Trois priorités pour le dialogue et l’action commune: la prévention des conflits, le renforcement des capacités collectives et la mise en œuvre réelle des droits de chaque être humain

Berne, 27.02.2017 - Genève, 27.02.2017 - Allocution du conseiller fédéral Didier Burkhalter à l'occasion de l'ouverture de la 34ème session du Conseil des droits de l'homme - Seul le texte prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs, et chers amis,

Soyez toutes et tous les bienvenus en Suisse ! Bienvenue dans mon pays et dans cette cité de Genève, qui – constamment – accueille les Nations Unies dans leurs efforts de paix, dans leur volonté de développement et dans leur promotion des droits de l’homme. Bienvenue aussi dans ce Conseil qui – constamment – mesure les battements du cœur de notre monde, des valeurs universelles et de l’action en faveur des droits de l’homme.

Notre monde : il est devenu plus incertain ; plus dur aussi.

Des zones de conflits se transforment en espaces sans droit. En Syrie, au Yémen, au Soudan du Sud ou ailleurs, la population souffre énormément. Même les organisations humanitaires sont dans la ligne de mire et mêmes les hôpitaux sont pris pour cible. Les hommes, les femmes et les enfants, par millions, ont dû fuir et se jeter sur les dangereuses routes de la migration. Là encore où les droits s’effacent devant la violence.

Une violence relayée par les groupes terroristes qui foulent au pied les valeurs de l’humanité; devant cette menace, de nombreux Etats répondent par d’autres violences : des entraves à la société civile, le recours à la peine de mort, la remise en cause de l’interdiction de la torture.

Dans cette logique, notre monde devient plus incertain et plus dur aussi à l’égard des libertés : exprimer son opinion devrait être une évidence ; cela reste trop souvent un danger. S’engager pour les droits de l’homme ? Oui, mais l’on risque d’en payer le prix par la liberté ou la vie. Dans les fracas du temps présent, on entend moins les cris de liberté et davantage les discours de repli sur soi ; on perçoit moins la volonté d’action commune que la remise en cause du cadre international des droits de l’homme.

Et pourtant, c’est exactement du contraire dont on a besoin. Il faut davantage de libertés et de droits pour avoir plus de paix et de développement. Réduire les discriminations et les violations des droits, c’est réduire les frustrations et le ressentiment des individus des hommes ; c’est renforcer la société qui les relie entre eux.

Bref : face aux questions de ce monde plus incertain et plus dur, les droits de l’homme sont précisément une réponse forte que l’on peut donner ensemble. Une réponse pour la paix, la prospérité et la sécurité de tous.

Mais pour que cette réponse soit vraiment forte, pour qu’elle atteigne concrètement les gens aux quatre coins du monde, elle doit être commune. On doit en débattre entre tous – en particulier ici même au Conseil des droits de l’homme de Genève. On doit se parler et s’écouter ; et on doit agir ensemble.

Mon pays, la Suisse, vous propose trois priorités pour ce dialogue et cette action en faveur des droits de l’homme :
Première priorité : nous devons mettre beaucoup plus de forces communes dans la prévention de la violence et des conflits. La valeur ajoutée des institutions multilatérales se mesure à leur capacité réelle de réduire les menaces pour la paix et la sécurité.

C’est principalement là, dans la prévention, que veut contribuer  la Suisse. Nous constatons l’identité de vues avec la volonté du nouveau Secrétaire général de l’ONU de mettre à la prévention et à la médiation au centre de l’action. La Suisse renforce ses capacités de médiation et celles de notre monde commun: en étroite collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, nous participerons, dès cette année et avec d’autres pays, à un Master en médiation pour la paix. Ensemble, nous allons former la nouvelle génération de médiateurs.

Par ailleurs, ce Conseil des droits de l’homme peut jouer un rôle essentiel dans la prévention des conflits s’il se fait entendre suffisamment tôt. C’est le but de l’Appel lancé le 13 juin 2016 dans cette enceinte par la Suisse et une septantaine d’autres Etats pour mettre les droits de l’homme au centre de la prévention des conflits.

Nous voulons renforcer les échanges entre Genève et New York. Des pas se font dans la bonne direction : par exemple, le débat au Conseil de sécurité, en décembre dernier, sur le renforcement des droits des femmes, qui a mis en lumière comment la collaboration entre le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, à Genève, et le Conseil de sécurité, à New-York, peut être renforcée. Ou encore, la discussion de cet après-midi, ici même, spécifiquement dédiée à la contribution des droits de l’homme dans la consolidation de la paix. On avance et je vous remercie de participer tous à ce mouvement.

Deuxième priorité pour le dialogue et l’action en faveur des droits de l’homme : nous devons renforcer nos capacités collectives.
Ainsi, nous vous proposons de nous mobiliser afin que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme dispose des moyens de mener à bien ses activités. La Suisse veut montrer l’exemple et a l’intention d’augmenter son soutien financier au Haut-Commissariat dès cette année.

Renforcer nos capacités collectives, c’est également garantir un Conseil des droits de l’homme efficace, où les discussions sont transparentes et permettent à tous – y compris les défenseurs des droits de l’homme - d’interagir librement. Concrètement, mon pays apportera sa contribution en tant que membre de ce Conseil et Vice-président en 2017, ainsi que par le passage à l’Examen périodique universel en novembre.

Renforcer nos réponses collectives, c’est encore s’engager ensemble pour affronter les défis de notre temps. A l’exemple de l’engagement pour le pacte mondial sur la migration. Ce n’est qu’ensemble, en coopération et en partenariats, que nous apporterons des réponses à la migration. L’élaboration du pacte mondial est une chance de travailler ensemble sur les causes profondes de la migration, de tenir compte de la vulnérabilité des migrants et de faire en sorte que les droits de l’homme soient une solution aux problèmes.

La Suisse est prête à s’engager fortement dans  ce pacte mondial sur la migration et à mettre l’expertise et la plateforme de Genève à disposition de tous.

Troisième priorité pour notre dialogue et notre action : nous devons travailler ensemble à la mise en œuvre des droits de l’homme et donc aussi à la lutte contre l’impunité des auteurs des violations. C’est une question de justice et de paix durable.

A cet égard, la Suisse va soutenir financièrement dès maintenant le nouveau mécanisme international, établi à Genève et chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie depuis mars 2011. Il faut éviter que le climat d’impunité contribue à pérenniser les conflits.

Mesdames et Messieurs, et chers amis,

Alors que vous vous apprêtez à écrire une nouvelle page de ce Conseil des droits de l’homme, nous vous souhaitons tout simplement un bon travail. Et nous vous remercions de vous engager, ensemble, dans ce dialogue et dans cette action : pour la prévention des conflits, pour le renforcement de nos capacités collectives, pour la mise œuvre réelle des droits de chaque être humain dans ce monde que nous partageons.


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