Le centre ecotox a pris ses activités

Dubendorf, 30.10.2008 - C’est par un symposium consacré aux nanoparticules dans l’environnement que le Centre suisse d’écotoxicologie appliquée a été inauguré aujourd’hui à Dübendorf. Cette institution placée sous la double tutelle de l’Institut de recherche de l’eau Eawag et de l’EPF de Lausanne est mandatée par la Confédération pour renforcer la recherche indépendante, les activités de conseil et la formation continue dans le domaine de l’écotoxicologie. Les premiers projets ont déjà débuté. La manifestation d’aujourd’hui a d’autre part montré comment le centre pouvait servir de plateforme de communication entre experts venus de la recherche et du monde professionnel.

„Nous assistons à l’apparition toujours plus fréquente d’un nombre grandissant de produits chimiques dont nous ignorons en grande partie les effets sur l’environnement. Le centre ecotox vient combler une lacune“ a déclaré la conseillère nationale Maya Graf. La Confédération, les cantons et la population mais aussi l’industrie chimique ont besoin d’un centre indépendant montrant la voie pour identifier, évaluer et minimiser les risques pour l’environnement. Par une motion sur la recherche suisse en toxicologie déposée en 2002, Mme Graf a contribué à la décision prise en 2007 par le Conseil fédéral et le Parlement de charger le domaine des EPF de la création d’un tel centre.

Richard Gamma, directeur adjoint de la Société suisse des industries chimiques (SSIC) considère le centre ecotox comme un enrichissement: „Pour l’industrie chimique pharmaceutique, l’existence d’une possibilité de formation et de perfectionnement de haut niveau, basée sur une recherche de pointe mais restant en rapport direct avec la pratique est absolument vitale ». D’après lui, un centre indépendant fournit un interlocuteur compétent à l’industrie et aux autorités et peut jouir auprès de la population d’une crédibilité que l’industrie n’atteindrait jamais seule.

Recherche, conseil, communication

„Nous voulons détecter les problèmes environnementaux liés aux produits chimiques de façon précoce et contribuer à leur résolution“ affirme la biologiste Almut Gerhardt, directrice du centre. A. Gerhardt est spécialiste des tests environnementaux et compte notamment à son actif le développement de procédés pour l’évaluation intégrale de la qualité de l’eau dans les fleuves et rivières. En cas de besoin, le centre se chargera lui-même d’élaborer les tests et méthodes d’évaluation nécessaires. Les systèmes existants seront adaptés aux problématiques spécifiques comme le dosage des perturbateurs endocriniens dans le milieu aquatique ou l’évaluation des sols contaminés. Mais A. Gerhardt juge la fonction de carrefour de communication du centre ecotox tout aussi importante que ses activités de recherche. L’établissement d’un réseau efficace entre chercheurs et professionnels mais aussi entre fabricants et utilisateurs doit en effet faciliter le dialogue national et international sur les avancées en matière d’écotoxicologie. Une base de données d’experts et la participation à divers comités spécialisés doivent y contribuer. A. Gerhardt accorde une grande importance à la formation et à l’information des spécialistes. Une série de séminaires a déjà démarré.

Les premiers projets ont déjà débuté

Le centre ecotox a déjà entamé ses premiers projets. L’un d’eux porte sur l’optimisation d’un test pour les perturbateurs endocriniens dans les cours d’eau. En collaboration avec l’Office de l’environnement, les chercheurs tentent d’évaluer l’efficacité d’une étape de traitement supplémentaire dans les stations d’épuration pour l’élimination de ces composés ou pour une réduction de leur potentiel toxique. En collaboration avec des laboratoires, autorités et services cantonaux, le centre écotox cherche à identifier les substances libérées par les résines époxy et d’en évaluer la toxicité éventuelle. Ces résines sont utilisées pour étanchéifier l’intérieur des conduites défectueuses. Dans le domaine de l’écotoxicologie des sols, le centre effectue un important travail d’optimisation. En effet, les tests sur lombrics et collemboles jusqu’à présent validés par l’OCDE sont souvent encore lents et onéreux et sont donc rarement utilisés dans la pratique.

Les nanoparticules dans la ligne de mire

Le séminaire organisé pour l’ouverture du centre écotox était principalement axé sur les nanoparticules. Ces composés minuscules (1 nanomètre correspond à un millionième de millimètre) sont intégrés à un nombre grandissant de produits allant des peintures aux cosmétiques en passant par les revêtements anti-salissures. Rien que le nombre de produits vantant des propriétés dues aux nanoparticules d’argent s’est décuplé au cours des deux dernières années. On retrouve ainsi le nano-argent dans certaines chaussettes et sous-vêtements, dans des lessives ou même dans des emballages alimentaires. Il est clair que les nanomatériaux sont libérés dans l’environnement et ne disparaissent pas sans laisser de traces. C’est ce qu’ont montré les dernières études des départements de Gestion des eaux urbaines et de Toxicologie environnementale de l’Eawag. Des nanoparticules d’argent sont ainsi intégrées aux revêtements de façade pour éviter le développement des algues et moisissures. Mais ces particules sont par la suite entraînées par les pluies et leurs propriétés antimicrobiennes auparavant si utiles peuvent alors porter préjudice au milieu qui les reçoit : une étude de l’Eawag qui vient d’être publiée dans la revue Environmental Science and Technology (pdf, 3 MB) démontre que les nanoparticules d’argent sont encore plus toxiques pour les algues que les ions d’argent dissous et ce, dès les concentrations les plus faibles. Cet effet fort néfaste pour le milieu naturel pourrait bien devenir très problématique pour les stations d’épuration en venant y compromettre les processus de biodégradation et donc diminuer le rendement d’épuration. „Nous allons suivre de très près la recherche sur la toxicité des nanoparticules et la soutenir de façon ciblée“ annonce en conséquence la directrice du centre écotox Almut Gerhardt.

Le centre écotox

Le siège principal du centre écotox se trouve à Dübendorf au sein de l’Eawag, l’Institut de recherche de l’eau du domaine des EPF. Son antenne spécialisée dans les questions d’écotoxicologie terrestre est située à l’EPFL de Lausanne. Pour certains thèmes de recherche et analyses spécifiques le centre travaille en collaboration étroite avec ses deux institutions de tutelle. L’équipe de direction du centre écotox est composée de sa directrice, le Dr Almut Gerhardt, ainsi que de deux personnes représentant respectivement les directions de l’Eawag et de l’EPFL. Le personnel compte 5 scientifiques et 2 techniciens ou techniciennes opérant dans leur propre laboratoire ainsi que des administratifs à temps partiel. En complément du financement de base assuré par des fonds fédéraux (2 millions de francs par an), le centre peut accepter des mandats financés par des tiers dans la mesure où ils n’entrent pas en concurrence avec le secteur privé. Selon la volonté du Parlement, un autre centre de toxicologie appliquée consacré cette fois au domaine humain doit également être créé. Son site n‘a pas encore été déterminé.


Adresse pour l'envoi de questions

Dr. Almut Gerhardt, directrice centre ecotox Eawag-EPFL, 044 823 51 21
ou Andri Bryner, Media officer Eawag: 044 823 51 04

Photos à télécharger > www.oekotoxzentrum.ch


Auteur

Eawag: L'Institut de Recherche de l'Eau du Domaine des EPF
http://www.eawag.ch

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