« Face aux incertitudes du monde : du cran et du cœur !» (fr)

Bern, 04.03.2017 - Speech by the Federal Councillor Didier Burkhalter at the Assembly of Delegates of the FDP. Die Liberalen (Fribourg, 04.03.2017) – Check against delivery

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Je suis sûr que chacun d’entre nous, ici et ailleurs, le ressent : nous sommes entrés dans une période d’insécurité et de transition. Une période « déboussolante », qui déstabilise beaucoup de personnes. La mondialisation offre, certes, de nombreuses opportunités, notamment pour notre pays. Mais il y a aussi des craintes, des pressions accrues : beaucoup vivent dans la peur du déclassement, dans la peur de perdre, de se perdre. Dès lors, le besoin d’identité augmente à nouveau. Et la sécurité est aujourd’hui une préoccupation majeure.

Les nombreux conflits, les multiples crises, les tensions géopolitiques, la remise en question des valeurs libérales et de l’ordre international libéral, la montée du nationalisme - tous ces symptômes/signes sont préoccupants. Les défis sont immenses, c’est vrai ; mais ils ne doivent pas nous impressionner. On observe aussi des progrès encourageants, notamment dans la lutte contre l’extrême pauvreté ou dans l’action commune menée contre le changement climatique. Et puis, de nouvelles technologies ouvrent des possibilités presque infinies. Des progrès de la science et notamment de la médecine sont loin d’être purement froids et académiques : ils peuvent être éblouissants d’humanité.

Mais surtout: de nouvelles chances se présentent :

- Des chances que notre parti, le PLR, saura saisir car il est le mieux à même de fournir des réponses libérales adaptées aux réalités. Notre parti, qui incarne le progrès, a le courage d’entreprendre les réformes nécessaires.

- Ce sont aussi des chances pour notre pays - pour la Suisse et le rôle de bâtisseur de ponts qu’elle joue dans sa politique étrangère, par laquelle elle contribue à la paix et à la sécurité, et s’emploie à façonner la mondialisation de telle sorte qu’elle réponde aux besoins concrets des êtres humains. La mondialisation ne doit pas se faire sans le… monde !

Un slogan datant de l’époque de mon entrée en politique (un slogan que j’ai toujours beaucoup aimé et qui résonne en moi constamment) disait des PLR qu’ils ont « du cran et du cœur ». Comme la Suisse !
- Du cran. Voilà ce qu’il nous faut dans ce monde devenu instable, imprévisible et plus dangereux. Du cran pour affronter les défis. Prendre les devants. Affirmer nos positions. Oser résister.

- Et du cœur, ce qui doit nous guider toujours, car la politique est faite pour construire un avenir meilleur. C’est pour cela que vous toutes et tous vous engagez et consacrez votre samedi et de nombreuses soirées à notre pays.

La politique façonne notre avenir. Elle crée un environnement favorable pour nos concitoyens, à l’intérieur de la Suisse et aussi hors de ses frontières.

Aujourd’hui, vous allez discuter et décider au sujet d’un thème important pour le futur : la stratégie énergétique 2050. Le but de cette stratégie est un approvisionnement en énergie sûr, bon marché et durable pour notre pays. Alors que le but rallie le consensus, il y a des désaccords sur la façon d’atteindre cet objectif.

Le Conseil fédéral est de l’avis que la stratégie énergétique 2050 est la bonne réponse aux défis de la politique énergétique. Comme pour toute question importante, le peuple aura le dernier mot. 

Le renforcement de la place économique suisse est également un objectif primordial. Le Conseil fédéral entend définir les lignes directrices d'un nouveau projet de réforme de l’imposition des entreprises d'ici à l'été 2017.

Le but restera de renforcer la compétitivité du système d'imposition suisse tout en garantissant les recettes fiscales de la Confédération, des cantons et des communes. L’heure est maintenant venue de proposer des solutions créatives et constructives. Il est essentiel que toutes les parties prenantes manifestent leur volonté de parvenir à un compromis, vite et bien ; bien dans l’esprit de la Suisse.

Mesdames, Messieurs, chers amis

Les conditions-cadre internationales revêtent également une grande importance pour la prospérité, la sécurité et l’indépendance de la Suisse. C’est aussi par la politique extérieure que nous façonnons l’avenir de notre pays, la Suisse.

La stratégie de politique étrangère fixée par le Conseil fédéral pour cette législature se révèle une boussole solide et très utile en cette période d’incertitude: nous visons la stabilisation des relations étroites que nous voulons avoir avec l'Union européenne. Dans le même temps, nous visons l'approfondissement et l'intensification des partenariats avec des acteurs globaux.

Et nous visons aussi le renforcement de notre action pour la paix, pour la sécurité et pour le développement durable, ainsi que le renforcement de notre combat contre la pauvreté et pour la prospérité. 

La Suisse recherche des relations étroites avec l’UE – qui est notre principal partenaire. 

Le Conseil fédéral vise une relance des dossiers en cours – une stabilisation positive de la relation. Et il attend la même chose de l’UE. Le Conseil fédéral attend des avancées de la part de l'Union européenne : pas seulement des signaux, mais aussi des faits concrets, pour que l'on avance sur l'ensemble des dossiers qui ont été freinés, parfois bloqués, après la votation de 2014. L’année 2014 appartient au passé. Nous sommes en 2017. Il est temps de tourner la page et d’en écrire une autre dans les relations avec l’Union européenne. C'est un élément essentiel, un intérêt commun de notre point de vue, et c'est le cœur du processus.

Le Conseil fédéral prévoit également une nouvelle contribution autonome à la sécurité et à la prospérité du continent. Autonome, parce que nous décidons nous-mêmes quand et comment. Mais cette mesure doit évidemment aussi s'inscrire dans un climat positif et constructif avec l'Union européenne, avec les pays membres et tout spécialement avec ceux concernés au premier chef par une telle contribution, en particulier les pays d’Europe de l'Est.

Nous mettons aussi en œuvre la stratégie « mind the gap » du Conseil fédéral pour que le jour où le Royaume-Uni quittera l’Union européenne, nous ayons un régime de remplacement tout prêt qui puisse non seulement se substituer aux accords existants, mais aussi intensifier la relation.

La Suisse vise aussi à approfondir ses relations avec des partenaires mondiaux

Dans notre monde multipolaire, il est essentiel que la Suisse entretienne le dialogue avec les États du G-20 et d’autres partenaires. Nous devons promouvoir nos intérêts et nos valeurs dans le monde, d’où l’importance de ces partenariats. 

Les États-Unis font la une depuis quelques semaines. La politique extérieure américaine suscite - là  encore - de nombreuses incertitudes ; les spéculations vont bon train et chaque tweet donne lieu à des conjectures qui relèvent plutôt de l’art divinatoire (ce qui ne nous mène pas bien loin). Dans bien des domaines, les choses deviennent plus claires ; par exemple, la réaffirmation par les États-Unis de leur attachement à l’OTAN et à la sécurité européenne ; dans d’autres domaines, il nous faut encore attendre.

Avec les Etats-Unis aussi, la Suisse vise le maintien et le renforcement des conditions-cadres dans lesquelles s’inscrivent les relations économiques qui relèvent de notre intérêt mutuel, notamment en matière d’innovation. Nous nous engageons en faveur des valeurs et des causes auxquelles nous tenons, comme le libre-échange. Nous jouons également la carte du partenariat existant avec les États-Unis dans des domaines tels que les bons offices, la prévention de l’extrémisme violent et le mandat de protection des intérêts dans le dossier iranien.

La Suisse renforce son engagement pour la paix et la sécurité et pour plus de perspectives

Notre pays jouit de beaucoup de confiance en matière de politique de paix. Notre savoir-faire est recherché. La demande pour les bons offices suisses est en hausse. Rien que cette semaine, la Suisse a accepté deux nouveaux mandats de médiation : d’abord, nous accompagnons le dialogue entre les deux parties en conflit au Mozambique dans le cadre d’un groupe de contact que nous présiderons, avec les Américains d’ailleurs.

Ensuite, nous allons prendre part à un groupe de pays d’accompagnement dans les pourparlers de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla de l’Armée de libération national (ELN).

Dans notre monde polarisé, la Suisse, avec sa crédibilité et sa compétence, peut apporter des contributions utiles à la résolution des conflits. Voilà pourquoi nous renforçons nos capacités de médiation, notamment par un nouveau master – le meilleur au monde - mis sur pied à l’EPF de Zurich.

Voilà pourquoi nous renforçons aussi notre Genève internationale comme un lieu qui peut rendre de grands services au monde par les extraordinaires énergies  qu’on y trouve rassemblées. Genève, c’est la mondialisation avec le monde…

Voilà pourquoi nous soutenons l’ONU et l’OSCE dans leurs efforts en Syrie, en Ukraine et dans des autres conflits. Et que nous voulons renforcer les Nations Unies et l’OSCE dans leurs capacités de prévention des crises.

C’est en outre une priorité de s’attaquer aux causes profondes de la migration et du terrorisme, en particulier dans les régions de crise au sud de l’Europe. Mesdames et Messieurs, imaginez le visage d’un enfant. Multipliez cette image, ce visage, cet enfant par 1,5 million : ce sont en effet 1,5 million d'enfants qui ont été arrachés de chez eux par la guerre syrienne, déplacés et qui sont réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. 1,5 million d'enfants qui s’interrogent et dont le destin pourra être positif ou négatif, selon les perspectives qu'on leur offrira ; Perspectives de violence, de souffrance ou perspectives d’école, de vie en construction.

Et cela implique un effort énorme, qui va bien au-delà de l'humanitaire : on est clairement dans de "l'humanitaire plus" ou dans de l'aide au développement, en particulier pour la Jordanie et pour le Liban. Ce sont des pays qu'il faut aider dans le domaine de l'éducation tout spécialement, mais aussi dans le domaine de l'eau par exemple.

Chers amis,

Notre monde a construit l’ordre international libéral après avoir connu les fracas de la guerre mondiale : Aujourd’hui, il met au défi ce qui compte le plus : la démocratie, la liberté et la paix. Face à cela, la Suisse peut être un exemple. Elle peut montrer, modestement, en prêchant par l’exemple précisément, que des solutions sont possibles, que l’on peut bien faire. Notre pays en a la force et les moyens. Chacun d’entre nous en porte un peu de la force et un peu des moyens. Alors merci de votre engagement pour que notre pays progresse. Merci d’apporter votre voix, votre contribution personnelle, vos solutions à mettre en œuvre ensemble, vos valeurs qui sont celle du pays, dans un monde qui mériterait moins d’incertitudes et plus de Suisse.

Merci de ce que vous faites pour notre pays et notre monde, avec du cran et du cœur.


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