Les avalanches sont toujours un risque. On peut le gérer mais pas le supprimer
COMMUNIQUE DE PRESSE
Conférence de presse : forêt protectrice et 2ème inventaire forestier national
Les avalanches sont toujours un risque. On peut le gérer mais pas le supprimer
Sans les forêts de protection et les ouvrages de prévention, le bilan des
avalanches de cet hiver exceptionnel serait beaucoup plus lourd. Les
reboisements entrepris après les avalanches de 1951 et les mesures de
prévention ont globalement fonctionné. Cependant, une garantie totale
contre les avalanches ne peut exister, son prix serait trop élevé. L’homme
doit être attentif à la nature et vivre avec les risques naturels. Tel est le bilan
tiré vendredi à Birmensdorf (ZH) par l’Office fédéral de l’environnement, de la
forêt et du paysage (OFEFP) et par l’Institut fédéral de recherche sur la neige,
la forêt et le paysage (FNP).
Record de chutes de neige, vallées isolées, voies de communication coupées, victimes et dégâts
matériels : février 1999 restera dans les mémoires comme un mois catastrophique. En dépit des
mesures de protection et de prévention, dix-sept personnes ont perdu la vie. Les dégâts matériels
sont énormes : selon les estimations actuelles, 200 millions de dommages directs, 800 millions de
pertes indirectes (tourisme, transports et réseau d’électricité perturbés).
La sécurité dépend de la forêt
Cependant, vu les masses de neige et le nombre d’avalanches, les dégâts auraient pu être bien plus
lourds. Les forêts protectrices ont bien rempli leur fonction. Elles ont réussi le test des avalanches.
Dans la zone forestière, peu d’avalanches se sont déclenchées. Les reboisements entrepris après les
avalanches de l’hiver 1951 ont été efficaces. Ce premier bilan confirme les données du deuxième
inventaire forestier national selon lesquelles 64% des forêts de protection ont une action efficace,
15% une action moyenne et seulement 21% une action moindre. Aujourd’hui, près de 80% des
forêts de protection sont en mesure de remplir leur fonction.
Au-dessus des forêts, les paravalanches sont nécessaires pour empêcher la formation d’avalanches
désastreuses quand elles atteignent les forêts. Cette année, selon les estimations actuelles, une
centaine d’avalanches ont endommagé la forêt. Six cent hectares de forêts ont été touchés, soit 100
000m3 de bois.
Reste que la politique de protection dans les zones de montagne, les mesures prises dans le domaine
de l’aménagement du territoire, les ouvrages de protection ont fait leurs preuves, selon Walter
Ammann, spécialiste en avalanches du FNP. La majeure partie des avalanches ont emprunté les
couloirs habituels. De meilleures méthodes de prévisions météorologiques et d’avalanche ont
également contribué à circonscrire le danger et aider à la prise de décision lors de l’établissement
des mesures de sécurité telles que l’évacuation de la population ou la fermeture des routes.
Il n’y a pas de sécurité absolue
La société moderne a perdu le contact avec la nature. Les avalanches de cet hiver nous rappellent
que la nature existe et qu’elle doit être respectée, a relevé Philippe Roch, directeur de l’OFEFP.
Nous devons réapprendre que la nature a son propre rythme, indépendant de nos agendas et de nos
projets de vacances. Une garantie totale contre les avalanches ne peut exister, son prix serait trop
élevé C’est une question d’évaluation du rapport coût/efficacité. Contre quels risques voulons nous
nous prévenir et à quel prix ? D’autre part, la connaissance des dangers naturels doit être
approfondie pour améliorer la gestion des risques.
La forêt protectrice, la solution la moins chère
La forêt protectrice jouera, à l’avenir, un rôle de première importance contre les avalanches. Selon
le deuxième inventaire forestier national, environ 9% des surfaces boisées sont des forêts de
protection contre les avalanches et les chutes de pierre pour des zones habitées ou des voies de
communication importantes. Si ces forêts devaient être remplacées par des ouvrages de protection,
il en coûterait 2,1 milliards par an durant les cent prochaines années. En outre, le coût d’entretien de
ces installations serait vingt fois plus élevé que l’entretien des forêts de protection. Sans parler de
l’aspect écologique de la question, l’aspect financier plaide en faveur de la forêt.
Le deuxième inventaire forestier fédéral montre aussi que tout ne va pas pour le mieux dans les
forêts de protection. L’effet de protection est bon, il est vrai, mais 67% de ces forêts présentent des
signes de dommages sérieux, causés surtout par les insectes, la neige et les tempêtes. Sur 61% de la
surface, la stabilité de la forêt protectrice a diminué ou est devenue critique, selon les spécialistes.
Rajeunir la forêt de protection - encourager le bois suisse
Pour que la forêt puisse continuer à assurer sa fonction de protection et d’espace de loisirs plusieurs
mesures sont nécessaires : la Direction fédérale des forêts a édicté des recommandations pour lutter
contre l’abroutissement (broutage des jeunes arbres par le gibier) et va prendre des mesures pour le
rajeunissement des forêts de protection. La production annuelle de bois des forêts suisses pourrait
couvrir toute la demande indigène. Pour que ce matériau écologique soit plus utilisé à l’avenir, il
faut le rendre plus compétitif. L’entrée en vigueur de la loi fédérale sur l’énergie, le 1er janvier 1999
en est l’occasion puisqu’elle offre la possibilité de nouvelles subventions.
Liste des participants
- M. Philippe Roch, directeur de l’OFEFP
- M. Mario F. Broggi, directeur du FNP
- M. Peter Brassel, responsable de l’inventaire forestier national, FNP
- M. Heinz Wandeler, directeur des forêts, OFEFP
- M. Walter Ammann, responsable Dangers naturels, FNP
Expert
- M. Urs-Beat Brändli, réalisation de l’inventaire forestier national, FNP
Responsable de l’information
- M. Rolf Wespe, chef de l’information, OFEFP
- M. Daniel Schnyder, chef de l’information, FNP
Berne, le 19 mars 1999
Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage