévision d’inflation et un objectif d'inflation inférieure à 2% et une tolérance par rapport aux écarts à court terme. Comme objectif intermédiaire, la BCE s’oriente vers l’agrégat monétaire M3, tandis que la BNS utilise la fourchette du taux d'intérêt.

1) Monnaie de banque centrale = billets en circulation + comptes de virement des banques indigènes auprès de la BNS2) M3 = numéraire en circulation + dépôts à vue auprès des banques + comptes de transaction + dépôts d’épargne + placements à terme jusqu’à 4 ans.3) Repurchase Agreement = Vente d’effets, lié au rachat simultané à l’échéance. L’emprunteur verse un intérêt au prêteur pour la durée de l’opération.4) LIBOR = London Interbank Offered Rate pour les placements à trois mois en francs suisses.

La reprise conjoncturelle qui s'était installée au milieu de 1999 continue de s'accélérer. Au 4ème trimestre 1999, le produit intérieur brut (en données dessaisonnalisées, taux annualisé) a gagné 3,7%, dépassant de 3,0% le niveau correspondant de l'année précédente. Les dépenses de consommation ont conservé leur rythme de croissance vigoureux. Les investissements dans la construction ont, de nouveau, augmenté et ils devraient avoir quitté définitivement le chemin de la récession. Les investissements en biens d'équipement ont encore bien progressé. Considéré par branches, les exportations ont progressé rapidement et la croissance a, à nouveau, été essentiellement portée par les marchés nord-américain, asiatique et d'Europe centrale. La demande globale de plus en plus forte a entraîné une nette augmentation des importations.

Dans l'industrie, les affaires se sont encore globalement améliorées, et pour la première fois depuis longtemps, la situation peut être considérée comme satisfaisante. Au 4ème trimestre 1999, le degré d'utilisation des capacités techniques était égal à celui de la période estivale (82%), ce qui à moyen terme peut être qualifié de faible. Cependant, un nombre plus important d'entreprises ont annoncé une augmentation de la production. Dans l'ensemble, les entrées de commandes ont été clairement expansives; y compris pour les entreprises fortement orientées vers l'exportation, qui ont longtemps souffert de la crise asiatique. Dans l'industrie suisse des machines, les entrées de commandes au 4ème trimestre 1999 ont repris, après avoir reculé pendant une assez longue période. D'après les résultats de l'enquête conjoncturelle du KOF (Centre de recherches conjoncturelles, ETHZ), les entreprises s'attendent à une amélioration des entrées de commandes.

Du côté des bureaux d'architectes et d'ingénieurs, la situation s'est stabilisée. Les carnets de commandes n'ont que peu baissé au 4ème trimestre 1999 par rapport à l'année précédente, après avoir encore fortement diminué au premier semestre 1999. La plupart des entreprises tablent sur une nette amélioration de la situation. Auprès des entreprises qui ont participé à l'enquête de la Société suisse des entrepreneurs, les entrées de commandes nominales au 4ème trimestre 1999 dépassaient, de loin, le niveau de l'année précédente. Des hausses ont été observées dans la construction de logements, de bâtiments publics et dans le reste du secteur du bâtiment.

Au 4ème trimestre 1999, l'emploi global (emplois à plein temps et à temps partiel, d'au moins 50%) a bien progressé, dépassant de 1,7% le niveau de l'an passé. Tant dans le secteur de la construction que dans celui des services, de nettes augmentations ont été enregistrées. Fin 1999, le nombre des travailleurs étrangers avait augmenté d'environ 1½% en un an. Et pour la première fois depuis 1992, il a augmenté en moyenne annuelle. Mais, le nombre d'actifs étrangers restait encore nettement inférieur au niveau relevé au début des années 90.

Sur le marché de l'emploi, l'amélioration se maintient. En données corrigées des variations saisonnières et aléatoires, le nombre des demandeurs d'emploi et des chômeurs inscrits a continué à reculer, cependant à un rythme ralenti durant les mois d'hiver 1999/2000. En janvier 2000, le taux de chômage non dessaisonnalisé se situait autour de 2,6%, corrigée des variations saisonnières, celui-ci atteint 2,2%. De plus en plus d'entreprises ont signalé un manque de main-d'œuvre qualifiée, semi-qualifiée et non qualifiée; cependant ce manque est resté à un niveau faible. Les offres d'emplois dans les quotidiens ont été beaucoup plus nombreuses. Ce développement reflète l'évolution conjoncturelle favorable. S'agissant du nombre de chômeurs inscrits, les quelques 3000 à 3500 personnes en fin de droits, dont à peu près la moitié est encore enregistrée auprès d'un office de placement et donc toujours considérées comme chômeurs, ont également joué un rôle dans ces résultats.

Depuis le début de 1999, les prix du pétrole ont été fortement à la hausse, ceci suite au fait que les producteurs de pétrole ont convenu de réduire l'offre, mais aussi à cause d'une hausse de la demande liée à la reprise de la conjoncture mondiale. Ce renchérissement du pétrole, associé à la hausse du cours du dollar, a eu pour effet que le mazout se vendait plus de deux fois plus cher qu'au début 1999. Du côté des matières premières industrielles aussi, le renchérissement observé depuis le début de l'année 1999 s'est poursuivi, tandis que les matières premières alimentaires n'ont que peu renchéri et les prix sont restés à un faible niveau. En février 2000, l'indice des prix à la consommation dépassait de 1,6% le niveau de l'an passé. En excluant les produits pétroliers, l'augmentation s'élevait à 0,8%.

Durant cet hiver, la conjoncture mondiale s'est encore bien raffermie. On peut partir du principe que cette tendance se maintiendra au premier semestre 2000; les indices composites avancés concernant les pays de l'OCDE ont conservé leur tendance expansive. En Amérique du Nord, on table sur un affaiblissement de la croissance. La croissance restera faible et fragile dans un premier temps au Japon, mais forte dans les économies émergentes du Sud-Est asiatique et en Chine. En Europe occidentale, les perspectives se présentent favorablement, et les pays en transition d'Europe centrale notamment en profiteront aussi. En Amérique latine, les tendances à l'embellie se maintiendront.

Les différentes phases du cycle conjoncturel que traversent les principales régions économiques mondiales placent la politique économique devant divers défis. Aux Etats-Unis, la politique monétaire devra prévenir une accélération de l'inflation, avec une économie en plein emploi. Dans la zone euro, par contre, les capacités sont plutôt sous-exploitées et aucun problème de renchérissement ne se dessine. Au Japon, l'économie reste caractérisée par des développements déflationnistes.

Un risque, découlant de cet écart conjoncturel, réside dans le déficit croissant de la balance des opérations courantes américaine, mais celui-ci devrait s'atténuer prochainement. Si les investisseurs internationaux perdent confiance dans l'économie américaine et retirent leurs capitaux, les taux d'intérêt américains vont grimper et le dollar se dépréciera. Dans un tel scénario, le freinage de la conjoncture américaine entraînerait dans son sillage la conjoncture européenne et le reste de l'économie mondiale. Dans ce contexte, il faut aussi prendre en considération, la hausse de la fortune liée aux espérances de bénéfice supérieures et à l'augmentation des prix des actions qui génère une augmentation de la demande globale. Il est difficile de savoir aux Etats-Unis, jusqu'où l'offre va suivre l'expansion de la demande; mais en tous les cas, l'activité économique dépasse depuis quelque temps le sentier de croissance potentiel. Les taux d'intérêt ont augmenté, mais pas assez pour freiner la hausse de la demande globale et l'effet de frein émanant des taux d'intérêt relevés est éliminé par la progression des espérances de gain et par la baisse des primes de risque. Le resserrement de la politique monétaire sert à soutenir la hausse des taux d'intérêt, afin qu'aucun déséquilibre susceptible de perturber gravement la conjoncture ne se développe. Signalons encore le faible taux d'épargne des ménages américains et l'appréciation relativement élevée de certaines actions américaines, notamment dans le domaine technologique. Un effondrement sur ces marchés boursiers et une propension accrue à faire des économies de la part des ménages américains devrait infléchir nettement la conjoncture américaine, avec des répercussions sur les autres économies. Dans l'ensemble, la Commission considère toutefois que l'impact des incertitudes et des corrections effectuées sera néanmoins faible.

En partant notamment de l'hypothèse que la conjoncture mondiale conservera sa tendance expansive avant tout dans les pays de l'euro, l'économie suisse continuera à progresser tangiblement. La Commission constate que ses prévisions de décembre 1999 sont confirmées par les tendances qui prévalent. L'évolution du secteur extérieur restera vive. Grâce à une nette augmentation des revenus et un climat de consommation favorable, les ménages privés consommeront davantage. Les investissements en biens d'équipement n'échapperont pas aux pressions à la rationalisation et au renouvellement des assortiments. Les investissements d'extension des capacités de production vont gagner en importance. Dans le secteur du bâtiment et de l'immobilier, l'embellie se poursuivra. La construction de logements et l'activité de rénovation profiteront de la reprise conjoncturelle.

L'emploi progressera encore un peu. Le fait que la demande supplémentaire excédera les nouvelles entrées sur le marché du travail peut être mentionné. Les demandeurs d'emploi surtout seront moins nombreux et le nombre des chômeurs diminuera aussi, mais moins notablement. Les difficultés sur le marché de l'emploi, notamment du côté de la main-d'œuvre qualifiée, vont s'accentuer.

Le renchérissement restera stable. La marge de manœuvre relative à l'augmentation des prix augmentera un peu pour certaines catégories de biens, tandis que d'autres enregistreront encore des baisses de prix. La pression inflationniste, provoquée par le renchérissement des produits énergétiques, n'est que temporaire. Le renchérissement lié à l'appréciation du billet vert reste assez faible: les importations en provenance des pays de la zone euro dominent et la valeur extérieure du franc par rapport à l'euro est restée stable. Un potentiel d'inflation de nature monétaire n'est pas en vue.


Renseignements:
Max Zumstein
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Bettina Muller
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Secrétariat d'Etat à l'économie
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