«La Croix-Rouge: c’est ce qui rend notre pays deux fois plus fort» (de/fr)

Bern, 15.09.2016 - Bern, 15.09.2016 - Address by Federal Councillor Didier Burkhalter at the 14th National Conference of the Swiss Red Cross (SRC) - Check against delivery

Mesdames et Messieurs
Chers amis,

Au mois de mai de cette année, je me suis rendu au Liban. J’y ai visité des projets suisses, entre autres pour la Croix-Rouge Libanaise. J’ai été très impressionné par cette société nationale. Elle est reconnue pour son professionnalisme notamment dans la gestion de soins médicaux d’urgence ou des services de santé aux réfugiés. Mais elle est aussi, et même surtout, reconnue pour les valeurs qu’elle incarne. L’impartialité et la neutralité qui lui ont permis de continuer d’assurer des services de santé essentiels à toutes les parties au conflit durant la période de guerre civile qu’a connu ce pays; l’humanité qui motive cette société nationale à assurer que ses services atteignent toutes les composantes de la population libanaise sans discrimination ; le volontariat, avec ces réseaux de jeunes qui s’engagent pour le mouvement Croix-Rouge et qui sont les ambassadrices et ambassadeurs des valeurs de ce mouvement.

Née il y a 150 ans en Suisse, la Croix-Rouge a hérité des plus belles valeurs de notre pays, notamment la neutralité, l’humanité, l’unité, et les a traduits en 7 principes fondamentaux qui sont maintenant universellement partagés par les 190 sociétés nationales de Croix-Rouge et Croissant-Rouge ainsi que par les 17 millions de volontaires à l’œuvre dans le monde entier. 17 millions, c’est l’équivalent d’une double Suisse, d’une Suisse deux fois plus forte. D’ailleurs, je crois que la Croix-Rouge est précisément cela : c’est ce qui rend notre pays deux fois plus fort. 

Notre pays peut à juste titre être fier de ce mouvement. C’est pourquoi j’étais particulièrement heureux de présider en 2014 à la cérémonie marquant officiellement le changement de nom de l’ancienne pointe de l’Est en pointe Dunant, un sommet du massif du Mont Rose, voisin de la pointe Dufour. Ainsi les deux points culminants des alpes suisses portent maintenant les noms des deux fondateurs de la Croix-Rouge.

Sur la plaque apposée au sommet, il est écrit que « L’œuvre de Henri Dunant rayonne jusqu'à ce jour et apporte l'espoir de l'humanité là où cela est le plus nécessaire».

Apporter l’espoir de l’humanité aujourd’hui est plus que jamais nécessaire et dans de multiples endroits. Lorsque nous lisons nos journaux et portons nos regards sur l’horizon du monde, nous voyons une actualité bien sombre. On ne compte plus les conflits meurtriers qui déchirent de nombreuses régions et anéantissent des années de progrès, projetant des millions de personnes dans la pauvreté. Des régions entières proches de nous sont ravagées par la guerre et plongées dans le cauchemar d’une instabilité croissante : Syrie, Iraq, Lybie, Yémen. Après six ans de conflit en Syrie, il n’y a plus qu’une personne sur cinq qui ne vive pas dans la pauvreté ; la vie y est devenue terriblement dure, sans pitié : l’espérance de vie en Syrie a chuté de plus de vingt ans.

Terrible également et plus proche encore : la crise en Ukraine qui marque le retour de la guerre sur notre continent européen qui pensait pourtant avoir pris le virage historique de la paix. Aujourd’hui, soudainement, pas si loin que cela à l’est, des populations entières sont privées de paix, se sécurité et de perspectives d’avenir.

En 2016, ce sont plus de 125 millions de femmes, d’enfants et d’hommes à travers le monde qui ont besoin d’assistance humanitaire. 60 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été forcées de quitter leur foyer. Cela représente le nombre le plus élevé depuis la deuxième guerre mondiale.

Pour la plupart, ces hommes, ces femmes, ces enfants restent dans leur région d’origine, pas si loin de chez eux, de leur maison, de leur vie d’avant. Des années d’attente et de désespérance poussent certains à tenter leur chance ailleurs, souvent au péril de leur dignité, de leurs droits, de leur vie, avec les conséquences tragiques que nous découvrons presque quotidiennement sur les rivages de la Méditerranée.

La Suisse s’engage pour couvrir les besoins humanitaires de ces populations, en soutenant par exemple l’action exemplaire du Comité International de la Croix-Rouge, en contribuant aux efforts de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ou tout récemment par le don de 12 nouvelles ambulances au Croissant-Rouge arabe de Syrie. Dans tous les cas le mouvement Croix-Rouge, sous ses différentes incarnations, fait partie de nos partenaires privilégiés dans les actions humanitaires. Cela est certes lié à nos valeurs communes, mais aussi à l’ancrage très fort des sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans leurs contextes respectifs.

Mesdames et Messieurs,

Le Conseil fédéral a approuvé un nouveau message sur la coopération internationale pour la période 2017 à 2020. Ce message, qui est en discussion au parlement, est une mobilisation de notre pays en faveur d’un monde sans pauvreté et en paix, pour un développement durable.
Ce message se fonde sur l’agenda global pour le développement durable adopté par la communauté internationale en septembre 2015 sous le nom d’Agenda 2030.

En œuvrant en faveur d’un développement durable, la Suisse entend faire une contribution importante à la réalisation de l’Agenda 2030. La Suisse veut jouer pleinement son rôle, dans un acte concret de solidarité et de responsabilité qui est dans notre intérêt aussi. Il en va de notre avenir à toutes et à tous, et de celui de nos enfants et petits-enfants. C’est pourquoi nous nous sommes fortement engagés dans l’élaboration de l’Agenda 2030, en particulier pour nos « priorités parmi les priorités » : la santé, l’eau, la paix ou l’égalité.

Le message met aussi l’accent sur la présence dans les pays et régions fragiles. Là où les structures étatique font faillite, où l’Etat s’avère incapable de fournir des services d’éducation ou de santé à la population, là où l’Etat de droit ne parvient pas à s’imposer, là où l’on souffre tellement des conflits. Aujourd’hui, un tiers des personnes pauvres vivent dans les contextes fragiles. En 2030, ce seront deux tiers…

Nous allons renforcer notre engagement en Afrique sub-saharienne, en Afrique du Nord et au Moyen Orient. La pauvreté est massive en Afrique sub-saharienne, dans des pays qui n’ont que peu de ressources et de capacités pour agir. Quant au Moyen Orient, il est aujourd’hui déchiré par des conflits qui brisent les perspectives d’avenir de populations entières. Nous devons intensifier notre soutien à ces pays et leurs populations.

Le travail dans ces contextes fragiles est difficile, parfois ingrat et souvent risqué. Ce que nous voulons, c’est être là où se trouvent celles et ceux qui ont le plus besoin de notre aide. Nous devons donc prendre ces risques. J’aimerais ici exprimer ma reconnaissance, à l’égard des personnes qui travaillent dans ces conditions difficiles, qui affrontent les risques du terrain pour, chaque jour, chaque minute, porter les couleurs de la responsabilité et de la solidarité de notre pays dans le monde.

Le nouveau message 2017-2020, met aussi un accent sur le partenariat pour la formation. En combinant notre expertise nationale avec notre connaissance du contexte local, nous souhaitons aider nos pays partenaires dans la mise sur pied de systèmes d’éducation de base et de formation professionnelles qui répondent au besoin de leur marché du travail. Nous voulons ainsi donner des perspectives aux jeunes désœuvrés et les ancrer dans une vie stable et profitable pour leur communauté. En Iraq, la Suisse soutient les efforts pour recréer un semblant de normalité pour les enfants déplacés du fait du conflit, en donnant accès à l’éducation de base ainsi qu’à du soutien psychosocial à plus de 12'000 enfants de la région de Khanaqin.

Mesdames et Messieurs,

Le thème de cette 14ème conférence national de la Croix-Rouge est La santé. Parlons donc de la santé.

L’Organisation mondiale de la santé a démontré que les écarts de santé entre les pays les plus riches et les plus pauvres se sont considérablement réduits ces vingt dernières années. La mortalité des enfants a certes diminué de 40%. Néanmoins, la probabilité de mourir avant l’âge de 5 ans reste 16 fois plus forte pour les enfants des pays à faible revenu que pour ceux des pays à revenu élevé.

Le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable a diminué de moitié, mais un tiers de la population mondiale est encore privé d’accès à un assainissement amélioré, ce qui expose ces 2.5 milliards de personnes à des risques sanitaires inacceptables car évitables.

De tels écarts de santé menacent l’atteinte des objectifs de développement durable que nous nous sommes fixés, car la santé est à la fois une condition et une résultante du développement durable. Lutter contre ces inégalités sanitaires n’est pas seulement une question de justice sociale, c’est aussi un moyen de renforcer la cohésion des sociétés et la paix.

La Suisse s’est engagé pour que la santé figure au nombre des Objectifs de développement durables, et a défendu un objectif de santé large, comprenant l’accès universel aux services tout en prenant en compte aussi les autres déterminants de la santé, comme l’eau, la nutrition ou l’éducation. L’agenda 2030 est un agenda universel qui requiert l’implication de tous les acteurs, publics, privés et de la société civile. L’objectif de développement durable pour la santé vise à «permettre à tous de vivre en bonne santé et à promouvoir le bien-être de tous à tout âge».

Nous portons toutes et tous une part de responsabilité pour réaliser cet objectif ambitieux.

Meine Damen und Herren,

Gesundheit für alle trägt wesentlich zur Armutsreduktion bei. Indem wir uns für eine gute Gesundheitsversorgung der Bevölkerung einsetzen, schaffen wir die Voraussetzungen dafür, dass die Menschen ihre Lebensgrundlage verbessern und so ihre Armut und Verwundbarkeit mindern können. Gute Gesundheit trägt folglich zu mehr sozialer Sicherheit, Frieden und wirtschaftlicher Stabilität bei.

Die Gesundheit nimmt auch einen bedeutenden Platz in der Botschaft zur internationalen Zusammenarbeit 2017-2020 ein.

Die Schweiz engagiert sich sowohl bilateral in unseren Partnerländern als auch auf der internationalen Ebene, um die Ungleichheiten in der Gesundheit zu vermindern und um den Zugang zu Gesundheitsdiensten für die ärmsten Bevölkerungsgruppen zu verbessern.

Wieso engagiert sich die Schweiz so stark im Gesundheitsbereich? Sie tut dies, weil unser Land in diesem Bereich besondere Stärken aufweist.

Zuerst möchte ich das internationale Genf hervorheben: In Genf sind zahlreiche bedeutende, im Bereich der globalen Gesundheit aktive Organisationen angesiedelt. So z. B. die Weltgesundheitsorganisation (WHO), das Internationale Komitee vom Roten Kreuz (IKRK) oder der Globale Fonds zur Bekämpfung von Aids, Tuberkulose und Malaria (GFATM). Genf ist sozusagen die Welthauptstadt der Gesundheit.

Überdies verfügt die Schweiz im Gesundheitsbereich über ein grosses Know-how. Zu nennen sind hier zum einen die forschungsorientierten Pharma-, Chemie- und Nahrungsmittelunternehmen, die ihren Sitz in der Schweiz haben. Zum anderen gibt es zahlreiche, weltweit führende Forschungseinrichtungen im Gesundheitsbereich, wie das Schweizerische Tropen- und Public-Health-Institut, oder die verschiedenen Universitätsspitäler.

Und schliesslich sei auch das unerlässliche Engagement der Zivilgesellschaft erwähnt. Viele NGO spielen eine wichtige Rolle bei der Entwicklung des Gesundheitswesens in Entwicklungsländern. Allen voran das Rote Kreuz. Das EDA arbeitet mit diesen Akteuren, namentlich mit dem Roten Kreuz zusammen. Diese Zusammenarbeit erhöht die Wirksamkeit der Aktionen, da wir gemeinsam mehr erreichen als alleine.

Dabei legen wir den Fokus auf drei Schwerpunkte, welche auch in der neuen Botschaft betont werden.

Erstens wollen wir nicht mehr, dass weltweit jeden Tag 800 Frauen wegen Komplikationen während der Schwangerschaft oder bei der Geburt sterben.

Diese Frauen sind Opfer fehlender Gesundheitsdienste und des Mangels an Wissen und Ressourcen. In diesem Bereich der sexuellen und reproduktiven Gesundheit unterstützen wir beispielsweise die „International Planned Parenthood Federation“, der Internationale Dachverband zur Förderung geplanter Elternschaft. Dieses Netzwerk von 152 Mitgliedsorganisationen ist in über 170 Ländern aktiv und hat zwischen 2010 und 2015 über 50 Millionen armen und besonders verletzbaren Menschen geholfen, vor allem in Subsahara-Afrika.

Zweitens wollen wir nicht mehr, dass die Armut Gesundheit der Menschen verhindert. Darum wollen wir die Gesundheitssysteme stärken. Die Gesundheitsversorgung muss von guter Qualität und für alle erschwinglich sein. Für die Ärmsten stellt die Bezahlung von dringend benötigten Gesundheitsdiensten oft ein grosses Hindernis dar. So verarmen laut der WHO jährlich mehr als 150 Millionen Personen, weil sie erkranken und medizinische Hilfe benötigen.

Wie sich 2015 bei einem Schweizer Projekt im Tschad gezeigt hat, konnte die Nutzung von Gesundheitsdiensten um 50 Prozent gesteigert werden, weil Patientinnen und Patienten eine bezahlbare Krankenversicherung abschliessen konnten und bei Klinikbesuchen nicht jedes Mal die volle Summe bar bezahlen mussten.

Drittens: wir wollen gegen übertragbare Krankheiten kämpfen und gewinnen. Wichtige Fortschritte wurden im Kampf gegen HIV/AIDS, Tuberkulose und Malaria erzielt. Trotzdem stellen sie zusammen mit anderen übertragbaren Krankheiten, wie die Schlafkrankheit immer noch eine der Haupttodesursachen für die ärmsten Bevölkerungsschichten in einkommensschwachen Ländern dar.

In Tansania konnte die Schweiz 2015 das nationale Malaria-Programm technisch dabei unterstützen, die Verteilung von 24 Millionen imprägnierten Moskitonetzen zu bewerkstelligen – ein gigantisches logistisches Unterfangen.

Das Schweizer Engagement geht aber über die Verteilung von Netzen hinaus. Die DEZA fördert Partnerschaften zwischen dem privaten und öffentlichen Sektor bei der Entwicklung neuer Medikamente und Diagnostika gegen vernachlässigte tropische Krankheiten. Die „Drugs for Neglected Diseases Initiative“, die Initiative „Medikamente gegen vernachlässigte Krankheiten“, arbeitet mit der Pharmaindustrie in der Forschung und Entwicklung wirksamer, sicherer und bezahlbarer Medikamente zusammen. Innovative Ansätze und strategische Partnerschaften wie diese braucht es zur Lösung globaler Gesundheitsprobleme.

Chers amis

La Croix-Rouge suisse est un partenaire irremplaçable de la confédération. En Suisse, on connaît bien l’engagement de la CR suisse dans la gestion de catastrophes et l’aide d’urgence avec la Rega, les services de transfusion sanguine et l’alliance suisse des samaritains….

On connaît moins le rôle de la Croix-Rouge, et de ses sections cantonales, dans la formation, la reconnaissance et l’enregistrement de professions de la santé. La Croix-Rouge suisse c’est aussi l’aide au quotidien pour des personnes en difficultés, comme le service alarme Croix-Rouge qui permet de prolonger le maintien à domicile des personnes âgées, les services de transport ou de visites pour rompre la solitude, ou d’aide à l’intégration des migrants.

Grâce à son réseau de professionnels et ses 73’000 volontaires, la Croix-Rouge suisse joue un rôle irremplaçable d’auxiliaire au gouvernement, pour assurer que personne ne soit laissé de côté dans notre pays.

Mais au niveau international, le mouvement Croix-Rouge est aussi un partenaire important. J’ai mentionné notre soutien au CICR et à la Fédération des sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans les contextes humanitaires. En plus nous travaillons avec la Croix-Rouge suisse dans des programmes de développement à plus long terme.

Notamment en Bulgarie où la Suisse soutient la Croix-Rouge suisse pour la mise en œuvre d’un programme innovateur qui travaille conjointement avec les services médicaux et sociaux pour délivrer des soins à domicile pour des personnes âgées, ou avec handicap ou maladies chroniques. En d’autres termes avec ce programme nous exportons en quelque sorte le modèle Spitex qui a fait ses preuves pour le maintien à domicile des personnes âgées ou malades dans notre pays.

Au Kirghizstan, la Croix-Rouge suisse met en œuvre un projet de promotion de la santé au travers de comités de santé villageois, avec un grand impact sur la santé des populations des zones rurales.

Ces deux projets portent la « marque de fabrique » de la Croix-Rouge, car ils se caractérisent par un très fort ancrage dans les communautés concernées, et témoignent une fois de plus de la mise en œuvre des principes fondamentaux qui guident ce mouvement.

Finalement, j’aimerais évoquer un des aspects qui me tient particulièrement à cœur dans le mouvement Croix-Rouge. Il s’agit de la place faite aux volontaires, et de l’importance accordée à l’engagement des jeunes dans les groupes de la Croix-Rouge jeunesse. Cela permet à des jeunes de manifester concrètement leurs sentiments de solidarité.

En plus dans des contextes de conflit, la Croix-Rouge offre un cadre de valeurs qui est souvent accepté par les parties au conflit, et qui permet à des jeunes de s’engager pour leur communauté sans devoir prendre parti. Cela représente une fenêtre ouverte sur un monde plus humain et offre des perspectives d’avenir très précieuses.

Mesdames et Messieurs,

La situation internationale n’offre récemment que bien peu d’occasions de se réjouir. C’est pourquoi cet anniversaire de la CRS est une occasion précieuse de célébrer la durabilité du mouvement Croix-Rouge et de la Croix-Rouge suisse dans leur engagement pour plus d’humanité.


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