Plateforme sur les Analyses de cycles de vie en Agriculture: comment parvenir à une gestion durable des exploitations ?

Zurich, 21.09.2016 - Les agricultrices et les agriculteurs doivent faire face à des attentes de plus en plus élevées: ils doivent adopter un mode de production «durable», c’est-à-dire produire de manière économiquement efficiente tout en respectant des critères sociaux et environnementaux. Des méthodes d’évaluation de la durabilité sont développées. Mais qu’en est-il de leur application dans la pratique? La neu-vième plateforme sur les analyses de cycle de vie en agriculture organisée par Agroscope sur le site de Reckenholz à Zurich a présenté les enjeux et les facteurs de réussite du management de la durabilité.

Comment les chef/fes d’exploitation peuvent-ils identifier les forces et les faiblesses de leur exploitation et en tirer des conclusions pour une gestion plus durable? Quelle influence l’échange entre la recherche et la pratique a-t-il sur les exploitations ? Agroscope évalue différentes approches de management de la durabilité en fonction de leur potentiel pour les exploitations agricoles. Des cas pratiques en Italie et en Autriche ont également été étudiés dans ce but. «Une collaboration efficace entre la science et la pratique agricole peut par exemple conduire à améliorer les performances environnementales, mais aussi les revenus», explique le responsable de projet Daniel Baumgartner à l’occasion de la plateforme sur les analyses de cycles de vie en agriculture.

De la théorie à la pratique

Agroscope s’efforce de faire évoluer la méthode établie des analyses de cycles de vie de façon à ce que tous les domaines de la durabilité des exploitations puissent être évalués. «Nous sommes en train de mettre sur pied une série complète d’indicateurs quantitatifs», déclare Gérard Gaillard, responsable du groupe de recherche Analyses de cycles de vie. Parallèlement, des méthodes d’évaluation environnementales existantes sont affinées et étendues. Des chercheurs/euses ont ainsi montré comment la méthode «Swiss Agricultural Life Cycle Assessment (SALCA) a pu être appliquée avec succès à une série d’exploitations agricoles en Autriche. Pour y parvenir, plusieurs des modèles sur lesquels se base la méthode ont dû être adaptés aux spécificités régionales autrichiennes. Les résultats montrent d’une part que SALCA est une méthode polyvalente et, d’autre part, que beaucoup de recherches sont encore nécessaires en ce qui concerne la régionalisation et l’internationalisation.

En Autriche, la station de recherche Höhere Bundeslehr- und Forschungsanstalt de Raumberg-Gumpenstein a intégré la méthode d’analyse de cycles de vie dans l’outil de conseil «FarmLife». C’est devenu une nouvelle « boîte à outils » pratique, disponible en ligne. Les exploitations agricoles y saisissent des informations sur l’emploi des moyens de production, sur l’exploitation des surfaces et sur la détention des animaux selon les règles de la comptabilité classique. Les impacts environnementaux, l’emploi des ressources et la situation économique sont ensuite calculés à partir de ces données. Un feedback individualisé apporte aux agricultrices et aux agriculteurs une vue d’ensemble globale et détaillée de la durabilité de leur exploitation.

Exploiter au mieux le potentiel des exploitations de montagne

Dans les régions de montagne, rentabiliser l’exploitation des terres représente un défi. Les résultats de recherche ont montré que les impacts environnementaux de la production en région de montagne peuvent souvent être plus élevés qu’en plaine du fait des rendements plus bas. Une coopération entre les exploitations de plaine et celles de montagne peut dégager des synergies appréciables. Dans le cadre du projet de recherche européen CANtogether (Crops and Animals Together), Agroscope a pu montrer, à partir de 16 exploitations de vaches laitières, qu’une telle coopération permettait non seulement de réduire les impacts environnementaux, mais également la charge de travail par kilogramme de lait, sans pour autant que l’exploitation de montagne ne subisse de pertes économiques.

Dans un autre projet de recherche, financé par le Fonds national suisse dans le cadre du programme national de recherche PNR 69 «Alimentation saine et production alimentaire durable», Agroscope a calculé la performance environnementale globale et locale des exploitations. La performance environnementale «globale» se réfère à l’ensemble de la chaîne de production jusqu’à la porte de l’exploitation et décrit la capacité d’une exploitation à produire la maximum de denrées alimentaires avec le minimum d’impacts sur l’environnement. La performance environnementale «locale» se limite aux impacts environnementaux qui sont issus de l’exploitation proprement dite comme l’acidification ou l’eutrophisation; elle représente la capacité d’une exploitation à réduire au minimum la pollution environnementale locale. Un échantillon d’exploitations de production laitière de montagne montre que les interactions sont complexes: les premiers résultats indiquent parfois des conflits d’objectifs entre la réduction des pollutions environnementales globale et locale. D’autres travaux de recherche sont nécessaires pour approfondir cette analyse et pour étudier comment les facteurs liés à la technique de production se répercutent sur la performance environnementale locale et globale.

Analyse de réseaux d’exploitations à l’aide d’analyses de cycles de vie

Dans le cadre du projet de recherche européen CANtogether, Agroscope a comparé des exploitations mixtes et des exploitations spécialisées. 87 exploitations agricoles suisses d’élevage bovin (66 PER, 21 Bio) ont été évaluées pour connaître leurs différents impacts environnementaux. Ces derniers se référaient aussi bien à la quantité d’énergie digestible produite par l’exploitation qu’à la surface agricole utile.

Il s’est avéré que les exploitations extensives avec de faibles intrants en moyens de production affichaient des impacts environnementaux par hectare qui étaient plus favorables. Les impacts environnementaux rapportés à l’énergie digestible produite par les exploitations intensives ayant un fort pourcentage de grandes cultures sont inférieurs. Cela montre bien que suivant l’angle d’observation, les facteurs d’influence ne sont pas les mêmes.


Adresse pour l'envoi de questions

Gérard Gaillard, responsable du groupe de recherche Analyses de cycle de vie
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU
Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich, Suisse
gerard.gaillard@agroscope.admin.ch
+41 58 468 73 50

Daniel Baumgartner, chef de projet groupe de recherche Analyses de cycles de vie
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU
Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich, Suisse
daniel.u.baumgartner@agroscope.admin.ch
+41 58 468 71 72

Ania Biasio, Service Médias
Corporate Communication Agroscope
Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich, Suisse
ania.biasio@agroscope.admin.ch,
+41 58 468 72 74

www.agroscope.ch | Une bonne alimentation, un environnement sain



Auteur

AGROSCOPE
http://www.agroscope.admin.ch

https://www.admin.ch/content/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-63850.html