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Discours du Conseiller Pascal Couchepin à l'occasion de la conférence OFFT ITC 2000 à Berne

COMMUNIQUE DE PRESSE / Berne, le 6.11.2000

Discours du Conseiller Pascal Couchepin à l'occasion de la conférence
OFFT ITC 2000 à Berne

Discours prononcé le
6 novembre 2000 au Kursaal de Berne

Seul la version orale fait foi
Embargo: 6 novembre 2000, 09h30

Mesdames, Messieurs,

C'est avec plaisir que je prends part à la Conférence OFFT-ICT. Je
suis impressionné par la qualité de la participation, tant au niveau
des auditeurs que des intervenants.

Je vous remercie d'ajouter la passion à une profession essentielle,
celle de la formation de jeunes, et de moins jeunes. Cette profession
et votre passion sont les meilleurs moteurs de la croissance
qualitative de la Suisse.

Les technologies de l'information et de la communication (ICT en
anglais) constituent l'un des défis majeurs auxquels la société et
l'économie sont confrontées. Le système éducatif est appelé à jouer un
rôle fondamental dans le développement et la mise en œuvre de ces
nouvelles technologies : votre présence ici démontre que vous êtes
prêts à jouer ce rôle.

Où en est la formation professionnelle?

La formation professionnelle a une grande importance stratégique par
le nombre de jeunes qu'elle concerne et parce que c'est l'un des
points essentiels sur lequel la Suisse peut créer un avantage
comparatif par rapport à d'autres pays. En Suisse, la formation
professionnelle jouit d'une cote enviable. Deux tiers des jeunes
Suisses optent en effet pour un apprentissage.

Sur le plan économique, la formation duale permet de maintenir des
points de production de qualité en Suisse, l'exemple de sociétés
telles ABB et Roche nous le démontre. Son importance est également
reconnue sur le plan social, car elle permet de mieux intégrer les
jeunes dans le monde du travail. La pratique nous permet de constater
que le patron d'un jeune se sent responsable de son passage à la vie
professionnelle.

Par son adéquation au monde du travail, notre système explique
pourquoi le chômage des jeunes est si bas en Suisse par rapport au
reste de l'Europe. La formation duale doit donc être préservée car
elle constitue un atout important pour notre place économique.

Néanmoins, nous aurions tort de nous endormir sur nos lauriers : le
monde du travail évolue à une vitesse telle que tous les acteurs
concernés sont appelés à faire preuve de souplesse. Nous devons
répondre toujours plus vite à l'évolution des besoins de l'économie.

a) Loi sur la formation professionnelle

Il y a deux mois que le Conseil fédéral a transmis au Parlement son
projet de révision de la loi sur la formation professionnelle. Il fixe
un cadre moderne et souple à notre système dual.

Les commissions ont commencé son examen et le Parlement en débattra au
cours de l'année prochaine. La mise en vigueur de la loi est prévue
pour 2003.

L'objectif de cette révision est de mettre en place un système de
formation souple et efficace, adapté à l'évolution du marché du
travail. Elle apporte des modifications substantielles par rapport aux
bases légales actuelles.

La nouvelle loi est résolument moderne. Conçue comme une loi-cadre,
elle est ouverte aux changements et adaptée aux mutations
technologiques et aux besoins de l'individu. Pour répondre aux
exigences des domaines de la santé, du social et des arts - trois
domaines importants qui seront désormais réglementés par la
Confédération -, elle est davantage axée sur les services.

La nouvelle loi est novatrice : elle offre de nouvelles possibilités
en matière de formation (par exemple, les écoles professionnelles
spécialisées) sans perdre sa composante pratique fait notre force.

Cette révision permet de définir une répartition claire des tâches
entre Confédération, cantons et milieux économiques.
Sur le plan du financement, la Confédération accroît son soutien
financier, qui passe de 20 à 25%, avec un mode de financement orienté
sur les prestations et non plus selon les dépenses. Ce nouveau système
donne aux acteurs une marge de manœuvre plus grande sur la manière
d'atteindre les objectifs fixés et accroît la transparence.

Cette loi-cadre augmente aussi la perméabilité entre les différentes
filières, et permettra ainsi une plus grande mobilité.

b) Arrêtés fédéraux sur les places d'apprentissage

La formation professionnelle a constamment été mise à jour dans un
esprit pragmatique. Toutefois un décalage s'est formé entre les lois
et les réalités du marché du travail, décalage qu'il a fallu compenser
par l'introduction de plus en plus systématique de projets-pilotes.

Transition indispensable avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi,
les deux arrêtés fédéraux sur les places d'apprentissage ont permis
d'investir 160 millions de francs dans la formation professionnelle.
Plus de 10 000 places d'apprentissage ont été créées de 1997 à 2000
Cette tendance positive se poursuit en 2000.

L'objectif est de répondre à court terme aux besoins du marché du
travail. Avec l'évolution technologique, les nouvelles professions
foisonnent. Mais nous savons que, dans une économie ouverte et très
performante, le marché national du travail n'est pas suffisant pour
répondre à tous les besoins.

D'où la libre circulation des personnes dans les accords bilatéraux et
une politique prudente d'attribution de permis de travail à un nombre
limité de spécialistes extérieurs à l'Union européenne.

Un des effets de la globalisation est une certaine fragilité des
emplois. La rapidité avec laquelle les changements technologiques sont
introduits réduit la durée de vie des produits, offre de nouvelles
chances à de nouveaux concurrents. Si notre économie veut profiter de
ces chances, elle doit miser sur la formation de base et sur la
formation permanente. Souple et proche de ses clients, la formation
continue répond le plus efficacement aux risques liés à la fragilité
de l'emploi et permet de redonner des chances à tous.

C'est pourquoi, la formation professionnelle doit rester une tâche
commune de l'Etat et de l'économie.

c) Hautes écoles spécialisées

La mise en place des Hautes écoles spécialisées (HES) répond aux mêmes
objectifs de qualité et de meilleure adéquation au monde de
l'économie.

En 2003, la réforme sera achevée. Sept HES régionales proposeront des
filières pratiques et des cours de formation continue à plus de 20 000
étudiants. De 2000 à 2003, la Confédération aura investi environ 930
millions de francs dans la mise en place des HES.

Il est primordial de positionner les HES comme des institutions
équivalentes aux hautes écoles universitaires et aux écoles
polytechniques fédérales (EPF), mais de nature différente. Cette
évolution est rendue possible grâce aux efforts accomplis par les
organes responsables, publics et privés, par le corps enseignant, mais
également par les autorités cantonales.

Le stade d'avancement des travaux est réjouissant : les points faibles
ont été identifiés et les partenaires en sont conscients. La tâche de
la Confédération est de continuer à accompagner ce processus et de
préparer des conditions cadres, avec les responsables, qui assureront
aux HES un statut de haute école, reconnu en Suisse et à l'étranger,
assurant ainsi un haut niveau de perméabilité.

La reconnaissance au niveau international joue un rôle essentiel. Les
accords bilatéraux, mais aussi les négociations qui sont en cours avec
nos Etats voisins concernant la reconnaissance réciproque des diplômes
et la prise en compte des études déjà accomplies démontrent que nos
diplômes bénéficient d'un taux d'acceptation élevé auprès de
l'étranger. Les HES seront à la hauteur si elles prouvent qu'elles
assument un mandat de formation complet.

Pour se profiler efficacement, les HES doivent intensifier leurs
relations avec le monde scientifique et avec le monde de la pratique.
Dans le domaine du transfert des technologies, la Suisse dispose
d'extraordinaires compétences et des résultats fabuleux au niveau de
la recherche. Elle ne parvient toutefois pas suffisamment à les
transposer rapidement et efficacement dans les entreprises.

Il faut chercher des solutions pour supprimer les barrières et les
cloisons qui empêchent un transfert efficient. Les chercheurs et le
corps professoral doivent prendre conscience que leur orientation doit
se concentrer davantage vers les besoins des clients.
Les HES doivent offrir de nouvelles filières de formation pour réagir
face aux changements de profil des professions et aux défis dans les
nouvelles technologies de la communication.

Par la suite, une analyse de la qualité scientifique des hautes écoles
spécialisées par des groupes d'experts suisses et étrangers permettra
de contrôler la qualité académique de chaque domaine spécialisé. Cette
analyse se fera par rapport à l'enseignement, à la recherche appliquée
et développement (Ra&D), ainsi que sous l'angle des prestations de
services et de la formation continue.
La qualité rime ici aussi avec quantité et une masse critique
suffisante (plus de 15 élèves par volée au minimum) est indispensable.

Le défi des ICT

L'introduction des nouvelles technologies de l'information et de la
communication transforme nos professions et notre mode de vie. Cette
évolution touche presque tous les domaines. Nous devons offrir aux
jeunes le meilleur bagage possible pour qu'ils soient capables de
répondre aux exigences professionnelles d'aujourd'hui et de demain.

Denis de Rougemont avait trouvé les mots qui convenaient: « La
déchéance commence lorsqu'on se demande: que va-t-il nous arriver
plutôt que de se demander: que pouvons-nous faire? » Cette conférence
nous donne l'occasion d'anticiper les problèmes, d'accoucher d'idées
novatrices, selon la maïeutique socratique !

La Confédération a défini une stratégie pour développer la société de
l'information. La concrétisation de cette stratégie est formulée dans
un plan directeur prévoyant d'améliorer la compétitivité de la Suisse
dans le secteur de la nouvelle économie et pour pallier le manque
d'informaticiens qualifiés.
Le développement de la nouvelle économie augmente les exigences en
matière de nouvelles technologies. Le facteur humain est une clé
importante du succès. Et effet, la net-économie favorise les idées,
les informations, les relations, dans tout ce qui forme le réseau.
Entre les Etats, on assiste d'ailleurs à une compétition croissante -
le « brain drain » - pour attirer la main d'œuvre la plus qualifiée.

La Confédération intervient au niveau de la formation professionnelle,
dans le but d'étoffer et de diversifier l'offre, en collaboration avec
les cantons et l'économie.

De nombreuses initiatives ont déjà été prises, je me limiterai à
quelques exemples choisis :

- Introduit en 1994, l'apprentissage en informatique a accru fortement
le nombre d'informaticiens qualifiés. Le taux de croissance est
énorme: cette année, plus de 2000 jeunes ont commencé un apprentissage
en informatique. Le taux de croissance de ces apprentissages a
augmenté de 66% entre 1998 et 1999.

- La réorganisation globale des métiers informatiques a été élaborée
par le groupe de travail "I-CH Formation professionnelle informatique
Suisse". Elle introduit une plus grande souplesse et de plus vastes
possibilités au niveau des spécialisations. On estime qu'en 2003, les
professions en informatique attireront entre 3000 et 5000 jeunes par
année.

- Outre des filières spéciales d'apprentissage pratique en
informatique - qui seront proposées ces trois prochaines années aux
bacheliers -, les HES mettent également en place un réseau de
compétences informatiques.

Grâce aux efforts consentis dans la formation professionnelle et dans
la réforme des HES, l'offre et la demande d'informaticiens sur le
marché du travail devraient s'équilibrer dès 2003-2004.
Les possibilités de l'internet doivent également davantage intervenir
dans l'enseignement des multimédias. C'est le but du "Campus virtuel",
un projet doté d'un budget de 30 millions de francs auquel les HES
participent avec plus de dix projets de développement.

Nous voulons promouvoir également le raccordement des écoles à
internet. En Suisse, 20% des écoles sont actuellement raccordés au
web. C'est insuffisant. L'infrastructure technique doit être améliorée
dans le cadre d'un partenariat entre les pouvoirs publics et
l'économie privée. Les enseignants doivent aussi être mieux préparés à
intégrer les technologies de l'information et de la communication. Sur
90 000 enseignants, seuls 15 000 ont suivi une formation adéquate dans
le domaine des ICT.

Le Conseil fédéral envisage plusieurs variantes pour l'utilisation des
réserves d'or excédentaires de la Banque nationale. L'une des
variantes consiste à utiliser une partie des revenus pour financer une
initiative de formation, dont les axes majeurs seraient les suivants:

- préparer les enseignants à la future société de l'information.
- assurer le développement et la production de didacticiels adéquats.
- mobiliser les personnes qui n'auraient autrement pas directement eu
accès à cette formation.

Un budget de 600 à 700 millions de francs est prévu pour le
financement de ces programmes.

Nous continuons donc à développer l'édifice de la formation
professionnelle. C'est une histoire à succès dont vous écrirez la
suite.

Avant de conclure, j'aimerais remercier les collaboratrices et
collaborateurs de l'Office fédéral de la formation professionnelle et
de la technologie, en particulier son directeur, Eric Fumeaux, pour
l'organisation de cette Conférence.

Au vu des très intéressants sujets figurant au programme, je vous
souhaite de vivre deux journées riches en débats.

Mais les chantiers de la formation professionnelle des nouvelles
technologies ne sont jamais achevés. Je suis sûr que nous aurons
encore, dans les années qui viennent, la chance de nous rencontrer
lors de manifestations similaires. Je souhaite que ces journées vous
apportent des éléments d'information, mais aussi, nourrissent cette
passion dont je parlais au début de mon intervention.

Renseignements:
Robin Tickle, chef de la communication DFE, tél. 079 211 62 28