Discours - 49e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU

Genève, 28.02.2022 - Allocution du président de la Confédération Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères DFAE, prononcée à l’occasion de la 49e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU - Seul le texte prononcé fait foi.

Monsieur le Président du Conseil des droits de l’homme,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Madame la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite la bienvenue dans la Genève internationale pour cette 49e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Attachée à sa longue tradition d’État hôte, la Suisse est fière d’accueillir sur son territoire le siège de nombreuses organisations internationales, et notamment celui du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Sur la base de conventions universelles, cette instance apporte une contribution fondamentale au respect, à la protection et à la promotion des droits de l’homme dans le monde. Le Conseil permet non seulement de dénoncer les violations des droits de l’homme, mais également d’exiger la reddition de comptes et de prévenir de nouvelles violations.

Guerre en Ukraine
Aujourd’hui, nous sommes tous témoins d'une évolution que la plupart d'entre nous n'aurait pas crue possible. La guerre règne à nouveau au cœur de l'Europe. Je suis profondément attristé de devoir faire ce constat aujourd'hui à Genève, ville emblématique de la paix, des droits de l'homme, de l’humanitaire et du multilatéralisme. Je tiens également à exprimer ma grande compassion pour les millions de personnes touchées par cette guerre insensée en Ukraine. La Suisse condamne avec la plus grande fermeté l’attaque de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, qui constitue une violation flagrante du droit international, notamment de l’interdiction du recours à la force et du principe de l’intégrité territoriale des Etats. L’intervention militaire de la Fédération de Russie est contraire aux principes les plus élémentaires de la Charte des Nations Unies, qui ont été bâtis sur les ruines de deux guerres mondiales. Soyons clairs : les tentatives de la Fédération de Russie pour légitimer son action ne sont pas crédibles : il n’y a eu une aucune provocation permettant de justifier une telle intervention. Nous réitérons notre appel à la Fédération de Russie à cesser immédiatement les combats en se retirant de l'Ukraine et à prendre des mesures de désescalade militaire. L’invasion russe en Ukraine a déjà fait de nombreuses victimes, notamment parmi la population civile. Des milliers de personnes ont dû fuir leur domicile et le pays.

La Suisse appelle les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme. La population civile et les personnes hors de combat, particulièrement les prisonniers de guerre et autres détenus doivent être protégées et traités avec humanité. La mission médicale, c’est-à-dire, les patients, le personnel médical, les infrastructures et transports médicaux – même de la partie adverse - doivent être protégés dans toutes les circonstances. Dans ce contexte, nous appelons toutes les parties à garantir un accès humanitaire rapide et sans entraves.

Mesdames et Messieurs,
La situation actuelle a également de graves répercussions dans la Fédération de Russie elle-même. La nouvelle obligation faite à tous les médias du pays de n'utiliser que des informations provenant de sources officielles russes lorsqu'ils rendent compte de l'intervention militaire russe en Ukraine constitue une restriction grave de la liberté des médias. Dans la situation actuelle, il est de la plus haute importance que le peuple russe puisse s'informer librement et indépendamment sur les événements et librement s’exprimer. A ce titre, nous condamnons les arrestations des manifestants qui protestent pacifiquement en Russie contre l’invasion de l’Ukraine. 

Proposition concrète
Je suis convaincu que les institutions des droits de l'homme à Genève peuvent apporter une contribution importante en faveur de la protection des droits de l'homme et du droit international humanitaire en Ukraine. Au cours de cette session, j’invite ainsi la communauté internationale à mener des réflexions sur le développement et le renforcement des outils de surveillance des droits de l'homme de l'ONU en Ukraine. Nous devons nous donner les moyens d’assurer que les personnes ayant commis des violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire soient amenées à rendre des comptes. A ce titre, la Suisse soutient la demande d’un débat urgent au cours duquel les thèmes correspondants pourront être discutés de manière encore plus approfondie.

Session du Conseil
Mesdames et Messieurs,
Cette session du Conseil des droits de l’homme sera certes marquée par ces événements dramatiques, mais nous ne devons pas oublier les autres sujets qui vont nous occuper. Au cours des prochaines séances, je vous invite ainsi à garder à l’esprit que notre stabilité et notre prospérité sera mieux garantie dans un monde dans lequel les droits fondamentaux de tous les individus sont respectés quelques soit leur genre, leur religion, leur origine ou leur langue. Notre diversité est source d’innovation, l’ignorer met en péril le développement durable et les droits économiques sociaux et culturels.

Conseil de sécurité de l’ONU: les atouts de la Suisse au niveau multilatéral
Nous sommes convaincus que le respect des droits de l'homme est un élément central de la prévention des conflits. Il renforce les institutions démocratiques et la pluralité politique et, par conséquent, la rationalité dans les processus de décision. A ce titre, la Suisse s'engage pour que les droits de l'homme soient davantage pris en compte dans le pilier "Paix et sécurité" de l'ONU et que les interactions entre les trois piliers de l’ONU soient renforcées. Généralement, la Suisse soutient les efforts visant à renforcer la capacité d’action de l’ONU. Notre candidature à un siège au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2023-2024 s’inscrit dans cette optique. Vingt ans après avoir rejoint l’organisation, la Suisse souhaite obtenir ce siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour poursuivre son action en faveur de la paix, du droit international, du développement durable, du multilatéralisme et des droits de l’homme.

Je vous remercie de votre attention.


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