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Mise en oeuvre des lignes directrices des finances fédérales: finances saines et

DOCUMENTATION DE BASE

Mise en oeuvre des lignes directrices des finances fédérales: finances
saines et améliorations structurelles du système fiscal

1.  Contexte

La politique budgétaire est conditionnée non seulement par des objectifs
prioritaires et des principes généraux mais également par la situation
économique. Ces deux éléments déterminent la marge de manoeuvre
applicable aux mesures en matière de recettes et de dépenses.

Les lignes directrices des finances fédérales forment la base de la
politique budgétaire du Conseil fédéral et en définissent les objectifs,
à savoir entre autres: l'assainissement des finances fédérales, la
diminution de la quote-part fiscale, la croissance économique et
l'équité. En d'autres termes, elles préconisent un assainissement
durable des finances fédérales, une diminution à moyen terme de la
quote-part fiscale, la création de nouveaux potentiels de croissance
ainsi que la recherche d‘un compromis idéal en matière d'imposition, qui
tienne compte à la fois des exigences économiques et des impératifs
d'équité.

Les lignes directrices des finances fédérales exigent que l'équilibre du
budget de la Confédération soit réalisé sur l'ensemble d'un cycle
conjoncturel. Des augmentations de la quote-part fiscale sont réservées
au financement de l'AVS pour tenir compte de l'évolution de la
démographie.

2. Train de mesures fiscales

Etant donné les perspectives actuelles, la marge de manoeuvre en matière
de politique budgétaire est, durant la présente législature, limitée.
Même en cas d'allégement fiscal, les critères des lignes directrices
doivent être remplis.

Le train de mesures fiscales proposé par le Conseil fédéral est axé sur
les améliorations structurelles du système fiscal. Il comprend deux
volets. Le premier concerne des améliorations structurelles concrètes du
système fiscal dans les domaines de l'imposition des couples mariés et
de la famille, du droit de timbre de négociation et de l'imposition de
la propriété du logement à usage personnel. Le deuxième se rapporte à
d'autres réformes fiscales ainsi qu'à une amnistie fiscale générale.

Le train de mesures fiscales est fondé sur l'objectif de consolidation
dont la base a été créée suite à l'adoption du plan financier de la
législature. Durant la législature en cours, le frein à l'endettement
devrait permettre une gestion rigoureuse des dépenses et, à moyen terme,
assurer l'équilibre du budget.

3.  La marge de manoeuvre à moyen terme

Le plan financier 1999 - 2003 prévoit un déficit cumulé d'un milliard
pour la présente législature. Il se base sur les chiffres du 17 décembre
1999. La mise à jour des données est en cours dans le cadre de
l'élaboration du budget 2001 et du nouveau plan financier 2002 - 2004.
Le plan financier du 17 décembre 1999 ne tient compte ni des dépenses
supplémentaires occasionnées par l'ouragan "Lothar" ni d'un éventuel
recours à la garantie en cas de déficit de l'EXPO 02. Par ailleurs, il
ne prévoit aucun moyen financier pour des mesures salariales. Côté
recettes en revanche, les perspectives offertes par l'impôt fédéral
direct sont meilleures.

Aperçu du plan financier de la législature du 17décembre 1999
 Budget Plan financier de la législature ? Taux de croissance
 2000 2001 2002 2003 1999-2003
Dépenses (en milliards)
     ? en % de l'année précédente 47,4
+2,4 48,3
+1,9 49,6
+2,6 53,0
+6,9
+3,4
Recettes (en milliards)
     ? en % de l'année précédente 45,6
+7,6 47,4
+3,9 49,7
+4,8 54,7
+10,1
+6,6
Déficit / Excédent de recettes (en milliards) -1,8 -0,9 +0,1 +1,7
Limite supérieure selon
l'objectif budgétaire 2001 -2,5 -0,9 -1,0 -1,1

Selon les estimations actuelles, les prêts accordés à
l'assurance-chômage seront complètement remboursés à la fin de l'an
2003. Dans ces conditions, le compte 2004 sera amputé d'un milliard.

Ces prévisions se basent également sur la politique actuelle de
répartition du bénéfice de la Banque nationale, politique qui sera
redéfinie pour la période allant de 2003 à 2008. Si les résultats
financiers restent stables, la BNS pourra répartir un bénéfice plus
important, ce qui entraînera une augmentation des recettes pour la
Confédération (1/3) comme pour les cantons (2/3).

Le rapport entre la croissance des recettes et des dépenses laisse
espérer qu'à la fin de la législature en cours le Conseil fédéral
disposera d'une certaine marge de manoeuvre pour envisager une baisse
des impôts. Il ne s'agit cependant que d'une hypothèse fondée sur la
croissance économique et le plein-emploi. La discipline en matière de
dépenses reste donc d'actualité.

En se basant sur les conditions décrites ci-dessus, le Département
fédéral des finances (DFF) estime qu'à partir de 2003 la marge maximale
pour les diminutions de recettes avoisinera un montant net de 1 à 1,2
milliard de francs. S'il s'avérait que la marge de manoeuvre et les
excédents sont plus importants que prévus, ils serviraient à amortir la
dette. Il en serait de même pour le produit de la vente de licences dans
le domaine de la télécommunication.

4. Les mesures en détail

Le train de mesures fiscales se limite aux domaines de l'imposition des
couples mariés et des familles et de l'imposition de la propriété du
logement à usage personnel, ainsi qu'à certains allégements ciblés en
matière de droit de timbre de négociation. Ce train de mesures met
l'accent sur des améliorations structurelles. L'ensemble des mesures ne
doit pas entraîner de pertes de recettes excédant 1 à 1,2 milliards de
francs au total.

41.  Imposition des couples mariés et de la famille

Les réformes dans le domaine de l'imposition des couples mariés et de la
famille sont placées sous le signe d'une plus grande équité fiscale. La
réglementation actuelle ne répond plus à la conception moderne de
l'équité. Ces réformes visent, premièrement, à supprimer les inégalités
fiscales dont pâtissent les couples mariés par rapport aux couples
vivant en concubinage, et, deuxièmement, à améliorer les conditions
fiscales auxquelles sont actuellement soumis les parents d'enfants
mineurs ou d'enfants poursuivant leurs études. Dans toute la mesure du
possible, il convient cependant de renoncer à compenser, au détriment
des célibataires, les pertes de recettes de manière unilatérale.

Le Conseil fédéral prévoit de mettre en consultation ce printemps les
trois modèles proposés par la commission d'experts (splitting,
imposition individuelle et splitting familial) ainsi que le modèle du
Conseil des Etats (donnant suite au postulat Spoerry).

Conformément au projet du Conseil fédéral, les pertes de recettes ne
doivent pas dépasser 900 millions de francs. Des pertes supplémentaires
devraient être compensées.

42. Propriété du logement

Il y a une année, l'initiative "Propriété du logement pour tous" a été
rejetée principalement en raison de considérations liées à la politique
budgétaire. A la suite du vote, le Département fédéral des finances
(DFF) a institué une commission chargée de proposer d'autres solutions
n'ayant, elles, pas d'incidences sur le niveau des recettes fédérales.
Cette commission livrera son rapport à la fin du mois de mars 2000.

L'imposition de la propriété du logement à usage personnel fait depuis
des années l'objet de débats politiques. Considérée du point de vue de
l'équité fiscale, l'imposition de la valeur locative est correcte. Aussi
les critiques ne concernent-elles bien souvent pas le système en soi,
mais uniquement les conséquences qu'il implique pour certains groupes de
personnes (p. ex. les rentiers qui ont amorti leurs hypothèques).

Le passage à un système totalement nouveau comporterait la suppression
de l'imposition de la valeur locative ainsi que la déduction des
intérêts hypothécaires et des frais d'entretien. Des estimations
montrent que ce changement de système rapporterait à la Confédération
des recettes supplémentaires de l'ordre de 200 millions de francs. On
peut donc en déduire que, dans l'ensemble, le système actuel ne charge
pas les propriétaires mais au contraire les favorise. Le passage pur et
simple à un nouveau système présenterait par ailleurs de grands
avantages du point de vue administratif. Il s'inscrirait parfaitement
dans la ligne d'une simplification du système fiscal.

Le changement de système défavoriserait particulièrement les personnes
qui désirent acquérir leur propre logement, celles-ci ne disposant
souvent que d'un capital restreint et d'un faible revenu.
L'encouragement ciblé de l'accès à la propriété du logement pourrait dès
lors consister, d'une part, à passer à un nouveau système et, d'autre
part, à accorder aux personnes désirant acquérir leur propre logement
des allégement fiscaux, sous forme d'une déduction des intérêts
hypothécaires limitée à un certain montant sur une période donnée.

La solution actuelle étant correcte du point de vue de la systématique
fiscale et les propriétaires dans leur ensemble bénéficiant déjà d'un
régime de faveur, des allégements supplémentaires ne constituent pas une
priorité vu la situation des finances fédérales, qui reste tendue. C'est
pourquoi la commission d'experts instituée voici une année a pour
mission de présenter des propositions n'ayant pas d'incidences sur les
recettes.

Le Conseil fédéral prévoit que seules les recettes supplémentaires
provenant du passage à un nouveau système soient utilisées pour
encourager la propriété du logement à usage personnel et que les
réformes n'entraînent pas de pertes de recettes.

43. Droit de timbre de négociation

Le droit de timbre de négociation est un impôt sur les transactions. Le
vendeur et l'acquéreur de titres peuvent échapper à cet impôt en
déplaçant leurs transactions à l'étranger.

L'année dernière, le droit de timbre de négociation a rapporté près de
deux milliards de francs. La politique budgétaire ne permet pas une
abolition pure et simple du droit de timbre de négociation sans
compensation et, pour l'instant, une compensation entière n'est pas
possible dans le secteur financier. Par ailleurs, l'introduction d'un
impôt sur les dépôts serait bloquée au niveau politique, d'une part
parce qu'il s'agit d'un impôt indirect sur la fortune et, d'autre part,
parce qu'il n'écarte pas non plus le risque d'une migration des dépôts
vers l'étranger. Ces constatations ne signifient cependant en aucun cas
l'abandon du principe d'une compensation au sein du secteur financier.

Une solution transitoire pourrait consister à accorder des exonérations
ciblées. On pourrait penser par exemple à un groupe d'investisseurs
institutionnels qui reste encore à définir ou au commerce des "blue
chips" suisses. Ce genre d'exonérations partielles aurait pour avantage
de limiter la diminution des recettes et de stopper l'émigration des
transactions.

Il faut limiter les réformes à des exonérations ciblées. L'ordre de
grandeur des diminutions de recettes est limité à 500 millions au plus.
Un manque à gagner plus important devrait être compensé au sein du
secteur financier.

5. Le contexte des réformes fiscales

51. Message portant sur l‘initiative populaire 'pour un impôt sur les
gains en capital'

Les failles d'un impôt sur les gains en capital tiennent au fait qu'il
serait presque impraticable. Les recettes en seraient modestes et la
mise en oeuvre difficile.

Le Conseil fédéral rejette l'initiative sans contre-projet.

52. Examen de l‘imposition des gains sur les participations

L‘impôt frappant les gains sur les participations doit remplacer
partiellement un impôt général sur les gains en capital. L'objectif visé
est d'apporter une solution au problème de la double imposition
économique lors de l'introduction d'un impôt frappant les gains sur les
participation. Ce problème, qui concerne notamment les petites et
moyennes entreprises, a pour effet notamment de fausser les décisions de
financement et de compliquer la réglementation des successions. Afin de
préserver les avantages concurrentiels de la Suisse, l'introduction d'un
tel impôt devrait avoir le moins d'incidences possible sur le budget
fédéral. L'allégement de l'imposition des dividendes serait compensée au
moment de la réalisation, par l'imposition de gains en capital
aujourd'hui exempts d‘impôts.

La procédure proposée - intégrer l'impôt sur les gains en capital dans
le message sans en faire un contre-projet indirect à l'initiative - se
justifie par les contraintes au niveau du temps. Il est en effet
impossible de mener à bien les examens nécessaires avant l'adoption du
message portant sur l‘initative.

53. Etude de faisabilité d'un impôt anticipé prélevé sur les intérêts
versés à l'étranger (impôt à la source selon le principe de l'agent
payeur).

L'UE s'efforce d'uniformiser l'imposition des intérêts réalisés sur son
territoire grâce à l'introduction d'un impôt à la source. Le "modèle de
coexistence" prévoit de laisser aux Etats membres le choix entre
l'introduction d'un impôt à la source de 20 % selon le principe de
l'agent payeur et l'introduction d'une procédure de déclaration. Des
questions restent ouvertes dans ce domaine au sein de l‘UE.

Lors de discussions menées avec l'UE, la Suisse a fait savoir qu'elle
n'avait aucun intérêt à attirer des affaires dont le seul but consiste à
se soustraire à une éventuelle imposition à la source au niveau de l'UE.
Si l'Union Européenne devait introduire un système généralisé et
effectif d'imposition à la source, la Suisse serait disposée, en s'en
tenant au système actuel d'impôt anticipé et en maintenant le secret
bancaire, à chercher des moyens d'empêcher l'évasion fiscale.

Il s'agit actuellement de nous préparer à une telle situation et
d'étudier, de concert avec les milieux économiques, la faisabilité d'un
impôt anticipé prélevé sur les intérêts versés à l'étranger et les
répercussions qu'un tel impôt aurait sur notre économie. La solution
proposée prévoirait un remboursement en cas de déclaration correcte des
intérêts.

Le Conseil fédéral entend commander une étude concernant la faisabilité
au sujet d'un impôt anticipé prélevé sur les intérêts versés à
l'étranger.

6. Amnistie fiscale

Une amnistie fiscale générale pourrait non seulement entraîner une
augmentation des recettes mais surtout un élargissement notable de
l'assiette fiscale: des revenus et des fortunes jusqu'alors soustraits
au fisc pourraient en effet être imposés. Cela irait dans le sens de
l'objectif de l'équité, puisque la charge fiscale serait répartie plus
équitablement selon les capacités effectives de l'économie.

Des amnisties fiscales ne sont envisageables que si elles sont éloignées
les unes des autres dans le temps. La dernière ayant eu lieu en 1969, un
changement de génération s'est produit depuis. Des indices concrets
laissent à penser que des avoirs considérables présents en Suisse et
insuffisamment imposés chercheraient à accéder à la légalité. En
particulier à la suite d'héritages, le besoin se fait manifestement
sentir ici et là de faire table rase.

D'une part, une amnistie fiscale générale devrait être conçue de sorte à
encourager suffisamment les contribuables à déclarer des revenus
soustraits au fisc. D'autre part, elle devrait inclure un rappel
d'impôt, sans quoi les contribuables honnêtes seraient lésés. Il s'agit
de renoncer à infliger une amende fiscale et d'instaurer une procédure
simple pour la perception forfaitaire du rappel d'impôt à un pourcentage
fixe et après déduction d'une franchise.

Enfin, les cantons pourraient être astreints à utiliser une partie des
recettes supplémentaires découlant de l'amnistie pour renforcer les
contrôles dans l'application de la législation fiscale.

L'idée d'une amnistie fiscale doit dans un premier temps être
approfondie. Selon les résultats, un document destiné à la mise en
consultation devrait alors être élaboré.
7. Mise en oeuvre

Objet Concrétisation légale Rapport Consultation Message
Imposition de la famille Loi sur l'impôt fédéral direct, év. loi sur
l'harmonisation des impôts directs - II/2000 IV/2000*)
Logement occupé pas son propriétaire Loi sur l'impôt fédéral direct, loi
sur l'harmonisation des impôts directs Mars 2000 II/2000 IV/2000*)
Droit de timbre Loi sur les droits de timbre II/2000 II/2000 IV/2000*)
Message sur l'initiative pour un impôt sur les gains en capital
Constitution   II/2000
Impôt sur les gains sur les participations et diminution de la double
imposition économique Loi sur l'impôt fédéral direct, loi sur
l'harmonisation des impôts directs Délai non fixé
Impôt anticipé sur les intérêts versés à l'étranger Loi sur l'impôt
anticipé Délai non fixé
Amnistie fiscale Article constitutionnel, loi sur l'amnistie  IV/2000
*) Ces projets doivent être réunis dans un train de mesures et faire
l'objet d'un seul message.

Les cantons sont concernés à des degrés divers par les réformes. Une
partie de celles-ci tombent sous le coup de l'harmonisation fiscale
formelle. Enfin, les cantons supportent 30 % de la diminution du produit
de l'impôt fédéral direct par le biais de leur part au produit de cet
impôt. Les directeurs cantonaux des finances seront tenus constamment au
courant de l'avance des réformes.

DEPARTEMENT FEDERAL DES FINANCES
Service de presse et d'information

 De plus amples informations sur les thèmes présentés se trouvent à la
rubrique "Dernières nouvelles" de notre site Internet www.dff.admin.ch.

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