Laudatio de M. Dominique de Buman

Berne, 29.11.2017 - Allocution de M. le Conseiller fédéral Guy Parmelin Chef du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) à l’occasion de l’ accession de M. Dominique de Buman à la présidence du Conseil national à Fribourg, le mercredi 29 novembre 2017.

Seul fait foi le texte effectivement prononcé

Monsieur le Président du Conseil national,
Cher Dominique de Buman,

La politique est un terrain mouvementé et capricieux. Chaque pas que l’on y hasarde constitue en soi une expérience improbable, pouvant conduire de l’ombre à la lumière, ou inversement. Ainsi, il n’est pas rare de voir certains talents prometteurs brutalement congédiés, quand d’illustres inconnus finissent par déjouer tous les pronostics électoraux. Il y a dans la politique, « premier des arts et dernier des métiers », comme l’analysait Voltaire, quelque chose relevant de l’exercice acrobatique.

Dans ces conditions, faire simplement carrière – c’est-à-dire mener son char sur le chemin, comme le veut le sens latin originel – s’avère une tâche de chaque instant pour obtenir du citoyen qu’il perçoive les compétences réelles par-delà la pellicule des apparences.

Dieu merci – et l’on ne m’en voudra pas d’adresser cette Action de grâce sous des voûtes sacrées – la règle connaît des exceptions. A ce titre, l’élection de Dominique de Buman à la présidence du Conseil national en est la démonstration éloquente.

« Bon sang ne saurait mentir », affirme un adage populaire. Elle prend tout son sens dans le cas de l’illustre famille de Buman, dont la longue ascendance a donné au mot « service » une éclatante et fidèle interprétation à travers les âges.

C’est dire qu’il me plaît aujourd’hui, et qu’il m’honore également, de pouvoir représenter le Conseil fédéral à cette cérémonie qui marque sans le moindre doute – jusqu’ici du moins – le point culminant du parcours politique de Dominique de Buman. Au surplus, elle vient le confirmer en tant que continuateur d’une haute lignée qui, depuis le Moyen Âge déjà, n’a cessé de s’engager au profit de la res publica, c’est-à-dire dans les affaires publiques, mais avec le souci de l’intérêt public, ce qui n’est pas le moindre des mérites pour un élu digne de ce nom.

Accéder à la présidence du Conseil national signifie à ce titre bien plus qu’une installation confortable dans ce fauteuil de prestige du haut duquel s’exerce la maîtrise du temps et des débats. De la manière d’accomplir ce mandat dépendent rien de moins que le bon déroulement de ces derniers et, partant, la confiance que le souverain est en droit de placer dans cette institution essentielle pour l’expression vivante de notre démocratie.
Ce point résonne d’un écho particulier dans un pays qui a fait du consensus le pivot de sa vie politique depuis 1848. Vous aurez donc, Monsieur le Président, la lourde tâche de veiller en toute indépendance non seulement à ce que cette démocratie ait voix au chapitre, mais encore à ce que sa voix puisse être modulée dans un double souci d’harmonie et de hauteur.

Il ne m’appartient pas de vous donner ici des conseils et encore moins de vous dicter une ligne de conduite. La séparation des pouvoirs vous met à l’abri de ce genre de recommandations de ma part. Cependant, je crois me souvenir que nous étions entrés ensemble au Conseil national, il y a maintenant déjà quatorze ans. Cette ancienneté partagée a permis de fonder, outre notre sympathie mutuelle, notre propre opinion sur la façon d’exercer au mieux les hautes responsabilités qui vous incombent désormais, en nous autorisant au passage la liberté savoureuse de quelques comparaisons que nous garderons évidemment pour nous.

Une réflexion toutefois s’impose : notre époque étant celle de l’image et de l’exemplarité, il faut accepter que le personnel politique, depuis l’assemblée villageoise jusqu’au Conseil fédéral, soit évalué à cette aune. En d’autres termes, il ne faut pas sous-estimer les effets induits par l’exposition de la fonction qui est la vôtre. Nous avons la chance de vivre dans un pays qui affiche une grande confiance en ses institutions : sa police, sa justice ou encore son système politique. Cette confiance constitue la richesse de notre capital social et la source de bienfaits dont nous profitons en nombre, et que nous sommes également légion à prodiguer par nos mécanismes de solidarité. Pour autant, cette situation ne sera que fugitive si l’on ne s’emploie pas à la consolider. La politique, pour beaucoup de nos concitoyens, a fortiori s’ils sont lecteurs de Machiavel, passe pour être fille du Renard et du Lion, dégagée à ce titre – estiment-ils – de scrupules moraux. Demain, peut-être, seront-ils plus nombreux encore à rejeter le « système », comme ils le désignent avec scepticisme, aspirant vainement à une gouvernance idéalisée qui les affranchirait, dans son infinie perfection, des contingences qui leur sont désagréables.

A cette chimère, nous devons opposer une action politique et publique réaliste, sincère, franche et transparente. Votre nouvelle charge, prenant appui sur votre riche expérience communale, cantonale et fédérale, devrait donc elle aussi être le reflet de cette approche, la seule au fond qui garantisse quelque chance de succès à nos entreprises personnelles.

Mais mon éloge ne serait pas complet si je me contentais d’évoquer les vertus indispensables à un exercice réussi de la fonction de président du Conseil national. Car les réalités de votre quotidien seront parfois bien prosaïques : vous aurez à négocier des passages difficiles, à faire accélérer la cadence, ou au contraire à freiner les ardeurs. Vous aurez en outre à faire preuve d’un sens aiguisé de l’anticipation, à demeurer maître de vous-même et à rester visible en toute circonstance. C’est vous dire que vos qualités de motocycliste chevronné ne seront pas de trop pour piloter les travaux de la Chambre.

Au nom du Conseil fédéral, je vous souhaite donc bonne chance, plein succès et grand plaisir pour cette nouvelle étape qui fait honneur au Pays de Fribourg, et qui fait honneur à notre pays tout court.

Je vous remercie de votre attention.


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