Inauguration de l’église Santa Maria delle Grazie à Bellinzone

Bellinzone, 17.03.2006 - Allocution du Conseiller fédéral Pascal Couchepin

Mesdames, Messieurs, chers amis,

J’aimerais dire combien je me réjouis de la réouverture au public de ce prestigieux édifice, témoin exemplaire de l’architecture sacrée de notre pays.

Tout le monde garde en mémoire la nuit du 31 décembre 1996 durant laquelle les flammes ont failli anéantir totalement l’église alors en pleine rénovation.

Les situations de crise ont ceci de positif qu’elles révèlent les qualités les plus nobles de l’âme humaine avec une force souvent insoupçonnée.

Tel fut le cas à Bellinzone. En réponse au drame, un très grand élan de solidarité s’est manifesté au niveau régional et national.

Je tiens à exprimer ma plus vive reconnaissance aux centaines de personnes qui ont soutenu cette reconstruction.

Et je suis fier que la Confédération ait pris en charge 1/5 des coûts, soit 2 mios sur les 10 qu’a coûté cette restauration.

Mesdames, Messieurs,

Le canton du Tessin, est une terre de bâtisseurs, un pays de maçons et d’architectes qui ont essaimé à travers l’Europe.

Domenico Trezzini fut l’architecte de Pierre le Grand.

Les églises somptueuses de Francesco Borromini ont marqué l’histoire de l’art occidental.

Les mains géniales de créateurs tessinois ont donné un caractère particulier à des capitales comme Rome ou Saint-Petersbourg.

Ce rayonnement international des architectes tessinois se perpétue aujourd’hui.

On continue de nos jours à faire appel à des Tessinois lorsque l’on veut bâtir une cathédrale, à Evry ou a Turin. L’architecture tessinoise s’exporte aujourd’hui dans le monde entier.

De grands architectes comme Mario Botta, Luigi Snozzi, Aurelio Galfetti ou Livio Vacchini sont les fers de lance de ce renouveau de la construction contemporaine suisse.

La relève n’est pas en reste.

A l’évocation de cette activité foisonnante, on serait tenté de parler d’une « libido constructive  exacerbée » chez les Tessinois, tant le canton est parsemé d’édifices de valeur.

La rénovation de Santa Maria delle Grazie permet aussi de mesurer l’influence de la tradition religieuse sur le développement des arts et des lettres. Elle est aussi un exemple de partenariat entre autorités civiles et religieuses.

Cette bonne entente est réjouissante dans une communauté longtemps marquée par un affrontement entre laïcs et représentants de l’église.

Cette collaboration sera de plus en plus nécessaire : des édifices aussi importants que l’église Madonna del Sasso au-dessus de Locarno ou la cathédrale de Lugano doivent faire l’objet de restaurations prochaines.

Et les demandes d’aide financière adressées à la Confédération par le canton du Tessin représentent près de trois fois le crédit annuel qui peut lui être octroyé.

Même modestes, les contributions fédérales à la restauration des monuments historiques sont essentielles.

L’octroi d’une subvention tient lieu de caution de la Confédération et déclenche souvent le démarrage de projet. Nombre d’édifices de grande valeur ont ainsi pu être préservés d’une dégradation irréversible.

Mais plus que l’engagement financier, c’est ce rôle de parrainage et de coordination au niveau national qui doit être poursuivi et renforcé.

Mesdames, Messieurs,

Vous le savez : un pays, un territoire, est largement façonné par la main de l’homme.

Ses habitants sont imprégnés par leur relation continue à l’architecture, qu’il s’agisse d’édifices religieux, de monuments publics ou de bâtiments privés.

Il est donc naturel de porter grande attention à la qualité de notre patrimoine architectural.

Personne aujourd’hui ne conteste l’opportunité de conserver les traces de notre passé. Ces repères sont constitutifs de notre histoire et de notre identité, collective ou individuelle. L’église Santa Maria delle Grazie en est un exemple.

A défaut d’une grâce, c’est pour moi un honneur et un bonheur de partager avec vous le moment de cette inauguration.

Puisse cette courageuse entreprise donner goût aux plus jeunes d’approfondir leur connaissance du passé pour être en mesure de mieux affronter le futur.

Gageant que les responsables ont pourvu l’église d’une bonne alarme incendie, je souhaite longue vie à Santa Maria delle Grazie.


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