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Utilisation des boues d'épuration dans l'agriculture

COMMUNIQUE DE PRESSE / Berne, le 14.9.2001

Utilisation des boues d'épuration dans l'agriculture

Une pratique qui doit lentement disparaître

A l'avenir, les milieux agricoles ne pourront plus recourir aux boues
d'épuration. Toutefois, il n'est pas nécessaire d'abandonner cette
pratique du jour au lendemain. Voilà ce qu'ont convenu l'Office
fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), l'Office
fédéral de l'agriculture (OFAG) et d'autres services fédéraux. Les
offices exposent leur position aux milieux intéressés lors d'un
atelier organisé aujourd'hui à Berne.

A moyen terme, les agriculteurs devront complètement renoncer à
utiliser des boues d'épuration, qu'il faudra désormais exclusivement
incinérer. L'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du
paysage (OFEFP), l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), l'Office
fédéral de la santé publique (OFSP) et l'Office vétérinaire fédéral
(OVF) sont d'accord sur ce point. Ils exposent leur position aux
milieux concernés - parmi lesquels l'Union suisse des paysans et les
producteurs suisses de lait - lors d'un atelier organisé aujourd'hui à
Berne. La manifestation est également l'occasion de présenter les
résultats de l'analyse des risques liés aux engrais à base de déchets
.

Pourquoi cette décision de renoncer aux boues d'épuration ? Parce que
la demande en boues d'épuration comme engrais gratuit pour
l'agriculture est en baisse depuis des années. En effet, ces boues ne
contiennent pas seulement des nutriments, mais aussi toutes sortes de
polluants. Aujourd'hui, des méthodes d'analyse modernes permettent de
détecter, outre les polluants organiques persistants (PCB) et les
dioxines chlorées, la présence - même en quantités infimes - d'autres
substances organiques moins connues, telles que des résidus de
médicaments, des parfums ainsi que des hormones naturelles ou
artificielles.
Dans la production biologique, les boues d'épuration sont prohibées
depuis longtemps. Et ces derniers mois, la demande n'a cessé de
reculer encore davantage depuis qu'il a été déclaré que, par le biais
des eaux usées des abattoirs, les boues d'épuration pouvaient être
contaminées par des prions, agents infectieux à l'origine de l'ESB.
Toutefois, le risque d'infection est négligeable, compte tenu des
conditions d'hygiène des abattoirs et de la séparation des parties
solides des abats. Il n'empêche qu'actuellement, même les grands
distributeurs interdisent le recours aux boues d'épuration si la
viande et les produits laitiers sont issus d'une production avec label
de qualité. Et il faut s'attendre à ce que les boues d'épuration aient
toujours plus de peine à trouver preneur. En effet, les paysans
adaptent leur production aux voeux des consommateurs, de plus en plus
nombreux à préférer les produits avec label.

La stratégie d'abandon des boues d'épuration dans l'agriculture sera
concrétisée ces prochaines semaines avec les milieux intéressés, après
l'analyse des résultats de l'atelier d'aujourd'hui. Les offices
fédéraux pensent que l'interdiction des boues d'épuration dans
l'agriculture devrait devenir réalité dès 2003-2005. L'OFEFP et l'OFAG
doivent d'abord modifier les prescriptions légales en conséquence,
notamment l'ordonnance sur les substances.

Voir sur Internet:

http://www.blw.admin.ch/themen/hstoffe/duenger/f/

Augmenter les capacités d'incinération

Les stations d'épuration de Suisse - il y en a plus de 900 -
produisent chaque année quelque 4 millions de tonnes de boues
d'épuration liquides, ce qui correspond à près de 200'000 tonnes de
matières sèches (MS). Ces dernières années, 40 pour cent de ces MS ont
été utilisés dans l'agriculture. Les 120'000 tonnes restantes ont été
brûlées dans les usines d'incinération des ordures ménagères (UIOM),
dans les cimenteries ou dans des installations d'incinération
spéciales.
Afin que l'ensemble des boues d'épuration puisse à l'avenir être
éliminé dans le respect de l'environnement, la Confédération, les
cantons, les associations de protection des eaux, le secteur du
traitement des déchets et l'industrie du ciment unissent leurs efforts
pour organiser l'élimination des 80'000 tonnes de MS encore utilisées
dans l'agriculture, et coordonner le recours aux installations
disponibles. Les installations de séchage doivent tout d'abord être
utilisées de manière optimale. L'industrie du ciment a pour sa part
offert d'incinérer 30'000 tonnes supplémentaires. La question de
savoir si les UIOM peuvent éliminer davantage de boues d'épuration est
actuellement à l'étude. Pour régler les problèmes de capacité
ponctuels, les boues d'épuration séchées sont aujourd'hui déjà
exportées vers des centrales au lignite à l'étranger afin d'y être
brûlées.

Avantages et inconvénients de l'incinération

Les nutriments contenus dans les boues d'épuration sont perdus en cas
d'incinération. Mais les boues d'épuration ne représentent qu'une
faible proportion des engrais utilisés dans l'agriculture. C'est ainsi
que les 2000 tonnes de phosphore provenant des installations de
traitement des eaux qui ont été épandues l'année passée dans les
champs et les prairies constituent à peine 5 pour cent de la quantité
totale de phosphore utilisée par l'ensemble de l'agriculture suisse.
Les boues d'épuration ne contiennent toutefois pas que des nutriments,
mais aussi des substances nocives, notamment des polluants organiques
persistants (PCB), des pesticides organochlorés (DDT, aldrine), dont
la production a été interdite il y a des décennies, des dioxines
chlorées ou encore des aromates polycycliques, qui sont des
sous-produits issus de processus thermiques. Les sources primaires de
la diffusion de ces polluants dans l'environnement ont été éliminées
ou pour le moins assainies. Mais en raison de leur persistance, ces
substances continuent à subsister dans l'environnement. Grâce à
l'incinération, ces polluants sont détruits une fois pour toute.

Renseignements:
Jürg Jordi, attaché de presse OFAG, 031 322 81 28 
Elisabeth Maret, attachée de presse OFEFP, 079 504 52 55