Agroscope réalise les premiers essais de patates douces en Suisse

Changins, 03.08.2015 - La Suisse a connu en juillet un épisode de canicule encore jamais atteint depuis le début des mesures il y a plus de 150 ans. Les cultures sont très affectées par ces conditions exceptionnelles de chaleur et de sécheresse. C’est dans ce contexte particulier qu’Agroscope réalise pour la première fois un essai visant à évaluer les possibilités d’acclimatation de la patate douce sous nos latitudes. L’objectif principal de cette étude est de tester différentes techniques permettant un démarrage rapide de cette culture tropicale à la fin du printemps, lorsque les températures nocturnes sont encore fraîches.

La patate douce (Ipomoea batatas L.) est une plante tropicale originaire d’Amérique centrale qui est cultivée dans plus de 100 pays, principalement en zone tropicale et subtropicale. Cette plante, qui produit des tubercules allongés, est très sensible au froid mais résistante aux fortes chaleurs. Son optimum de température se situe entre 21 et 29° C, tandis qu’elle supporte difficilement des températures inférieures à 10° C.  

Plusieurs méthodes testées

L’objectif de l’essai mené à Changins en 2015 est de comparer différentes techniques culturales permettant d’acclimater la patate douce aux conditions climatiques propres au plateau suisse. Pour cela, deux méthodes de plantation ont été testées, le repiquage et le bouturage. Deux méthodes permettant d’élever la température des buttes ont également été testées: l’installation d’un paillis de polyéthylène noir micro-perforé sur les buttes et le recouvrement des plantes avec un voile de polypropylène (type Agryl®).  L’essai a été mis en place le 20 mai et, dans la nuit du 21 au 22 mai, la température nocturne à 5 cm du sol est descendue à 3° C, ce qui a eu pour effet le dessèchement des feuilles de toutes les plantes de l’essai. Les plantes repiquées ont rapidement développé de nouvelles feuilles tandis qu’une partie des boutures n’a pas survécu à ces températures et ont dû être remplacées. Le taux de mortalité était important pour les parcelles à sol nu tandis que les parcelles protégées du froid ont présenté des taux de récupération situés entre 90 et 100% en fonction de la technique appliquée.  

Une voie de diversification intéressante

Le développement végétatif des plantes s’est ensuite accéléré avec l’élévation des températures. Les rendements seront évalués après la récolte qui est prévue pour le mois d’octobre. Si les calibres obtenus sont suffisants, cet essai sera reconduit au printemps 2016. Etant donné les contraintes liées à sa production sous nos latitudes, le potentiel de production de la patate douce en Suisse reste limité. Si les résultats obtenus par Agroscope devaient s’avérer prometteurs, cette plante pourrait représenter une voie de diversification intéressante pour nos maraîchers. 

La saison de culture 2015 fut caractérisée par plusieurs aléas climatiques majeurs, un printemps froid et particulièrement humide et un été très chaud et très sec. Les climatologues affirment que la fréquence de ces évènements climatiques extrêmes augmentera dans le futur. Une réflexion sur la capacité de résilience face à ces aléas climatiques est donc nécessaire. Etant donné sa résistance à la chaleur et à la sécheresse, la patate douce pourrait représenter un marché d’avenir pour les maraîchers suisses, d’autant plus que ce tubercule est particulièrement apprécié des jeunes générations.


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