Le Comptoir suisse, lieu de rencontre et de dialogue

Lausanne, 21.09.2018 - Discours de M. le Conseiller fédéral Johann N. Schneider-Ammann, chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) La version orale fait foi

Madame la Présidente du Conseil d’Etat

Mesdames et messieurs les Conseillères/Conseillers  d’Etat,

Monsieur le Syndic,

Mesdames et messieurs les représentants des autorités fédérales, cantonales et communales,

Chers visiteuses et visiteurs du Comptoir,

Chers Vaudoises et Vaudois,

Chers amis,

C’est un grand plaisir d’être une nouvelle fois avec vous pour cette grande tradition de votre canton :
le Comptoir Suisse!

C’est un évènement qui marque la rentrée après la pause estivale comme l’OLMA de St Gall marque la fin de la saison agricole.

Les traditions sont fortes dans votre canton, et je m’en réjouis. Car le Comptoir est une tradition : 99 éditions, presque centenaire !

Les traditions, les cantons en ont tous.
Je m’en réjouis d’ailleurs.
Petites ou grandes,
les traditions, c’est ce qui nous rassemble.
Les traditions, c’est ce qui unit.
Les traditions, c’est ce qui nous rend plus forts.

J’ai le même plaisir d’assister au défilé de l’Escalade à Genève que celui du Sächselüte à Zürich.
Les Carnavals de Bâle ou de Berne me réjouissent tout autant.

Ce qui est fantastique,
Mesdames et Messieurs,
c’est que la tradition n’a jamais été un obstacle à la modernité en Suisse.

Bien au contraire. C’est le point d’appui sur lequel la modernité suisse se construit. La pierre de touche.

La Suisse est certes un pays de traditions.
Mais c’est aussi un pays qui sait s’en nourrir pour se transformer, changer, s’adapter.

Le progrès, nous le savons tous, peut désorienter.

Si nous ne perdons pas nos ancrages,
c’est parce que nous avons des repères qui assurent la continuité dans les générations.
Le Comptoir est à mon sens un de ces repères.

Nombre d’entre vous l’ont sans doute déjà visité enfants.
Et sans doute déjà vos parents ont arpenté Beaulieu en culottes courtes.

Le Comptoir c’est un vrai un repère dans notre monde en constante évolution.
Mais c’est aussi un des agents du changement,
un témoin de la transformation de la Suisse romande et de notre pays.

Pendant presque 100 ans, le Comptoir a joué le rôle de fenêtre de la modernité.
Il a accompagné la construction de notre économie moderne en Suisse romande et a initié les Vaudois et les Suisses romands à la prospérité qu’elle crée.

Si je dis tout ceci, c’est que je sais bien sûr que le Comptoir est aujourd’hui à la croisée des chemins.

Alors qu’internet a rendu tous les biens de consommation accessibles en un seul click,
le Comptoir ne peut plus se contenter de les rassembler sous un seul toit.

Je sais que la direction explore différentes voies pour proposer de nouvelles expériences aux visiteurs.
Je ne peux que l’encourager sur cette voie.

Des possibilités existent.
Car les Vaudois, comme tous les Suisses ont soif d’expériences authentiques et de vraies rencontres.

Nous ne pouvons pas les vivre si nous ne nous rassemblons pas de temps en temps comme aujourd’hui,
ici, à Lausanne, au Palais Beaulieu.

Pendant des dizaines d’années, le Comptoir a présenté les nouveautés et les innovations à ses visiteurs. Aujourd’hui, c’est à son tour d’innover.

Je suis sûr qu’il y parviendra.
Il plonge non seulement ses racines dans une terre riche coutumes et traditions.

Il est aussi au cœur d’une région industrielle forte, innovatrice, à la pointe des technologies et de la digitalisation.

L’arc lémanique,
Vaud en tête, a su,
au cours des 30 années écoulées,
à renouveler son tissu d’entreprises.

La région a su s’appuyer sur l’immense savoir scientifique accumulé par ses hautes-écoles, EPFL, Uni de Lausanne, mais aussi la Haute-Ecole de la Suisse occidentale.

Oui, j’en suis conscient, la Suisse alémanique ne réalise pas toujours l’immense changement que le Pays de Vaud a traversé au cours du quart de siècle écoulé.
Ils pensent toujours que c’est le quart d’heure vaudois qui définit le mieux Vaud et la Suisse romande. J

Mais je peux vous l’assurer : votre ministre de l’économie sait. Il s’en réjouit tous les jours.

Des nouvelles places de travail, plus intéressantes, plus prometteuses, plus enrichissantes y ont été créés.
Ils contribuent à créer notre prospérité de demain.

Cela vous vaut tout mon respect.

La Suisse romande sait prendre avantage des trois garants de notre succès et de notre prospérité :

  • Une formation et une recherche de pointe.
  • Un marché du travail libéral.
  • Un dialogue social qui garantit que personne ne reste au bord du chemin et qui assure que tout conflit trouve une solution dans le consensus.

Si les deux premiers semblent pour l’heure assurés, je m’inquiète aujourd’hui pour le troisième : le dialogue !

Mon expérience personnelle de ces derniers mois m’a découvrir une dérive qui me préoccupe.
De plus en plus de représentants de partis, syndicats ou groupes d’intérêts préfèrent désormais un succès tactique à court terme.

J’en suis convaincu : cela va au détriment de l’intérêt du pays tout entier.

Bien sûr, je ne suis pas naïf :
on entre en année électorale.

Mais par le passé cela n’a jamais empêché que la discussion sur les dossiers importants pour notre avenir se poursuive.

Si la culture du dialogue devait se perdre dans notre pays,
si les rapports de force devaient s’exprimer plus souvent de façon frontale,
la capacité d’action du Conseil fédéral en fera peut-être les frais à court terme.

Mais à plus long terme, c’est la cohésion de notre pays qui pourrait en devenir la victime.
Et avec elle notre prospérité économique.

Le rapport entre Tessinois, Romands et Alémaniques est basé sur ce dialogue.
Un dialogue enrichissant.
Un dialogue qui permet de trouver des solutions qui garantissent l’avenir économique du pays tout entier.

Et si c’est nécessaire, c’est le peuple qui tranche.
Ce dimanche, par exemple, il nous dira ce que doit être notre agriculture de demain.

J’espère qu’il dira non aux deux initiatives agricoles Fair-Food et Souveraineté alimentaire.
Pas pour moi, pas parce je le souhaite.
Pas parce que je suis un libéral.
Mais pour la famille Streit de Rosshäusern,
dont j’ai visité l’exploitation la semaine dernière.

Ils élèvent des bœufs Galloway.
Ils font des vers à soie.
Ils gèrent un bed & breakfast.

C’est une ferme moderne, orientée sur le marché, soucieuse de l’environnement et animée par l’esprit d’entreprise.
Les trois piliers de la politique agricole que je veux établir.

La famille Streit n’a pas besoin que l’Etat lui dise que faire.  
Elle n’a pas besoin de Fair-Food, ni de la Souveraineté alimentaire.
Mais c’est le peuple qui dira demain s’il fait confiance à l’esprit d’entreprise de la famille Streit et de milliers d’autres familles d’agriculteurs qui partagent son esprit d’entreprise. L’esprit du Comptoir suisse !

J’espère qu’ils auront cette confiance ce dimanche.

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de conclure.
Le Comptoir a été tout au long de son histoire un lieu de découverte, de rencontre et de dialogue.
Pour les Vaudois tout d’abord.
Mais aussi pour les Alémaniques qui y viennent à la rencontre des Romands.

Je formule le vœu que le Comptoir suisse trouve son nouveau visage au moment de sa 100e édition.
Un visage qui reflètera encore plus que par le passé le dynamisme et l’inventivité de la région.
Un visage qui séduira les Vaudois, mais aussi tous les Suisses.
Un visage qui invitera à découvrir l’arc lémanique, ses traditions, sa gastronomie et l’incroyable créativité de cette région.

Je suis persuadé que le Comptoir suisse,
cher au cœur des Vaudois et Vaudoises et de nombreux Suisses alémaniques trouvera ce nouveau visage.

 


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