Allocution du 1er août à Fribourg
Berne, 01.08.2022 - Discours de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga (en français et en allemand)
(La parole prononcée fait foi)
Chères Fribourgeoises, chers Fribourgeois,
Concitoyennes et concitoyens,
Mesdames et Messieurs,
Quelle joie d’être avec vous en ce jour de Fête nationale !
A vous, je peux le dire sans autres : quand je viens à Fribourg, j’ai un peu l’impression de rentrer chez moi, de retrouver une part de ma Heimat.
J’ai vécu plus de sept ans ici, à l’âge où l’on forge sa personnalité…. Juste en face en de nous, il y a l’église Saint-Jean… J’étais alors l’organiste et j’accompagnais le chœur. Que de frissons et de délices !
J’habitais plus haut, près de la Tour Henri, cet emblème marquant de Fribourg, cette sorte de Herzog & de Meuron du XVe siècle !
On disait alors que la maison où je logeais serait bientôt démolie… En réalité, elle est encore là, non loin des lignes ferroviaires. Peut-être qu’à force de résister, elle sera elle aussi un jour inscrite au patrimoine…
Pour habiter ce quartier, il faut vraiment aimer les trains ! Je passais alors énormément de temps au piano et le bruit des convois – j’en ai compté jusqu’à 200 par jour - était parfois tellement fort, que je ne m’entendais plus jouer.
Mon amour du rail n’a pas souffert de cette cohabitation bruyante, bien au contraire ! Et ce n’est pas une déformation professionnelle de ministre des transports :
j’apprécie vraiment de me déplacer en train. En Suisse comme à l’étranger.
Je suis d’ailleurs allée en train de nuit à Vienne et en Freccia Rossa, le TGV italien - à Rome en visite présidentielle.
Mes hôtes – et surtout les services de sécurité – étaient un peu interloqués d’accueillir la présidente d’un Etat voisin à la gare.
Le train, pour moi, c’est le lieu de rencontres improbables, une sorte de salon où l’on prend le pouls du pays.
Quand j’étais en Ukraine en 2020, le président Volodymyr Zelensky m’a confié sa volonté de renforcer le rail.
Il me disait que les trains sont cruciaux pour le développement économique, mais aussi pour la cohésion du pays. Que les gens doivent pouvoir se rendre visite.
C’était avant que la guerre ne chamboule les perspectives.
Mais l’Ukraine continue encore de miser sur le rail pour sa reconstruction. Nous en avons parlé avec le ministre des transports lors de la Conférence de Lugano.
Mesdames et Messieurs,
Les crises révèlent l’état de nos infrastructures. Le Conseil fédéral veille à ce que la population dispose d’une infrastructure qui fonctionne bien en Suisse.
Nous n'investissons pas seulement dans les centres, mais dans tout le pays.
Cette volonté de n’oublier aucune région est inscrite dans l'ADN helvétique. Dans chaque recoin du pays, la population doit avoir accès aux infrastructures nationales pour pouvoir participer à la vie économique et sociale.
Cela ne vaut pas seulement pour le réseau ferroviaire, mais aussi pour les routes nationales et les télécommunications. Et pour l’approvisionnement en énergie, bien sûr.
Im Bereich Energie sind wir zurzeit ganz besonders gefordert. Wir haben uns zu lange darauf verlassen, dass wir jederzeit genug Öl und Gas importieren können.
Der Krieg in Europa und die Energiekrise, die dieser Krieg ausgelöst hat, führen uns deutlich vor Augen:
Erstens, wie verletzlich uns diese Abhängigkeit vom Öl und Gas macht.
Und zweitens, wie sehr wir auf Europa, auf unsere Nachbarn, angewiesen sind.
Auf beides gibt es eine Antwort, die mich zuversichtlich stimmt:
Wir können - und wir müssen - viel mehr Energie in unserem Land produzieren. Und zwar erneuerbare Energie, die gleichzeitig auch eine Antwort auf die Klimakrise ist.
Euch muss ich das in der Stadt Fribourg nicht erzählen. Eure Energiepolitik ist schon heute vorbildlich. Und ihr habt deshalb ja auch den Goldstandard des Labels „Energiestadt“ bekommen - sozusagen den energiepolitischen Nobelpreis.
Es gibt aber auch den zweiten Punkt. Er betrifft unsere Nachbarn. Wir sollten die Beziehungen zu unseren Nachbarn, zu Europa, wieder stärker pflegen.
Europa ist unser wichtigster Partner, wenn es um die Energieversorgung geht.
Europa ist aber auch unser wichtigster Verbündete, wenn es darum geht, Demokratie und Freiheit zu verteidigen.
C’est clair, en étant au cœur de l’Europe, nous ne pouvons pas jouer les électrons libres, car nous sommes étroitement en lien avec les pays voisins.
A l’heure de l’électrochoc, la solidarité est capitale. La solidarité est une voie à deux pistes, pas un sens unique.
Nous l‘avons vu avec la pandémie, nous le voyons avec la guerre en Ukraine et l‘accueil des réfugiés. La solidarité est une valeur primordiale et les Suisses et les Suissesses savent la pratiquer sans compter.
Chers concitoyens,
Nous sommes le 1er août. J’avais l’intention de vous parler de fête, des contacts confédéraux, d’amour pour la Suisse et je suis en train d’égrainer les crises qui nous minent depuis plus de deux ans désormais.
Pourtant, notre pays a fait face. Et c’est aussi grâce à l’Etat, qui a joué son rôle en fixant un cadre, en investissant et en veillant à ce que les gens aient ce dont ils ont besoin.
Je suis confiante aussi pour l’énergie, le tournant énergétique est à notre portée. Même s’il faudra peut-être serrer les dents à certains moments et rogner un peu sur notre confort cet hiver.
Mais en quelque sorte, la crise actuelle peut aussi être une chance. Il y a 100 ans, la Suisse était très dépendante du charbon.
Elle a alors misé sur l’énergie hydraulique en faisant courageusement de gros investissements dont nous profitons encore.
En dix ans seulement, la Suisse a électrifié la moitié du réseau de chemin de fer.
Je mesure aujourd’hui la chance que j’ai eu de ne pas vivre près de la Tour Henri il y a 100 ans. Si je pense à toute la fumée et à la poussière noire que j’aurais subi!
Aujourd’hui, nous sommes encore infiniment reconnaissants à nos ancêtres d’avoir fait tout ça pour nous.
Et maintenant, c’est à notre tour !
J’en suis persuadée : nous avons non seulement le savoir, mais aussi la volonté d'assumer notre responsabilité envers les générations futures.
Prenons les choses en main et veillons à que la Suisse ne laisse pas passer le train.
Ensemble, nous allons relever les défis.
Mesdames et Messieurs, vive la Suisse !
Et belle fête nationale à vous toutes et tous !
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