"Ce sont les valeurs suisses qui donnent sa force à la politique extérieure de notre pays; ce sont les valeurs d’une équipe qui la font gagner" (fr/de)

Bern, 21.08.2017 - Bern, 21.08.2017: Opening address by Federal Councillor Didier Burkhalter on the occasion of the Ambassadors and International Network Conference 2017 - Check against delivery

Bienvenue à toutes et tous, Mesdames et Messieurs, pour cette édition 2017 de notre Conférence des ambassadeurs et du réseau extérieur ! Bienvenue aussi au stade de Suisse, donc – en quelque sorte - dans le monde planétaire et multipolarisé du football !
Le football est quelque chose qui a accompagné ma vie, avec des joies et des peines, plein de victoires et de multiples fractures… Après avoir tant travaillé pour la construction du stade de la Maladière à Neuchâtel en partenariat public-privé, c’est à côté de ce stade alors tout neuf que ma région fêtait, tout simplement, une accession au Conseil fédéral il y a huit ans. D’ailleurs, peut-être que lorsque l’on m’a proposé, il y a quelque temps, d’ouvrir la conférence des ambassadeurs dans un stade de football, j’ai traduit cela, quelque part en moi, comme un signe qu’il fallait boucler la boucle.

Bref : dans un peu plus de deux mois, je vais quitter mes fonctions au gouvernement. Il y aura donc du changement, mais du changement « à la Suisse » ; ce qui n’exclut en rien la continuité.

La politique extérieure de la Suisse est en effet marquée par une réelle continuité. Nous développons notre politique selon une perspective à long terme, allant bien au-delà de l'actualité : pas seulement quelques minutes de jeu, mais un véritable championnat. Stabilité, prévisibilité et fiabilité – persévérance également - caractérisent la politique extérieure de notre pays. C'est voulu ainsi par nos institutions, et cela se reflète dans la stratégie de politique étrangère que le Conseil fédéral adopte pour chaque législature sur mandat du Parlement.
La continuité en matière de politique extérieure est un atout de la Suisse qui trouve ses racines dans les valeurs de notre pays. Ce sont les valeurs suisses qui donnent sa force à la politique extérieure ; ce sont les valeurs d’une équipe qui la font gagner. Mais cette continuité repose également sur le fait que, dans notre pays, la politique extérieure est marquée par l’interaction de nombreux acteurs. La politique extérieure helvétique est en effet un travail d’équipe. Le Conseil fédéral in corpore conduit notre politique extérieure et en répond. La population, les cantons et le Parlement sont associés à sa définition, plus que dans la plupart des autres pays. Ce n’est pas vraiment simple, mais fondamentalement juste.

Et vous, Mesdames et Messieurs, ainsi que toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs du Département, vous qui endossez des responsabilités, vous jouez un rôle central dans ce travail d’équipe. Vous êtes sur le terrain les ambassadeurs et les ambassadrices de notre politique extérieure. Vous soignez les relations avec nos partenaires internationaux, et vous représentez et défendez les intérêts et les valeurs de la Suisse. Vous n’êtes pas forcément ceux qui vont tirer les penalties, mais vous êtes ceux qui adressez de bons centres et qui font des remises en jeu et des coups francs.

Je vous remercie de tout cœur, vous ainsi que tous celles et ceux qui travaillent pour ce Département. Merci de votre engagement pour notre pays ! Merci aussi de faire preuve de cette qualité, parfois trop rare à mon goût, qui fait préférer la construction au conflit. Savez-vous, il y a des phrases qui nous accompagnent, un peu comme le foot, dans notre vie. Pour moi, l’une de ces phrases a toujours été cette pensée de Saint-Exupéry selon laquelle il est bon que le temps qui s’écoule ne nous perde pas comme la poignée de sable, il est bon que le temps soit une construction.

Par exemple : merci de votre état d'esprit constructif dans le cadre du projet de réforme en matière de personnel. En avril, le Conseil fédéral a chargé le DFAE de progresser dans la mise en place d’un système fonctionnel  DFAE pour les personnes transférables, prévu à partir de 2019. Les travaux avancent et vous recevrez des informations détaillées lors de cette conférence des ambassadeurs.
Ce système fonctionnel n’est ni un but en soi ni un exercice d’économie. Le but que l’on veut marquer, c’est de mieux tenir compte des performances, des compétences et du potentiel des personnes, de vous, Mesdames et Messieurs. Nous allons continuer de cultiver le dialogue entre tous et nous impliquerons chacun, également lors de la mise en œuvre du projet.

Cette réforme contribue à rendre notre politique extérieure plus efficace et plus cohérente ; car elle renforce les atouts de compétitivité, d’égalité des chances et de responsabilité individuelle : des bases pour former une équipe soudée.

Nous faisons tous partie de l’« équipe Suisse », qui a le privilège de participer à la définition de notre politique extérieure. L’« équipe Suisse », c’est le thème principal de cette conférence ; car la coopération et la cohérence sont décisives pour notre politique extérieure : de véritables « buteurs », en fait ! Et je compte sur vous, par cette conférence comme par votre travail au quotidien, pour renforcer encore cette cohésion qui fait gagner.

La continuité de notre politique extérieure n’est pas uniquement le fruit des valeurs helvétiques et le résultat de la large adhésion dont cette politique bénéficie au sein de l’« équipe Suisse ». Cette continuité s'exprime également au niveau du contenu politique, dans quatre axes de développement à long terme qui caractérisent notre politique extérieure : quatre « matches » qu’on doit jouer simultanément (ce qui – en football – serait assez compliqué, je vous le concède, mais les parallèles ont aussi leurs limites).  

Le premier « match » concerne l’aménagement des relations avec l’UE. C’est plutôt un championnat, d’ailleurs : depuis longtemps, depuis le début du processus d’unification européenne, la défense des intérêts suisses à l’égard de l’Europe représente la tâche principale de la politique extérieure. Ainsi, un autre Neuchâtelois, Max Petitpierre, se demandait déjà, il y a 65 ans, comment garantir l’accès au marché tout en sauvegardant l’indépendance de la Suisse… Tout en étant – apparemment – complètement différent, rien ne ressemble plus à un match… qu’un autre match !

A l’époque déjà, la politique extérieure débordait du terrain de la politique européenne. Cette tendance s’est renforcée au cours des 25 dernières années. La balle va toujours plus loin et plus vite dans un monde qui semble se rétrécir. L’extension à l’échelle mondiale de la politique extérieure de la Suisse est devenue le deuxième axe de développement de notre politique et revêt désormais un caractère prioritaire. Avec – comme dans tout match – des moments-clés qui déterminent l’avenir : par exemple, l’adhésion de la Suisse à l’ONU ou la décision du Conseil fédéral il y a plus de dix ans de développer des partenariats stratégiques avec des pays prioritaires hors de l’Europe.

Troisième axe de notre politique : l’engagement accru en faveur de la paix et de la sécurité. Le coup d’envoi de ce « match » a été donné par les bons offices de la Suisse. Les bons offices sont une histoire fondatrice pour notre pays. Ils ont changé le cours du jeu. Nos services en faveur de la paix et de la sécurité sont devenus une marque de fabrique suisse utile au monde. La Suisse est devenue en parallèle une puissance d’innovation et une puissance de médiation.

Le quatrième axe de notre politique est notre engagement accru en faveur du développement durable. Ce match-là repose lui aussi sur une longue tradition : celle du mariage entre le développement et la paix. En football, on dirait que l’on fait des « une-deux » (pour ceux qui ne comprendraient pas mais seraient intéressés, on peut organiser une petite séance d’entraînement sur le terrain tout à l’heure…). Certes, une telle « union » entre paix et développement n’est pas spécifiquement suisse. Elle est devenue quasiment universelle, au moins à partir de l’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Mais nous, Suisses, nous le faisons depuis longtemps ; et avec le dernier le message sur la coopération internationale, nous avons franchi une étape clé grâce au soutien du Parlement.
          
L’Europe, le monde, la paix et la sécurité, le développement durable : quatre piliers thématiques, quatre matches à jouer en même temps ; quatre terrains pour la continuité de notre politique étrangère. Laquelle impose, paradoxalement, de s’adapter constamment.
Pour réussir cette adaptation, nous devons commencer par évaluer correctement la situation politique mondiale.
Dans quel monde vivons-nous aujourd’hui ? Un monde en crise, marqué par une insécurité et une imprévisibilité croissantes. Un monde toujours fortement marqué par la mondialisation. Un monde qui, d’un côté, sait que cette mondialisation est utile à sa prospérité ; et qui, de l’autre, en découvre des zones d’ombre croissantes.

Le pouvoir économique et politique se diffuse plus largement. La concurrence mondiale et régionale s’accroît. La politique de puissance et la géopolitique sont en pleine renaissance, mais dans une période très différente du passé ; dans un temps technologique qui dépasse notre « temps humain ». Dans un temps où la connectivité et le contrôle des infrastructures et des voies d’approvisionnement gagnent en importance. Dans un temps où le nationalisme s’éloigne encore du patriotisme pour se définir par le rejet de l’autre. Dans un temps où l'armement, les provocations militaires et des menaces parfois proférées à la légère sont des risques lourds.
Nous sentons cette évolution dans notre travail quotidien ; nous sentons la méfiance croissante entre les États qui entrave une action multilatérale efficace. Nous sentons la remise en question de l’ordre international libéral, qui repose sur la coopération et sur des règles communes.

En même temps, nous voyons que les États-Unis sont moins disposés aujourd’hui qu'ils ne l’étaient au cours des dernières décennies à défendre l’ordre européen et l’ordre mondial. En partie à cause de craintes liées à la mondialisation, ils traversent, comme d’autres démocraties occidentales, une phase de changement en politique intérieure qui a de profondes répercussions sur la politique extérieure. Le fait est que la politique mondiale n’a pas de leadership, pas de compréhension commune de l’ordre à atteindre, pas assez de disposition aux compromis. Dans toujours plus d’États, la liberté individuelle est mise sous pression. Les tendances autoritaires augmentent, en tout cas à terme, l’instabilité et la fragilité des Etats qui les favorisent.

Dès lors, le défi de notre temps – pour placer notre monde vers un meilleur futur – passe par de vraies réponses aux multiples crises, à l’immense détresse humanitaire et aux grands flux migratoires, ainsi qu’aux menaces qui dépassent les frontières. Les attentats dans la région de Barcelone illustrent une fois de plus pourquoi le terrorisme djihadiste est devenu une priorité de politique de sécurité partout dans le monde. On a également davantage conscience de la menace de cyberattaques, perpétrées par des États et des organisations criminelles. La révolution numérique de notre société est une opportunité considérable, mais aussi une énorme vulnérabilité. Et tous sont concernés : les États, le secteur privé et chacun d’entre nous personnellement. Aujourd’hui, quand on parle de sécurité, il faut toujours aussi penser à la sécurité du cyberespace.

Pour résumer (à ce « stade », si je puis dire !) : les nouvelles générations qui arrivent aux commandes de la planète la découvrent en clair-obscur. Elles découvrent un monde globalisé mais fragmenté ; un monde plus complexe et moins sûr ; un monde de nouvelles fractures politiques, comme récemment dans le Golfe ; et aussi un monde où les problèmes sont plus liés que jamais. Mais aussi un monde qui enregistre des progrès et de la stabilité. L’UE est plus consolidée, malgré le Brexit et malgré la crise migratoire, ce qui est dans l’intérêt de la Suisse et de la paix. L’accord de Paris sur le climat continue de bénéficier d’un vaste soutien dans la communauté internationale, même après l’annonce de retrait des États-Unis. La santé et la lutte contre la pauvreté et contre la faim progressent dans le monde. 

Le terrain de la politique mondiale étant ainsi planté, voyons maintenant quel « système de jeu » adopter pour l’équipe de la politique extérieure de la Suisse. D’abord quelques réflexions de fond avant d’en venir à la stratégie :
L’essentiel dans notre temps, c’est que l’« équipe Suisse » mène une politique extérieure active, en particulier en matière de paix. La sécurité et la prospérité de la Suisse dépendent dans une large mesure de la sécurité et de la prospérité du monde. La Suisse est un Etat qui n’est pas petit et qui peut faire bouger les choses, à sa manière. La voix suisse est écoutée, sa tonalité à la fois sereine et constante est attendue. Son optimisme persévérant, même s’il est parfois contré par les réalités, ne détonne pas car il peut forcer l’espoir.
Dans ce monde multipolaire, les uns et les autres en viennent à se méfier de l’indépendance, de tout ce qui ne s’intègre pas dans des schémas de puissance. Pourtant, notre autonomie dans la politique extérieure est en fait notre plus grande chance : nous nous tournons à la fois vers l’Europe et vers le monde ; notre politique et notre réseau extérieur sont universels. La Suisse est notre cœur et le monde notre partenaire, sans alliance...

On retrouve ces valeurs suisses qui donnent en fait de plus en plus d’énergie à la politique extérieure de notre pays. Albert Camus se demandait un jour si l’homme peut créer seul ses propres valeurs. En tous les cas, l’histoire suisse montre qu’il peut le faire pour son pays. Les rôles spécifiques traditionnels de la Suisse, liés à ces valeurs, retrouvent – dans le match actuel – une sorte de second souffle. Pour bâtir des ponts, des dialogues, des médiations, au moyen du ciment à prise longue de la crédibilité. En Syrie, en Ukraine, au Mozambique ou encore en Colombie, pour citer quelques exemples récents.

Depuis notre incroyable année 2014, je suis convaincu qu’il faut plus de compétence humaine pour la médiation. C’est pourquoi j’avais lancé publiquement un rêve lors d’une conférence à Zurich : un master en médiation qui fasse de la Suisse un cœur de la formation mondiale en la matière et qui alimente progressivement un pool de compétences rapidement opérationnelles en cas de besoin. Le rêve devient réalité avec le cursus de Master en médiation dans les processus de paix qui débute à l’EPF de Zurich cet automne et avec la priorité stratégique de renforcer constamment le rôle de la Genève internationale.

Autre rôle spécifique croissant de la Suisse, quasi génétique : la force humanitaire. Quand je suis arrivé au DFAE, je croyais la connaître, un peu comme tous les Suisses, je pense. Aujourd’hui, après avoir vu l’Helvétie humanitaire aux quatre coins de la planète, mon cœur bat autrement. C’est là ma plus grande reconnaissance à votre égard : le fait d’avoir pu ressentir l’espoir qui remplace un peu de la détresse, d’avoir pu voir ces sourires qui effacent un peu de la pauvreté, d’avoir pu côtoyer le courage de celles et ceux que l’on aide un peu.
En fait, j’ai aimé. J’ai aimé cette année, par exemple, que la Suisse tienne sa promesse en faisant couler l’eau dans un camp de réfugiés écrasé par le soleil jordanien. J’ai aimé que l’on parvienne, comme seul pays, à narguer la ligne de contact dans l’est ukrainien, pour aider autant les uns d’un côté que les autres de l’autre côté. J’ai aimé cette réaction spontanée d’une personne de Marioupol qui, tout en regardant l’impressionnant convoi de camions aux drapeaux suisses prendre la route, m’a dit : « vous savez, de l’autre côté, ce sont les mêmes que nous ».

Un autre rôle spécifique pour la Suisse, c’est d’être avocate du droit international. La Suisse a besoin d’un ordre mondial fondé sur des règles. Nous avons besoin du droit international pour pouvoir promouvoir efficacement nos intérêts et nos valeurs.  Sans droit international, pas de paix. Et le droit international a besoin de nous, de notre crédibilité et de notre expérience ; en particulier pour le droit international humanitaire. Provoquer et utiliser la souffrance des civils, attaquer délibérément des hôpitaux : autant de tragédies qu’il faut dénoncer, là aussi où beaucoup d’autres détournent le regard, comme à Mossoul par exemple. Le pire serait que le monde s’y habitue.
Ceci dit, l’indispensable spécificité de la Suisse ne nous interdit en rien de jouer la carte du partenariat pour décupler l’effet de nos valeurs. Par exemple, en travaillant dans le groupe ACT en faveur de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU.


Und jetzt zur Strategie, zur konkreten Ausgestaltung unserer vier Tragsäulen der Aussenpolitik: Europa, globale Beziehungen, Frieden und Sicherheit und nachhaltige Entwicklung.
Zunächst Europa: die Schweiz in der multipolaren Welt gehört keinem der Pole an. Die EU – unsere Nachbarstaaten – ist aber unser mit Abstand wichtigster Partner. Umgekehrt ist die Schweiz nicht einfach ein Drittstaat für die EU – wir sind ihr drittgrösster Handelspartner und in manchen Bereichen stärker mit ihr verwoben als einige Mitgliedstaaten. Zudem stehen die Schweiz und die EU-Staaten für dieselben Werte ein und verfolgen friedenspolitisch ähnliche Ziele.

Die Schweiz und die EU brauchen enge und entwicklungsfähige Beziehungen. Weil die EU sich ständig weiterentwickelt. Politik und somit auch Europapolitik sind auf die Zukunft gerichtet und per Definition dynamisch. Wie und wohin sich die EU weiterentwickeln wird, weiss niemand genau. Ein Blick in das Weissbuch der Kommission zur Zukunft Europas zeigt aber eines: In keinem der Szenarien werden die Einheit und die vier Grundfreiheiten des Binnenmarktes in Frage gestellt.

In der Aussenpolitischen Strategie hat der Bundesrat das Kernziel formuliert, ein geregeltes, partnerschaftliches und ausbaufähiges Verhältnis zur EU durch eine Konsolidierung und Erneuerung des bilateralen Wegs sicherzustellen. Diesen Juni hat der Bundesrat bestätigt, dass der bilaterale Weg die für unser Land massgeschneiderte Lösung ist. Nur der bilaterale Weg ermöglicht den für unseren Wohlstand wichtigen Zugang zum Binnenmarkt und trägt gleichzeitig den schweizerischen Institutionen und unserem Bedürfnis nach Eigenständigkeit Rechnung. Also: gleichzeitig Prosperität und Unabhängigkeit. Und nur der bilaterale Weg ist in Parlament und Bevölkerung mehrheitsfähig.

Um den bilateralen Weg auch für die Zukunft auf eine für beide Seiten tragfähige Basis zu stellen und den sektoriellen Zugang der Schweiz zum Binnenmarkt zu sichern, müssen wir die Regeln dieser Partnerschaft – unseres „bilateralen Vertrags“ mit der EU – klären. Hier hat die Zwischenbilanz ergeben, dass es in den Verhandlungen wichtige Fortschritte gab. In mehreren wichtigen Bereichen sind aber noch Verhandlungen zu führen.

Ein für beide Seiten gutes Ergebnis ist und bleibt möglich. Dafür soll die Diskussion über dieses Rahmenabkommen im Kontext unserer wirtschaftlichen, europapolitischen und staatspolitischen Interessen sachlich und respektvoll geführt werden. Und der Inhalt sollte beurteilt werden wenn ein vollumfämgliches Verhandlungsergebnis vorliegt.

Die Beziehungen zwischen der Schweiz und der EU haben sich seit der Verabschiedung des Ausführungsgesetzes zu Artikel 121a der Bundesverfassung wieder entkrampft. Es ist in beidseitigem Interesse, durch die Deblockierung von Dossiers jetzt ein positives politisches Momentum zu erzeugen. Nach den positiven Entwicklungen über die Forschungskooperation war ein wichtiger Schritt hierbei die Aktualisierung des Abkommens über Technische Handelshemmnisse Ende Juli. Die von diesem Abkommen abgedeckten Produktbereiche betreffen für beide Seiten ein Exportvolumen von jeweils über 70 Milliarden Franken. Diese Zahl verdeutlicht die Bedeutung einer stabilen bilateralen Partnerschaft zwischen der Schweiz und der EU. Ein weiterer Schritt wurde letzte Woche gemacht mit dem Kooperationsabkommen über die Verknüpfung der Emissionshandelssysteme für die Umwelt.

Der Bundesrat  hat auch einen möglichen neuen Kohäsionsbeitrag diskutiert. Wir haben dabei zwei Schwerpunktthemen festgelegt: Berufsbildung und Migration. Weitere Themen, die für die Schweiz einen Mehrwert darstellen, können ebenfalls berücksichtigt werden, zum Beispiel Demokratieförderung, Gesundheit und Umwelt. Entscheide über die nächsten Schritte werden folgen, abhängig vom weiteren Verlauf unserer Beziehungen mit der EU.

Ebenfalls ein wichtiges Thema bleiben der Brexit und dessen Folgen für die Schweiz. Mit unserer „Mind the Gap“- Strategie haben wir dabei frühzeitig unsere Erwartung kundgetan, dass im Verhältnis zwischen der Schweiz und Grossbritannien auch nach dessen Austritt aus der EU keine Rechtsunsicherheit bestehen darf.
Weitere europapolitische Bestandsaufnahmen des Bundesrats stehen diesen Herbst an. Wir gehen diese Herausforderungen in Ruhe und als „Team Schweiz“ an. Weil es um viel geht. Und auch weil Europa für die Schweiz eine grosse Chance ist wenn die Konsolidierung des bilateralen Wegs gelingt.

Zweiter Tragpfeiler der Aussenpolitik: unseren Beziehungen zu globalen Partnern. In der Umsetzung des strategischen Ziels einer Stärkung unserer wirtschaftlichen und politischen Beziehungen zu aussereuropäischen Staaten sind wir in den letzten Jahren gut vorangekommen. Die fortlaufende Globalisierung, das Universalitätsprinzip sowie unsere EU-Nichtmitgliedschaft gebieten es, dass wir diesen Weg fortsetzen. Im aktuellen weltpolitischen Kontext ergeben sich hierbei neue Herausforderungen und Chancen. 

Die vom Bundesrat angestrebten strategischen Partnerschaften mit Schwerpunktländern  – den BRICS-Staaten, den USA, Japan und der Türkei – haben sich unterschiedlich entwickelt. Bemerkenswert weit sind die Beziehungen mit China gediehen, mit dem die Schweiz eine „Innovative Strategische Partnerschaft“ abgeschlossen hat und mehr als 20 thematische Dialoge pflegt. Unterschiedlich entwickelt haben sich auch die Schwerpunktländer selbst. Auch das beeinflusst unsere Beziehungen mit diesen Staaten.

Die Schwerpunktländer wurden aufgrund ihrer besonderen wirtschaftlichen und politischen Bedeutung als solche identifiziert. Im Kern geht es um die Interessenwahrung der Schweiz. Wer mit den Grossmächten nicht im Dialog ist, wird zu deren Spielball. Klar ist aber auch, dass wir mit diesen Partnerschaften unsere Werte fördern wollen. Und dass wir diese Werte sowie den internationalen Kontext in der Frage der Gestaltung dieser Beziehungen berücksichtigen müssen.

Was das im Einzelfall heisst, darüber müssen wir uns im „Team Schweiz“ immer wieder neu verständigen. Im Fall der Türkei beispielsweise konnten wir den angestrebten Neustart in unseren Beziehungen aufgrund der inneren Entwicklungen seit letztem Sommer nicht vollumfänglich umsetzen. Wir haben aber eine eigenständige Linie entwickelt, die von Megafondiplomatie absieht und stattdessen auf einen intensiven und diskreten Dialog setzt. Die Kontinuität unseres Dialogs kann dereinst vielleicht auch Möglichkeiten für ein friedenspolitisches Engagement eröffnen, sollte dies dem Wunsch aller Beteiligten entsprechen.

Ähnlich verhält es sich mit Russland. Einerseits haben wir mit Moskau trotz oder gerade wegen der Ukrainekrise unsere Dialogpolitik weitergeführt, auch im Wissen darum, dass ohne Moskau in vielen Konflikten keine Lösungen zu haben sind. Dabei erweist sich Russland in der Durchführung dieser Dialoge als zuverlässiger Partner. Andererseits verfolgt die Schweiz vor dem Hintergrund der Ukrainekrise im wirtschaftlichen und militärischen Bereich eine restriktivere Linie. Über gravierende Verletzungen grundlegender Prinzipen der europäischen Sicherheitsordnung will unser Land nicht hinwegsehen.

Wie in der Aussenpolitischen Strategie vorgesehen sind wir daran, auch die Beziehungen zu anderen aussereuropäischen Staaten zu intensivieren. Die angestrebte Globalisierung der Schweizer Aussenpolitik ist auf Kurs. So haben wir zum Beispiel in der MENA-Region jüngst neue politische Konsultationen mit Algerien, Oman und Kuwait lanciert und eine Road Map mit Iran vereinbart. In Subsahara-Afrika haben wir in den letzten Jahren neue politische Dialoge zum Beispiel mit Äthiopien, Ghana, Senegal und Angola gestartet. In Asien gibt es neue solche Dialoge mit Afghanistan, Bangladesch und Kambodscha.

Mit Indien und Indonesien sind entsprechende Vereinbarungen in Planung. Auf dem amerikanischen Kontinent haben wir gemeinsame ministerielle respektive präsidiale Erklärungen zur Vertiefung der Beziehungen mit Argentinien, Mexiko und Peru unterschrieben.
Dynamisch gestalten sich auch unsere Bestrebungen, die Beziehungen zu Regionalorganisationen zu stärken. Exemplarisch erwähnt seien hier unser neuer Status als sektorieller Dialogpartner der ASEAN, die Vertiefung unserer Zusammenarbeit mit der Afrikanischen Union sowie der Entscheid des Arktischen Rates, die Schweiz als Beobachter aufzunehmen. Diese Entscheide eröffnen uns neue Perspektiven. Sie zeigen auch, dass die Schweiz als Partnerin geschätzt wird.

Im Bereich Frieden und Sicherheit hat der Bundesrat einen Ausbau dieses Engagements zum strategischen Ziel erklärt. Der aktuelle weltpolitische Kontext bestätigt die Bedeutung dieses Vorhabens. Einige Massnahmen hierzu habe ich bereits angesprochen, wie den Ausbau der Guten Dienste, die Stärkung des International Genfs und unser Einstehen für das Völkerrecht und die Menschenrechte. Lassen Sie mich an dieser Stelle vier weitere Punkte anbringen.

Erster Punkt: In unserer multipolaren Welt wird Aussensicherheitspolitik wichtiger. Damit meine ich aussenpolitische Beiträge an die internationale Sicherheit, etwa in den Bereichen Rüstungskontrolle, Nonproliferation und Abrüstung.
Die Schweiz setzt sich beispielsweise für eine Neubelebung der Gespräche über konventionelle Rüstungskontrolle in Europa ein – einem für unsere Sicherheit wichtigen Thema, das man unter den heutigen Bedingungen neu denken muss. Als neutraler Staat kann unser Land hier eine glaubwürdige Rolle spielen.

Zweiter Punkt: Auch Cyberaussenpolitik wird zu einem zentralen Aktionsfeld. Die Welt tut sich schwer, sich im Cyberbereich auf Kontrollmechanismen, Normen oder Instrumente wie einen Verhaltenskodex zu einigen. Der Handlungsbedarf ist enorm. Schutz vor Cyberangriffen wird immer wichtiger. Als Brückenbauer kann die Schweiz hier eine verstärkte Rolle spielen, vor allem mit dem Internationalen Genf. Die Voraussetzungen dafür, Genf zu einem internationalen Cyber-Hub zu machen, sind gut. Es gibt bereits viel Cyber-Know-How in Genf. Abrüstung war immer ein wichtiges Thema. Wir haben Technologiefirmen  in der Schweiz und viel Wissen an den Hochschulen. Es geht jetzt darum, den Dialog zwischen allen relevanten Akteuren zu fördern und die Aktivitäten zu bündeln, mit dem Ziel, die Grundlagen für gemeinsames Handeln zu verbessern.

Dritter Punkt: Unser Engagement für menschliche Sicherheit bleibt unvermindert wichtig. Das Instrumentarium zur zivilen Friedensförderung, das das EDA in den letzten zwei Jahrzehnten aufgebaut hat, ist das Rückgrat unserer Friedenspolitik. Themen wie Verfassungsfragen und Föderalismus, gute Regierungsführung und Vergangenheitsbewältigung sind heute Kernaspekte vieler Friedensprozesse. Mit unserer Kompetenz in Mediation und Dialogförderung und mit unserem umfassenden Sicherheitsansatz ist unser Land ein glaubwürdiger Partner in den internationalen Bemühungen zur Stärkung der Konfliktprävention. 

Vierter und letzter Punkt: In der aktuellen Weltlage ist ein Engagement der Schweiz für wirksamen sicherheitspolitischen Multilateralismus besonders wichtig. Auf globaler Ebene wollen wir die UNO stärken. Hier steht in den kommenden Jahren die Kandidatur für den UNO-Sicherheitsrat im Zentrum. Diese Kandidatur ist eine Chance für die Schweiz und für den Frieden.  Auch im Sicherheitsrat sind glaubwürdige Brückenbauer und Schweizer Werte gefragt.  Also da auch brauchen wir ein Team Schweiz!

In unserem regionalen Umfeld setzen wir uns vor allem für eine handlungsfähige OSZE ein, der in der Überwindung der Krise der europäischen Sicherheit eine Schlüsselrolle zukommt. Die Wahl Botschafter Gremingers zum OSZE-Generalsekretär hat gezeigt, dass das Engagement der Schweiz als Brückenbauer geschätzt wird. Und ich glaube, wir können ihm hier sehr herzlich gratulieren!

Eine Rolle für die Schweiz gibt es auch in der Förderung von kooperativer Sicherheit in anderen Weltregionen. Im Nahen und Mittleren Osten mag das eine Generationenaufgabe sein. Ohne Ansätze hin zu einer kooperativen Regionalordnung – ohne Dialogformate, Vertrauensbildung und schrittweise Zusammenarbeit – wird die Instabilität dieser Region aber kaum zu überwinden sein, zum Nachteil Aller.
Dialog und Vertrauensbildung sind derzeit auch in Ostasien zentral. Die rhetorische Eskalation zwischen Nordkorea und den USA gibt Anlass zur Sorge. Die Gefahr einer Fehlkalkulation und einer militärischen Eskalation mit unvorhersehbaren regionalen Folgen ist real. Wir verurteilen Nordkoreas völkerrechtswidrige Entwicklung seines Nuklear- und Raketenprogramms. Wir rufen gleichzeitig alle Seiten zur Mässigung und zum Dialog auf. Die Krise auf der koreanischen Halbinsel wird nur im Rahmen eines diplomatischen Prozesses zu lösen sein. Die Schweiz steht für entsprechende Beiträge zur Verfügung, falls dies von den Parteien gewünscht wird. 


Quatrième et dernier axe de notre politique extérieure : le développement durable. Là aussi, nous avons progressé ensemble, en particulier dans trois domaines :
Premièrement, notre cadre stratégique commun pour le développement durable et la paix, déjà évoqué précédemment, à savoir le message sur la coopération internationale. L’Agenda 2030 a officiellement institué la paix comme objectif de développement durable. Dans le cadre de la coopération suisse au développement, les thèmes de la paix, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance occupent maintenant une place aussi centrale que juste.

Deuxièmement, les priorités. Il s’agit, entre autres, de l’engagement accru dans les contextes fragiles et du traitement à long terme des causes de conflit, de la formation professionnelle, de la promotion du secteur privé, du renforcement de l’aide d’urgence et de nos contributions à la réduction des risques planétaires.

Troisièmement, l’enveloppe budgétaire consacrée à la coopération internationale. Le Parlement a approuvé l’augmentation de 2010 à 2015. Puis est venu le temps des mesures d’économies. Le DFAE y contribue largement. Néanmoins, l’enveloppe budgétaire est restée à peu près stable. C’est important car l’aide accordée sur place constitue la seule bonne réponse face à des besoins énormes et à de nombreuses crises. Pour nos valeurs et nos intérêts.

Avec des ressources limitées, il faudra faire encore davantage à l’avenir. Donc intensifier la coopération, accroître la cohérence et éviter les doublons. D’ailleurs, les thèmes transversaux de la coopération internationale entre le développement durable et la paix prennent une importance accrue. Pensons à la prévention de l’extrémisme violent, domaine dans lequel nous mettons en œuvre notre plan d’action. Pensons aussi à la politique migratoire extérieure.  Pensons encore à nos efforts dans le domaine de l’eau en tant que source de paix et de coopération. En septembre, nous allons présenter à Genève puis à New-York le rapport final du Panel sur l’eau et la paix lancé par la Suisse il y a deux ans. 

Ce qui m’amène à ma conclusion. En politique extérieure, dans notre monde complexe actuel, tout ou presque est interconnecté ou interdépendant. Par exemple, les quatre axes stratégiques dont on vient de parler sont en fait tous des « matches » pour la paix et la sécurité.
La force de la Suisse dans le monde étant notamment de rapprocher les points de vue par le dialogue et l’action commune, nous devons aussi prêcher par l’exemple chez nous, à la maison : en renforçant constamment l’esprit d’équipe, la cohésion et la cohérence dans nos activités.
Je vous ai dit tout à l’heure à quel point j’ai aimé ressentir les effets humains de la politique extérieure suisse. Durant ces dernières années, j’ai beaucoup aimé travailler pour les affaires étrangères. Très vite, et bien que j’ai toujours eu l’impression de devoir beaucoup apprendre, rien ne m’est apparu vraiment « étranger » dans ces affaires étrangères. Je trouve que nous avons beaucoup de chance de pouvoir ainsi contribuer à la défense des intérêts légitimes et à la promotion des belles valeurs de notre pays.

Mon souhait à votre égard : n’oubliez jamais que ce sont précisément ces valeurs-là qui font gagner l’équipe. Et que l’équipe, en l’occurrence, c’est la Suisse ; et c’est aussi, dans le monde, un peu plus d’humanité.


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