CERN - Inauguration du Portail de la Science

Meyrin, 09.10.2023 - Discours du Président de la Confédération Alain Berset. A l’occasion de l’inauguration du Portail de la Science du CERN . Seules les paroles prononcées font foi

Proche de la Suisse l’écrivain et académicien Jean d’Ormesson a dit un jour: « Ce monde inépuisable, il n'existe que deux voies pour tenter d'en rendre compte: l'art et la science ».

Confier la réalisation d’un espace scientifique à un architecte au nom de Piano, il y a là une promesse qui aurait beaucoup plu à Jean d’Ormesson. Celle de marier, en un même lieu, l’art et la science. Pénétrer dans un bâtiment du maestro génois, c’est presque toujours la garantie d’être confronté à un univers empli de mystère.

On doit à Renzo Piano la réalisation de la Fondation Beyeler, du Musée Paul Klee et du Centre Beaubourg-Pompidou, trois institutions consacrées à l’art moderne et à l’art contemporain, disciplines dont les secrets, comme ceux de la nature, sont à découvrir et que, pour cette raison même, les esprits scientifiques sont parfois plus à même d’apprécier.

Car il faut être un géomètre pour comprendre le cubisme, un physicien pour savoir comment les mobiles de Calder défient la gravité, un chimiste habitué à manier l’alambic pour priser la peinture goutte à goutte de Pollock, un astronome pour déceler de la lumière dans un tableau de Soulages. Et il faut être un mathématicien pour calculer le prix de toutes ces œuvres.

Dans le même temps, il faut être un poète pour observer que la Terre est « bleue comme une orange », un peintre pour admirer la beauté des fractales, un musicien pour entendre les sons de l’espace à l’origine de toute vie.

Dans ce nouveau Portail de la science, les scientifiques et les amateurs d’art et d’architecture seront comblés, car la visite vaut autant pour les formes et les lignes intérieures que pour le contenu des expositions.

Mais les toutes premières à se réjouir, ce seront les jeunes générations. Il fallait bien faire quelque chose pour amener un peu de diversité dans le choix des sorties scolaires. Les enfants suisses du XXe siècle ont eu le Musée des transports de Lucerne, ceux du XXIe siècle auront le Portail de la science du CERN. Que les généticiens décrivent comme le petit-fils horizontal de l’Atomium.

Le but du Portail est en effet de « créer un centre d’éducation scientifique et de culture pour inspirer les jeunes générations avec la beauté de la science ». En se donnant une mission d’éducation, qui fait honneur à sa fonction et à son prestige, le Conseil européen pour la recherche nucléaire devient donc officiellement une HEP. Une Haute Ecole des Particules.

Celle-ci dispensera, le temps d’une visite, une « formation accélérée », dans le sens du processus d’accélération qui a fait sa renommée loin à la ronde. Bien plus loin, en tous les cas, que les 27 kilomètres de circonférence du grand collisionneur, dont une partie du tracé est située sur - ou plutôt sous - le territoire français.

Les familiers des diagrammes de Venn conviendront que ce cercle invisible fait du CERN une intersection entre la Suisse, la France et l’Europe, qui symbolise le rattachement à des valeurs communes, non seulement scientifiques mais également politiques. Le CERN est donc bien un établissement exceptionnel, qui permet à la Suisse et à Genève de rayonner dans le monde, sans pour autant émettre de radiations.

En octobre 2004, lors des cinquante ans du CERN, mon prédécesseur et compatriote fribourgeois Joseph Deiss avait rencontré ici même son homologue français Jacques Chirac pour inaugurer, non pas un portail, mais une porte. La Porte Charles de Gaulle, qui exemptait les nombreux collaborateurs de l’obligation de se soumettre au contrôle douanier au moment de pénétrer sur le site. Une exemption dont profite d’ailleurs aussi chaque proton du grand collisionneur.

Passer, en un peu moins de 20 ans, d’une simple porte à un portail technologique ultramoderne, cela constitue un perfectionnement des points d’accès du CERN qui témoigne d’une avancée concrète de la science. Ce fait remarquable devait être signalé.

J’en termine, car il va maintenant être temps de découvrir une tout autre science. Celle du bricolage. Nous allons en effet procéder dans quelques instants au découpage d’un ruban. A propos de découpage de pièces de tissu, j’aimerais, cela fera plaisir à Renzo Piano, revenir à Paul Klee, qui s’est également illustré dans cette dernière discipline à l’occasion de la création de marionnettes. Paul Klee évoquait la science avec l’imagination d’un enfant. « La lune est le rêve du soleil », disait-il. « La couleur est l’endroit où notre cerveau et l’univers se rencontrent ».

Appréhender la science, c’est entrer dans un monde de mystère et de poésie qui intrigue et passionne les jeunes. Et cette passion se retrouve bien souvent à l’origine d’une vocation professionnelle. Là, ce ne sont pas les généticiens qui nous le disent, mais les statisticiens.

Puisse ce Portail de la science rapidement devenir, plus encore qu’un lieu de visite et de passage, un lieu de transition douce vers le choix d’un métier d’avenir. Vive la science ! Vivent l’art et la culture !


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