Armoiries de la Suisse

CONFOEDERATIO HELVETICA
Les autorités fédérales de la Confédération suisse

Page d'accueil
Courrier
Recherche

Syndicat d'améliorations foncières Conférence de Presse du 24 mai 2002

Syndicat d'améliorations foncières   Conférence de Presse du 24 mai 2002
de et à 2933 Damphreux

Exposé de M. Philippe Henzelin
Président du syndicat d'améliorations foncières de Damphreux

Mesdames, Messieurs, chers amis,

C'est avec un grand plaisir que je vous salue ce matin et vous apporte le
salut de notre coin de terre. Qu'une petite commune comme la nôtre retienne
l'attention de la presse est un honneur qui rejaillit sur notre village, ses
habitants et sur toute la région. Cette réunion, nous la devons en premier
lieu à tous les intervenants du remaniement parcellaire (membres du comité,
des commissions, ingénieurs, experts, associations ...) qui ont su apporter
à notre dossier les éléments qui sont récompensés aujourd'hui par le prix de
l'ASPAN/OFEFP. Cette reconnaissance qui me réjouit très fortement prouve que
nous pouvons construire par nos travaux et décisions un outil de travail
performant dans un paysage revalorisé afin de léguer à nos enfants un
patrimoine à la mesure des défis d'aujourd'hui.

Damphreux est une petite commune ajoulote de 150 habitants dont les terrains
étaient fortement morcelés, mal desservis et partiellement inondés dans les
zones de marais. L'idée d'un remaniement parcellaire a débuté dans les
années 70. Mais c'est au milieu des années 80 que démarre un grand projet
qui concerne 397 hectares, soit 1293 parcelles et 194 propriétaires.

Plus d'études et moins de travaux de génie rural

Le projet n'est pas allé de soi. Un premier projet prévoyait un
remembrement, des aménagements, des constructions de chemins et l'
assainissement de plus d'un 1/4 du périmètre. Comme la Confédération avait
mis son holà à un drainage de cette envergure, les drainages systématiques
ont été abandonnés.

En 1991,  55% des propriétaires - soit une courte majorité - acceptaient la
création d'un syndicat d'améliorations foncières. Prix du second projet :  6
millions de francs, dont le 84% pour les travaux de génie rural. Au fur et à
mesure de la réalisation, le projet a encore évolué vers plus d'études et
moins de travaux de génie rural. Aujourd'hui, les aménagements représentent
moins du 75% des dépenses.

Protection des marais

Des mandants d'études ont été attribués dans le domaine de la pédologie
(base pour l'estimation des terres) et pour la protection de la nature. Un
inventaire des milieux naturels a d'abord été établi avec propositions de
compensation pour les impacts causés par les équipements techniques et
propositions de revitalisation. Le bureau mandaté a tout de suite proposé de
gérer de manière extensive les principales surfaces humides, les secteurs
des étangs et de "la Cornée", qu'il avait été prévu initialement de drainer.
Entre-temps, la Société des Sciences naturelles du Pays de Porrentruy
créait la Fondation des marais de Damphreux, dont l'Etat et la Commune sont
membres, afin de restaurer le complexe des étangs. Cette demande et les 22
hectares acquis par ce nouveau propriétaire aux moyens financiers importants
ne sont pas allés sans créer une certaine crainte des agriculteurs. Des
terres leur ont filé sous les yeux, des contraintes importantes sont
apparues dans la gestion de leurs biens alors que la situation agricole n'
était pas des plus favorables.

Malgré les différents qui ont pu surgir, on a entrevu chaque fois des
solutions lors de pourparlers entre interlocuteurs prêts à s'écouter. Les
conflits ont été largement débattus et ont fait l'objet d'une pesée d'
intérêts afin de mettre sur pied des solutions satisfaisantes pour tous les
partenaires.

Et sur ce point, on peut dire que le syndicat - avec l'aide des services
cantonaux : Office des eaux et protection de la nature, Service de l'
aménagement du territoire, Services des ponts et chaussées, Services des
forêts, Service de l'Economie rurale - a assez bien su gérer les intérêts de
chacun.

De 1293 à 283 parcelles

Le projet final tient compte des nombreux intérêts de l'agriculture, de la
forêt, de la protection de la nature, de la protection du paysage et du
tourisme (itinéraires pédestres, itinéraires cyclables). Les parcelles ont
été regroupées : de 1293 à 283. Dix des 17 kilomètres de chemins de desserte
ont été construits en dur afin de permettre à nos agriculteurs de rejoindre
leurs parcelles dans des conditions normales. Cependant, en dépit des coûts
supplémentaires, les anciens tracés, tout en courbes, ont été maintenus afin
de mieux préserver le paysage.

Les zones sensibles des marais ont été octroyées à la Fondation des Marais
et mises sous protection. Certaines des propriétés de la Fondation sont
devenues des fermages avec des contraintes d'exploitation acceptées par des
agriculteurs. Dans le finage, des arbres isolés et de nouvelles haies sont
plantés tandis que  des canaux à ciel ouvert sont creusés. Les terrains
attribués aux agriculteurs autour de la Fondation sont libres de contraintes
d'exploitation. Cette décision est encore combattue aujourd'hui. Là encore
avec des négociations et discussions, une solution devra être trouvée.

En 1998, le projet  a été accepté par le Gouvernement cantonal et par le
Département fédéral de l'Economie publique.

Une longue évolution sépare l'avant-projet accepté de justesse par les
propriétaires en 1991 et le projet réalisé aujourd'hui. Des lois
contraignantes pour les milieux agricoles ont vu le jour et ont quelque peu
désemparé ceux-ci. Des études supplémentaires ont été commandées alors que
les ouvrages de génie rural diminuaient. Les milieux écologiques se sont vu
de plus en plus présents et plus revendicatifs, diront certains. Face à ces
turbulences, le monde agricole s'est cru piégé et a réagi, pour finalement
se  montrer partenaire. Aucun projet n'est parfait, on nous le dira encore
peut-être aujourd'hui. Mais la volonté de doter notre agriculture d'un outil
de travail performant dans un environnement préservé ne peut pas être prise
en défaut. Le prix que nous recevons aujourd'hui en est d'ailleurs la
meilleure démonstration.