L’OFAC rejette la demande de mise en service d’une approche coudée par le nord

Berne, 03.07.2008 - L’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) n’est pas prêt à donner suite à la demande d’autorisation de la procédure d’approche coudée par le nord déposée par la société exploitant l’aéroport de Zurich. En effet, cette approche de non-précision n’offre pas le même niveau de sécurité que les procédures d’approche aux instruments conventionnelles. Son autorisation irait donc clairement à l’encontre de la politique aéronautique de la Confédération qui vise entre autres objectifs à conférer à l’aviation civile suisse un niveau de sécurité maximum. En revanche, une procédure de précision basée sur un système de navigation par satellite et présentant les mêmes garanties de sécurité qu’une procédure aux instruments serait en principe admissible.

La société exploitant l'aéroport de Zurich (Unique) a adressé fin 2004 une demande en vue de mettre en service une procédure d'approche coudée par le nord. Cette demande vise à remplacer entre 6 et 7 heures du matin les approches par le sud introduites suite aux restrictions imposées par l'Allemagne au survol du sud de l'Allemagne. Selon la procédure envisagée, les avions sont guidés le long de la frontière allemande au moyen d'un système de navigation de surface avant d'effectuer peu avant l'atterrissage un virage pour s'aligner sur l'axe de la piste 14. L'approche coudée par le nord déroge en partie aux normes internationales. Contrairement aux procédures d'approche de précision, l'atterrissage s'effectue à vue et non aux instruments.

Il a fallu dans ces circonstances modifier à plusieurs reprises la procédure. L'aéroport et le prestataire de services de navigation aérienne, Skyguide, ont dû fournir des rapports attestant que la sécurité était garantie nonobstant les dérogations aux normes internationales et les adaptations opérées. L'OFAC a vérifié et examiné en détail tous les documents avant de procéder à une analyse complète de la sécurité et à une analyse comparative des risques par rapport aux autres procédures de navigation sur l'aéroport de Zurich.

En conclusion, l'OFAC juge que l'approche coudée par le nord remplit les normes minimales de sécurité. Toutefois, il s'agit d'une procédure sans pareil au niveau international et qui présente un risque plus élevé qu'une procédure aux instruments conventionnelle dans la mesure où le pilote doit effectuer l'approche finale à vue, alors que dans le cas d'une procédure de précision, l'appareil est guidé par radar. De plus, le fait d'opérer l'approche finale à vue sollicite encore davantage le pilote dans une phase de vol en soi suffisamment délicate. De même, le virage peu avant l'atterrissage augmente la charge de travail du pilote.

Les calculs et études au niveau international montrent que le risque d'accident est quatre fois plus élevé pour les procédures de non-précision que pour les procédures d'approche aux instruments. En prenant comme point de comparaison uniquement les aéroports dotés d'infrastructures semblables à celles de Zurich, le risque serait multiplié par un facteur 1,7. Ces chiffres ne prennent toutefois pas en compte les particularités de l'approche coudée par le nord, comme le virage peu avant l'atterrissage.

De par le risque accru qu'elle représente, l'approche coudée par le nord va à l'encontre de la politique aéronautique de la Confédération. Dans son rapport sur la politique aéronautique, le Conseil fédéral indique que l'aviation civile suisse se doit d'atteindre un niveau de sécurité élevé comparativement aux pays européens. L'OFAC met en œuvre cet objectif en appliquant les normes internationales correspondant aux règles reconnues. Si les évaluations démontrent qu'il y a lieu d'optimiser la sécurité, l'OFAC applique en outre des normes reflétant l'état de la technique (best practice).

Pour les approches, cela veut dire qu'entre deux procédures, on optera toujours pour celle qui est la plus sûre. Puisque l'aéroport de Zurich dispose de systèmes d'atterrissage aux instruments couvrant tous les points cardinaux, l'OFAC rejette l'approche coudée par le nord dans sa forme actuelle. Toute autre décision serait incompatible avec le principe «Safety first». Les équipages de conduite qui opèrent sur les aéroports intercontinentaux comme Zurich proviennent souvent de pays lointains et ne sont guère au fait des conditions locales. Il est donc d'autant plus important que ces pilotes puissent se référer à des procédures d'atterrissage standard mondialement reconnues, qui leurs sont familières et qui n'exigent pas de manœuvres inhabituelles en approche finale.

Lors de la procédure d'opposition, Swiss et Skyguide ont en outre relevé que l'approche coudée par le nord offrait des capacités moindres qu'une procédure aux instruments. Il en résulterait une accumulation des retards entre 6 et 7 heures du matin. Actuellement, on enregistre des retards sur le système d'atterrissage aux instruments de la piste 34 (sud) dont la capacité aux premières heures d'exploitation est moindre que celle du système d'atterrissage aux instruments de la piste 14 (nord). La mise en service d'une procédure d'approche coudée par le nord accroîtrait la pression sur la gestion de l'ensemble du trafic à Zurich, ce qui là aussi nuirait à la bonne marche et à la sécurité de l'exploitation. Swiss et Skyguide ont également exprimé de sérieuses préoccupations sur la sécurité de l'approche et sur ses effets négatifs sur la stabilité de l'exploitation de l'aéroport. L'OFAC a par ailleurs reçu près de 500 oppositions contre l'approche coudée par le nord, la plupart invoquant des problèmes de sécurité.

Le rejet de la demande n'est pas une opposition de principe de l'OFAC. L'office pourrait toutefois donner son aval uniquement à une procédure qui présenterait un niveau de sécurité comparable à celui d'une procédure aux instruments, ce qui serait le cas par exemple si elle s'appuyait sur un système de navigation par satellite. La procédure d'approche coudée par le nord dans cette configuration a été retenue comme option envisageable dans une des variantes d'exploitation définie dans le cadre du Plan sectoriel de l'infrastructure aéronautique (PSIA). Les approches assistées par satellite ne sont actuellement pas autorisées en Suisse ; les critères de certification n'ont d'ailleurs pas encore été définis. L'OFAC est disposé de concert avec l'aéroport de Zurich à développer et à certifier prioritairement des procédures d'approche assistées par satellite. L'élaboration des bases nécessaires devrait cependant prendre plusieurs années.



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Office fédéral de l'aviation civile
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