Vers une vie nouvelle

Berne, 01.10.2022 - Remise des diplômes de l’EPFL, Ecublens, le 1er octobre 2022 Discours de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga

Seules les paroles prononcées font foi

Madame la Présidente du Grand Conseil

Monsieur le Conseiller d’Etat

Monsieur le Conseiller aux Etats

Madame la Syndique et Monsieur le Syndic

Mesdames et Messieurs les représentant.es des autorités communales, cantonales et fédérales

Mesdames et Messieurs les représentant.es des Ecoles polytechniques fédérales et des Universités

Monsieur le Président de l’EPFL

Chères et chers diplômé.e.s

Mesdames et Messieurs

C’est un jour de fête, pour chacune et chacun de vous, jeunes diplômé.e.s, pour vos proches bien sûr. Et pour les autres personnes distinguées.

Après des années de dur labeur, réjouissez-vous de ce moment sans fausse modestie : vous l’avez mérité.

Je sais, par ouïe dire, que l’EPFL n’est pas une promenade du dimanche, c’est dur et il faut s’accrocher.

Je sais aussi que ce haut-lieu du savoir est un puissant stimulant et que de vos cerveaux, de vos expériences pratiques et de votre intelligence collective naissent des réponses aux questions qui taraudent notre monde.

Profitez de ce temps suspendu avant de vous envoler vers le temps des responsabilités. Ce ne sera toujours pas une promenade du dimanche. Plutôt un trekking. Mais il sera captivant.

Depuis mon département où sont traités des thèmes parmi les plus brûlants du moment ET de l’avenir, je peux d’ores et déjà vous assurer d’une chose : nous avons besoin de vous.

En fait, je tombe quasiment tous les jours sur des diplômé.e.s de l’EPFL. Vous êtes partout. Que ce soit à la tête des CFF, à la tête de Swisscom ou à la direction de Nant de Drance, la gigantesque centrale de pompage-turbinage que nous venons d’inaugurer dans la Vallée du Trient.

Oui, nous avons besoin de gens comme vous pour façonner une vie meilleure pour la communauté

Ce que j’entends dire, de plus en plus souvent, est donc rassurant: le sens du travail importerait davantage à la jeune génération que «faire carrière».

Et bien, je pense que si vous cherchez un sens à votre travail, vous aurez beaucoup de chances de le trouver dans ces métiers que, grâce à votre formation, vous allez exercer.

Je suis ravie aussi d’apprendre que le nombre de femmes professeures a augmenté, et que l’une d’elles a gagné la prestigieuse médaille Fields.

C’est inspirant, pour les jeunes femmes, d’avoir des figures d’identification.

Et que rêver de mieux qu’une mathématicienne au sommet de la gloire pour tordre le clou à tous les clichés sur les femmes et les maths ?

Loin de moi l’idée de vous mettre la pression, mais je vous le dis quand même: nous comptons sur vous, toutes et tous.

Je vais surtout vous parler des domaines qui m’occupent.

Parce qu’il y a urgence climatique, bien sûr.

A laquelle est venue s’ajouter la crise énergétique mondiale, avec l’Europe comme épicentre.

Notre dépendance aux énergies fossiles est toxique, et même «diabolique», comme vient de le souligner votre président.

C’est un fait: en Suisse, nous couvrons 60% de nos besoins en énergie avec du gaz et du pétrole. Et 100% de ces énergies fossiles viennent de l’étranger.

Cette immense dépendance nous rend vulnérables.

  • Et nous met à la merci de régimes autocratiques.

Le dirigeant de la Russie le sait, lui qui a déclenché une guerre sur notre continent avant de fermer le robinet du gaz à ceux qui ont osé réagir.

Ceux qui misaient tout sur l’importation de pétrole et de gaz sont face à un cuisant échec.

La situation actuelle nous rappelle à quel point la production d’énergie renouvelable dans notre pays est vitale. Et à quel point il est sage de consommer avec modération.

J’en suis persuadée depuis toujours.

Dès mon arrivée au Département de l’énergie, des transports, de l’environnement et de la communication, j’ai réalisé qu’on ne pouvait plus continuer au rythme d’alors.

Il fallait un grand coup d’accélérateur pour réussir notre tournant énergétique.

Je me suis mis la pression.

  • J'ai fait prolongeré les aides aux énergies renouvelables.
  • Nous allons réduire les possibilités de multiplier les recour.
  • J’ai réuni, autour d’une table ronde sur l’énergie hydraulique, la branche, les cantons et les ONG qui défendent la nature. Ces acteurs se sont mis d’accord sur quinze projets de barrages prioritaires.
  • Nous avons favorisé le boom du solaire en permettant l’installation de panneaux sur les toits, et cela sans autorisation.
  • Et désormais nous mettons à disposition, gratuitement, les parois antibruit et les murs qui bordent les routes nationales.

Ce rythme soutenu en faveur de l’énergie renouvelable, le parlement l’a adopté lui-aussi.

Durant la session qui s’est terminée hier, il a décidé, dans une loi urgente que :

  • des panneaux solaires devront être posés sur chaque nouvelle construction à partir de 300 mètres carrés.
  • et que de grandes installations solaires seront autorisées dans les Alpes, mais pas partout, bien sûr.

Toutes ces mesures sont nécessaires et frappées du bon sens: elles créent des emplois passionnants – vous allez le découvrir - elles stimulent l’innovation et les entreprises de demain.

C’est un bienfait pour l’économie, et c’est un bienfait pour les gens.

Nous renforçons ainsi notre approvisionnement en énergie ET nous protégeons le climat. Il s’agit aussi de remplir nos objectifs, à savoir réduire pour moitié les gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre le zéro net en 2050.

Nous investissons, donc. Massivement.

Avec la nouvelle loi sur le CO2, nous allons soutenir financièrement celles et ceux qui veulent adopter un comportement respectueux du climat. Plutôt qu’augmenter ou introduire de nouvelles taxes.

Nous avons tiré les leçons du non à la loi CO2 de l’an passé: la population ne doit pas avoir le sentiment que la politique la punit.

Nous mettons plus de quatre milliards de francs sur la table. La plus grande partie ira au secteur des bâtiments, pour inciter les gens à changer leur chauffage à gaz ou à mazout.

A titre de comparaison, je rappelle que la Suisse dépense chaque année huit milliards de francs en gaz et en pétrole. De l'argent qui part à l' étranger.

La guerre en Ukraine, et les problèmes aigus d’approvisionnement qu’elle entraîne, a révélé au grand jour nos points faibles.

Nous ne pouvons plus nous voiler la face :

  • trop longtemps, nous nous sommes fiés au marché et aux importations.
  • Et les entreprises électriques suisses ont beaucoup investi à l’étranger mais trop peu dans notre pays.

Inspirons-nous de nos ancêtres qui, avec détermination, s’étaient lancés dans le progrès!

Après la Première Guerre mondiale, quand le charbon manquait, ils ont construit d'immenses barrages.

Ils ont électrifié la moitié du réseau ferroviaire. En 10 ans! Tant et si bien qu’aujourd’hui, nos trains roulent à 90% avec de l’énergie hydraulique.

Aujourd’hui, nous sortons de l’été de tous les superlatifs.

Le plus chaud, le plus sec, avec des forêts qui crissaient sous nos pas, des pâturages et des cultures brûlées par le soleil, des lacs sans eau, un Rhin rabougri, une navigation entravée. Et la moitié des centrales nucléaires françaises à l’arrêt.

Cette convergence d’événements fait que nous ne pouvons pas totalement exclure une pénurie, même si nous faisons tout pour l’éviter.

L’énergie est limitée.

Il serait vain de se plaindre, et même indécent envers les victimes de la guerre et les personnes contraintes à l’exil.

Pour que notre pays soit le mieux préparé possible, tout spécialement en prévision de l’hiver, le Conseil fédéral a pris des mesures.

Il a décidé, et cela avant la guerre déjà, de constituer une réserve hydraulique qui puisse fournir, si nécessaire, de l’électricité à la fin de l’hiver, quand les barrages sont normalement à leur niveau le plus bas.

Nous avons planifié aussi d’autres centrales de réserve.

Côté finances le Conseil fédéral a préparé un mécanisme de sauvetage pour le secteur de l’électricité, pour éviter que nos entreprises ne fassent faillite au pire moment.

Nous avons un but : renforcer l’approvisionnement en énergie de notre pays. C’est primordial pour les gens et pour l’économie.

Avec nos équipes, nous nous engageons sans compter.

Mais nous comptons aussi sur chacune et chacun.

C’est pourquoi nous avons lancé, avec les cantons et les milieux économiques, une campagne d’information pour mettre fin au gaspillage de l’énergie.

Pour finir, je ne veux pas gâcher l’ambiance non plus, mais je suis bien consciente que les hautes écoles sont très préoccupées par l’état de nos relations avec l’Union européenne.

Je sais que les échanges sont vitaux pour la recherche et l’innovation.

Il est crucial que la science parle à la politique ET à la population. C’était crucial durant la pandémie, ça l’est aussi dans les crises climatique et énergétique.

J’ai donc renforcé notre collaboration avec la science et confié un mandat à ProClim, le Forum sur le climat de l’Académie des sciences naturelles.

Ce mandat consiste à anticiper et décrire une Suisse durable et climatiquement neutre en l’an 2050.

Dans les domaines qui touchent mon département, je puis vous dire que, comme vous, nous sommes au carrefour des échanges européens.

Les lignes ferroviaires ne s’arrêtent pas aux frontières.

Nos réseaux électriques non plus : il y a 41 lignes d’interconnexion entre nos voisins et nous. Le courant y passe en continu.

Nous exportons notre électricité en été, nous importons en hiver. L’hydraulique suisse et l’éolien allemand se complètent.

Autrement dit: nous avons besoin de l’Europe comme d’une partenaire, et pas seulement comme on a besoin d’une cliente.

La guerre en Ukraine nous le montre plus que jamais: nous dépendons les uns des autres.

Cette agression nous rappelle aussi que nous formons une communauté de valeurs, un continent composé de pays démocratiques, peuplés de citoyennes et de citoyens libres de s’exprimer.

Il est temps de réaliser que cela ne va pas de soi.

Il est temps de renforcer nos liens avec l’Union européenne et sa vocation de paix.

Quant à vous, chères et chers diplômé.e.s, le moment est venu de déployer vos ailes vers une vie nouvelle.

J’espère pour vous, et pour nous, qu’elle sera belle, bienfaisante et bienveillante.


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