Fromage et pommes de terre suisses, un atout pour l‘environnement

Zurich, 08.04.2014 - Le fromage et les pommes de terre suisses portent moins préjudice à l’environnement que les produits importés. Les résultats obtenus avec le pain à base de farine de blé, la viande de bœuf et l’orge fourragère ne sont pas aussi explicites, comme le montre une nouvelle étude d‘Agroscope.

«La production agricole, la transformation et le transport des denrées alimentaires ont des répercussions diverses sur l’environnement. C’est pourquoi il est capital d’étudier en détails les impacts environnementaux des denrées alimentaires produites en Suisse ou à l’étranger», déclare Thomas Nemecek, responsable de la nouvelle étude « Analyse de cycle de vie de produits agricoles suisses sélectionnés en comparaison avec des importations». Sur mandat de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), Agroscope a étudié comment la production de pain à base de blé, d’orge fourragère, de pommes de terre de consommation, de fromage et de viande de bœuf d’origines diverses se répercutait sur l’environnement.

La production agricole est souvent décisive

Le transport a un impact fortement négatif lorsqu’il s’effectue par avion comme c’est le cas de la viande de bœuf importée du Brésil. Dans le cas des pommes de terre, les rendements par unité de surface sont élevés et les impacts environnementaux par kilogramme sont faibles en proportion, ce qui explique que le transport joue un grand rôle. Le résultat des autres produits dépendait par contre du mode de production agricole. En Suisse, la production se caractérisait par des besoins moindres en irrigation grâce à des précipitations plus importantes, et ce, pour tous les produits. Les éleveurs suisses donnent généralement à leurs animaux du soja issu de la production certifiée. Par conséquent l’impact du fromage ou de la viande bovine suisses sur le déboisement est plus faible que celui des produits importés. Par contre, les produits suisses ont besoin de davantage de surface, car les rendements sont généralement plus bas.  

Sur les cinq produits étudiés, le fromage et les pommes de terre produits en Suisse ont dans l’ensemble obtenu de meilleurs résultats que les produits importés. Le fromage doit son score positif aux conditions géographiques favorables à la production laitière, qui permettent de produire du lait de manière environnementalement efficiente avec peu d’aliments concentrés. Quant aux pommes de terre suisses, elles affichent des résultats plus avantageux, car les distances de transport sont plus courtes que pour la marchandise importée. Dans le cas des autres produits, la comparaison a donné des résultats variables en fonction du pays d’origine et de l’impact environnemental.  

Potentiels d’amélioration

L’étude montre que dans la production des cinq biens agricoles étudiés, des améliorations sont tout à fait possibles sur le plan environnemental. De ce point de vue, la production laitière suisse a un avantage géographique par rapport à l’étranger. Une exploitation encore plus systématique du potentiel fourrager des herbages permettrait de tirer davantage parti de cet atout. En outre, en région de montagne, les herbages sont la forme d’exploitation agricole la mieux adaptée. Dans la production bovine, la transformation efficiente du fourrage en lait et en viande est au centre de l’amélioration du bilan. Dans la production végétale, les impacts environnementaux négatifs peuvent être réduits en augmentant le degré d’utilisation des machines, en optimisant la fumure ou en choisissant les substances actives des pesticides de manière ciblée. Une autre possibilité d’apporter des améliorations consiste à réduire les transports et à éviter les déchets à tous les niveaux de la chaîne de création de valeur.   

Afin de pouvoir concrétiser le leadership de l’agriculture suisse en matière de qualité environnementale, le savoir-faire de différents domaines doit être réuni en un système global. Outre les potentiels d’amélioration mis en évidence, il est encore possible d’obtenir de meilleurs résultats en termes de durabilité. Une intensification écologique, à savoir une réduction de la pollution environnementale accompagnée d’une augmentation de la productivité, permettrait de réduire les répercussions de la production de biens agricoles sur l’environnement. De tels efforts sont indispensables pour conserver la compétitivité environnementale des produits agricoles suisses par rapport aux importations ou l’améliorer.

L’étude «Analyse de cycle de vie de produits agricoles suisses sélectionnés en comparaison avec des importations» portait sur les cinq produits suivants : le pain à base de farine de blé, l’orge fourragère, les pommes de terre de consommation, le fromage et la viande de bœuf, en provenance de Suisse, d’Allemagne et de France. Les pommes de terre hollandaises, le fromage italien et la viande de bœuf brésilienne ont également été inclus dans l’étude. L’analyse du cycle de vie prend en compte l’ensemble de la chaîne de création de valeur en Suisse et à l’étranger, de l’obtention des matières premières à la mise à disposition des agents de production, en passant par la production végétale de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux, la production animale de lait et de viande, ainsi que le stockage, la transformation et le transport jusqu’au point de vente en Suisse. La méthode d’analyse de cycle de vie Swiss Agricultural Life Cycle Assessment (SALCA) a permis de quantifier les impacts environnementaux suivants: besoin en énergie, potentiel d’effet de serre, formation d’ozone, besoins en ressources, en surfaces (terres assolées, herbages intensifs et extensifs, autres surfaces) besoin en eau (compte tenu des pénuries), déboisement, eutrophisation, acidification, écotoxicité et toxicité humaine.


Adresse pour l'envoi de questions

Thomas Nemecek, Groupe de recherche Analyse de cycle de vie
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU
Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich, Suisse
thomas.nemecek@agroscope.admin.ch
+41 (0)44 377 72 54

Maria Bystricky, Groupe de recherche Analyse de cycle de vie
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU
Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich, Suisse
maria.bystricky@agroscope.admin.ch
+41 (0)44 377 71 26

Ania Biasio, Service de presse
Agroscope
Reckenholzstrasse 191, CH-8046 Zurich, Suisse
ania.biasio@agroscope.admin.ch
+41 (0)44 377 72 74



Auteur

AGROSCOPE
http://www.agroscope.admin.ch

https://www.admin.ch/content/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-52587.html