Bundesrätin Elisabeth Baume-Schneider eröffnet die Eidgenössische Jugendsession

Bern, 11.11.2023 - Rede, 11. November 2023: Eröffnung der Jugendsession; Bundesrätin Elisabeth Baume-Schneider - es gilt das gesprochene Wort

Liebe Jugendliche
Sehr geehrte Frau Nationalrätin Locher Benguerel
Sehr geehrte Frau Nationalrätin Schneider-Schüttel

Je lisais un journal dernièrement et un titre m’a sauté aux yeux. "Démocratie ? Ça m’est égal. Les jeunes attirés par les figures autoritaires". L’article rapportait qu’un sondage avait livré des résultats inquiétants sur les jeunes suisses. La jeunesse s’intéresserait de moins en moins à la politique. Elle douterait de l’efficacité des processus démocratiques. Et elle serait attirée par des personnages du type de Trump. Le papier se terminait sur le constat alarmant d’une jeunesse fatiguée de la démocratie.

On espère que ces journalistes n’ont jamais regardé le taux de participation aux votations de la population adulte.

On espère aussi qu’ils ne suivent pas la session des jeunes d’aujourd’hui. Le spectacle de votre présence au cœur de la démocratie pourrait ébranler leurs certitudes. Il est rare de voir la salle du Conseil national si pleine.

Et savez-vous ce qui est encore plus rare ? Nulle part un ordinateur portable ouvert ! Personne qui ne parle au téléphone ou qui ne se fait avaler par son écran ! Chapeau bas les jeunes.

Im Artikel über die angeblich demokratiemüde Jugend kamen auch Experten zu Wort. Einer sagte, Jugendliche seien "empfänglicher für radikale Lösungen". Ihre kognitiven Fähigkeiten seien eben noch unausgereift.

Er sagte das wirklich so.

Empfänglicher für radikale Lösungen.

Als wäre es eine Krankheit, wenn man sich für andere Gesellschaftsentwürfe interessiert.

Ihre kognitiven Fähigkeiten seien noch unausgereift.

Wenn ich Ihnen das übersetzen darf: Der Experte glaubt, Sie sind noch nicht ganz klar im Kopf. Aber er ist auch zuversichtlich, dass sie sich noch entwickeln werden. Und wenn sie keine radikalen Ideen mehr haben, wenn sie nicht mehr von einer besseren Welt träumen, dann haben sie es geschafft, dann sind sie endgültig zur guten Bürgerin herangereift.

Sie ahnen es, ich teile diese Meinung nicht. Ganz im Gegenteil.

Ja, politische Reife ist wichtig in einer Demokratie. Aber Reife allein ist keine Garantie für gute Entscheide. Reife Früchte fallen vom Baum und Sie wissen alle, was dann passiert.

Neben der Reife braucht eine Demokratie auch Fantasie und Mut. Fantasie für neue Lösungen. Mut zur Veränderung. Diese Kraft geht oft von den Jungen aus. In der Vergangenheit waren es immer wieder ihre Ideen, die unsere Gesellschaft entscheidend voranbrachten.

Ich denke etwa an die Gleichstellung der Geschlechter, an die individuellen Freiheiten und an die Öffnung der Schweiz gegenüber der Welt. Viele Errungenschaften haben wir ganz direkt den Jungen zu verdanken. Umso mehr freut es mich, heute mit Ihnen hier zu sein.

Die Jugendsession bildet für mich so etwas wie ein Fenster in die Zukunft. Ich bin sicher, vieles von dem, was sie in diesen Tagen hier ausdenken, aussprechen, fordern, aufs Tapet bringen, wird einmal Realität werden. Und vieles von dem, was sie hier in diesem Saal infrage stellen, kritisieren oder sogar anprangern, wird bald schon der Vergangenheit angehören.

Sie, geschätzte Jugendliche, erfinden hier und heute die Schweiz von morgen.

Mais… – voici venir le "mais", vous vous en doutiez, il y a toujours un "mais", et celui-ci est de taille !

L’avenir vous appartient peut-être, mais le présent, nous nous le partageons. Vous, les jeunes. Et nous, les plus tout jeunes. Et bien sûr tous les autres entre deux âges.

L’article que j’ai mentionné sur la jeunesse suisse qui serait lassée de la démocratie m’a fait réfléchir. On y sentait une certaine condescendance à l’égard des jeunes, qui n’est malheureusement pas rare dans notre société. Les regards portés sur les jeunes sont soit stricts et sévères : "Tenez-vous bien, les enfants !" Ou alors attendris : "Regarde comme ils sont mignons !"

Parfois aussi, il faut l’admettre, les opinions de certaines personnes sont disqualifiée simplement parce que leur auteur a dépassé un certain âge. "ok boomer" remplace l’argumentation et le dialogue entre les générations.

Je me suis posé la question : que faudrait-il, dans ce présent que nous partageons, pour que tout aille bien pour tout le monde. Faut-il que nous soyons toujours du même avis ? Ou au moins sur les questions importantes ? Devons-nous accorder davantage de poids aux voix des jeunes ? Ou alors supprimer le droit de vote à partir de 60 ans ? Byebye boomer ?

Vous le savez, des initiatives populaires demandant l’introduction du droit de vote à 16 ans ont été rejetées récemment dans plusieurs cantons. Au niveau de la Confédération, les discussions se poursuivent. Mais quel qu’en soit le résultat, il serait faux de réduire la discussion sur notre présent partagé à la question de l’âge de la majorité civique. Ce qui compte, au final, c’est que le dialogue s’engage entre nous.

Jeunes ou moins jeunes, nous n’avons pas besoin d’être d’accord sur tout. Les anglais ont une expression pour cela : "Let’s agree to disagree …" Mais nous avons une responsabilité d’aller au-devant les uns des autres et de nous écouter. Ce qui est en jeu, c’est notre capacité à dialoguer.

Ich habe vor kurzem ein beeindruckendes Buch einer ziemlich jungen Person aus der Schweiz gelesen. Das "Blutbuch" von Kim de l’Horizon.

Das Buch, viele von Ihnen kennen es sicher, ist ein langer Brief von Kim an ihre Grossmutter. Es ist ein Brief, der zwei Generationengräben überspringt. Ein Brief, der historische Räume überwindet. Absenderin: Eine queere Vertreterin der Generation Z. Empfängerin: Eine ältere Dame aus dem Kleinbürgertum des 20. Jahrhunderts.

Dass die Grossmutter an Demenz erkrankt ist, macht die Sache nicht einfacher. Und doch hat Kim das Bedürfnis – und die Zuversicht – zu schreiben, sich mitzuteilen, den Dialog fortzusetzen.

Wenn man Kim zuhört, erfährt man extrem viel. Darüber, wie Familien funktionieren und wie grundlegend sich unsere Gesellschaft in den letzten Jahrzehnten verändert hat. Aber auch darüber, wie anders manche Jugendliche heute über Geschlecht, Sexualität und Identität denken als wir früher. Dank Kim’sBuch verstehe ich besser, warum für gewisse junge Menschen heute Kategorien wie Mann und Frau nicht ausreichen.

Das heisst nicht, dass ich nächste Woche im Bundesrat beantragen werde, ein drittes Geschlecht einzuführen. Aber es bedeutet, dass ich und mein Departement uns noch ein bisschen mehr anstrengen werden, Lösungen zu finden, um den Bedürfnissen dieser Menschen gerecht zu werden.

Der Dialog, den Kim de l’Horizon mit ihrem Buch angestossen hat, hat gewirkt.

Vous qui êtes ici aujourd’hui, c’est un autre moyen que vous avez choisi pour exprimer votre point de vue. Non pas la littérature, mais la politique. Cette méthode était aussi la mienne. Mon environnement politique, au début des années 1980, c’était les ONG. Et mon outil politique de prédilection, c’était la lettre.

Après l’école, avec mes amies, on allait souvent flâner dans les cafés de La Chaux-de-Fonds et on refaisait le monde. On parlait de la pauvreté, de la violence, des droits des femmes, de la faim dans le monde et des inégalités. Nous savions souvent très précisément comment il fallait s’y prendre pour résoudre ces problèmes. Nous écrivions alors des lettres aux personnes ou aux organisations concernées pour leur communiquer nos révoltes et solutions.

Je dois admettre que nos lettres restaient souvent sans réponse. Et plus souvent encore, elles n’entraînaient aucune amélioration des situations que nous déplorions. Mais l’important n’était pas là.

En réalité, deux choses étaient importantes. D’abord, défendre nos convictions et porter la contradiction aux décideurs, ou à ceux qui se considèrent comme puissants. Et deuxièmement, ne pas rester seuls avec nos questionnements et nos idées, mais nous unir. Les amitiés et les réseaux que vous nouez aujourd’hui, vous les conserverez votre vie durant.

Quand on s’engage en politique, la plupart du temps, ce n’est pas pour avoir raison, ou pour gagner. On fait de la politique parce qu’on défend des valeurs, et qu’on souhaite les partager. J’aimerais aujourd’hui, chères jeunes femmes politiques, chers jeunes hommes politiques, vous remercier de votre engagement. Les valeurs que vous portez sont le ciment qui fera à l’avenir aussi, notre unité et notre cohésion.

J’entends parfois, dans des discussions avec des jeunes, des doutes émis sur l’utilité d’un engagement politique. Après tout, nous allons bien. Nous avons tout ce qu’il nous faut. Et puis, l’esclavage a été aboli. La pauvreté ne cesse de diminuer. Existe-t-elle encore, la noble cause pour laquelle il vaut la peine de se battre ?

Pour ma part, je suis convaincue que oui, elle existe encore. Connaissez-vous Robert Badinter ? C’est l’homme politique qui a défendu l’abolition de la peine de mort devant le Parlement en France en 1981. Il est à mes yeux un héros.

Il y a une quinzaine d’années, l’Université de Neuchâtel, mon Alma Mater, l’a invité pour rendre hommage à son travail et lui décerner un doctorat honoris causa. Plus de 400 personnes se sont pressées dans l’auditorium pour l’écouter, parmi lesquels des invités de marque des milieux politiques, scientifiques et culturels. Pourtant, Robert Badinter, qui avait déjà 81 ans à l’époque, ne s’est pas adressé en exclusivité aux invités des premiers rangs, mais aussi et en particulier aux étudiantes et aux étudiants du fond de la salle.

Certains jeunes croient que les grandes causes humanitaires sont une chose du passé, a dit Badinter. Et je cite : "Qu’ils se rassurent : les justes causes ne leur feront jamais défaut, que ce soit en Europe ou ailleurs dans un monde globalisé. Partout il nous faut lutter contre la barbarie, le racisme, les crimes contre l’humanité." Fin de citation.

Le combat pour la dignité de l’être humain et de l’humanité se poursuit. En Suisse et partout dans le monde. Et nous, la société, avons besoin de vous, la jeunesse, pour continuer à le mener.

Wo diese Würde der Menschen auf dem Spiel steht? So weit muss man gar nicht suchen. Ihr diesjähriges Programm bietet viele Ansatzpunkte. Die Drogenpolitik, die Krankenversicherungen, der Strafvollzug, die Citoyenneté und viele andere Themen, die sie in diesen Tagen auf der Traktandenliste haben, haben eines gemeinsam: Politische Lösungen müssen nicht nur mehrheitsfähig und finanzierbar sein, sondern auch die Würde der Bürgerinnen und Bürger gewährleisten – oder besser noch: stärken.

Wenn ich jetzt hier in die Runde schaue, in diesem wunderbaren Saal, dann sehe ich keine demokratiemüde Jugend. Ich sehe Engagement, Überzeugung und Zuversicht.

Ich sehe eine Jugend, die es verdient, dass wir Älteren ihr mehr zuhören und besser zuhören.

In diesem Sinne wünsche ich Ihnen anregende Diskussionen und viele, viele radikale Ideen.


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