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CONFOEDERATIO HELVETICA
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Allocution du président de la Confédération au Corps diplomatique

Keywords :DISCOURS,VOEUX, RECEPTION, CORPS DIPLOMATIQUE,PRESIDENT
CONFEDERATION,VILLIGER

(Ti) Présentation des voeux de Nouvel An
au corps diplomatique (10.1.1995)

(Ld) Allocution du président de la Confédération,
M. Kaspar Villiger

(Tx)Monsieur le Nonce,
Excellences,
Mesdames et Messieurs les Chargés d'affaires,
Mesdames et Messieurs,

En ce début d'année, j'ai l'honneur, en ma qualité de président de
la Confédération, de vous souhaiter la bienvenue au Palais
fédéral. Monsieur le Nonce, permettez-moi de vous remercier
pour les bons voeux que vous avez adressés à notre pays et au
peuple suisse. A mon tour, je vous présente, à toutes et à tous,
les meilleurs voeux du Conseil fédéral à l'occasion de cette
nouvelle année. Puisse-t-elle être, pour vos pays et  leurs
citoyens, une année placée sous le signe de la paix, de la
sécurité et de la prospérité!

Notre expérience quotidienne nous montre que ces souhaits ne
sont pas faciles à réaliser. Comme vous l'avez relevé, Monsieur le
Nonce, la paix, la sécurité et la prospérité sont des biens précieux
qui ne s'acquièrent qu'au prix d'efforts permanents et soutenus,
déployés par les peuples et par la communauté internationale,
que de nombreux revers viennent malheureusement contrecarrer.

Ces revers n'ont pas non plus épargné le monde, l'année
dernière. Hélas, les combats qui font  rage en bien des endroits
de notre planète nous rappellent que de profondes divergences
continuent à diviser, les nations. Pas très loin de la Suisse, la
guerre sévit à nouveau.Le conflit meurtrier en Bosnie-
Herzégovine dure toujours, même si un cessez-le-feu, en vigueur
depuis Nouvel-an et partiellement respecté, a suscité de
nouveaux espoirs dans la population civile qui souffre. D'autres
affrontements armés ont surgi, telle la sanglante confrontation
dans la République russe de Tchétchénie.  Dans ce cas, comme
dans tous les autres conflits, j'en appelle aux responsables
politiques et militaires, pour qu'ils mettent rapidement fin aux
bains de sang et à l'immense souffrance de la population civile et
qu'ils leur préfèrent la voie des négociations pour une solution
politique.
Mise à part la défense d'un pays contre une attaque venue de
l'extérieur, il n'y a pas d'objectif politique moralement défendable,
qui justifie des bombardements et des tirs de roquettes contre le
peuple.

La communauté internationale des Etats, elle aussi, doit réagir à
ces actes de guerre.  Il est urgent que les peuples et la
communauté internationale prennent conscience de leurs
responsabilités pour la paix et la stabilité dans le monde.

Il convient de renforcer les efforts internationaux en vue du
règlement des conflits. Surtout, il est important de privilégier la
prévention, par quelque moyen que ce soit, et de ne pas attendre
une crise ouverte pour prendre des mesures.

C'est précisément dans la perspective d'un tel engagement au
service de la prévention des conflits que la Suisse s'est déclarée
prête à assumer, en 1996, la présidence de l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE), mieux connue sous
son ancien sigle CSCE. Le Conseil fédéral remercie tous les Etats
membres de la confiance qu'ils ont témoignée à la Suisse en la
chargeant de cette mission.

Mon pays attache une importance particulière à la conception
globale de la sécurité de l'OSCE. Cette conception se base sur le
droit et la démocratie, sur le respect des droits de l'homme, sur la
coopération économique et sur des mesures de confiance et de
prévention civiles et militaires.

La Suisse participera activement en faveur de toutes ces
mesures. Je tiens à le souligner, car l'issue négative du scrutin
sur la création de troupes de casques bleus suisses, en juin
dernier, a suscité des doutes quant à la solidarité de la Suisse
avec la communauté internationale. Ces doutes ne sont pas
fondés. La Suisse ne pourra certes pas constituer de troupes de
casques bleus armés, mais elle continuera à participer à des
opérations de promotion de la paix en envoyant des bérets bleus
non armés, des observateurs militaires et du personnel civil. Le
soldat suisse, dont vous avez parlé, Monsieur le Nonce, est prêt à
apporter sa contribution à la paix.

La votation sur les casques bleus a incité les politiciens suisses,
une fois de plus, à se demander si la démocratie directe était
encore compatible avec les besoins de notre époque. Vous, qui
observez de près l'évolution politique dans ce pays, vous êtes
probablement aussi déjà posé cette question.

Une chose est certaine: la démocratie directe est une institution
qui ne facilite nullement le travail du gouvernement. Même si,
dans la plupart des cas, le peuple vote dans le sens souhaité par
le Conseil fédéral, il arrive aussi qu'il infirme la proposition du
gouvernement et du Parlement.

Malgré cela, je suis parfaitement convaincu des avantages de la
démocratie directe. Cette institution renforce considérablement le
sens civique des citoyens de même que le sentiment d'une
identité commune. C'est un élément particulièrement important
dans un pays où plusieurs cultures et plusieurs communautés
linguistiques se côtoient. Tant le sens civique que l'identité
nationale sont des facteurs indispensables au bon
fonctionnement d'un Etat. Certes, si l'on veut assurer la
responsabilité et la solidarité au plan international, il est essentiel,
dans une démocratie directe, que le gouvernement et le peuple
entretiennent un dialogue permanent et intense.

L'avenir de notre planète dépendra du renforcement de la
coopération mondiale entre les Etats et les peuples. L'intégration
européenne montre bien comment des nations que séparaient
des rivalités séculaires ont trouvé la voie de la stabilité et de la
sécurité grâce à de nouvelles formes de coopération. En
préconisant l'intégration économique pour favoriser le
rapprochement politique des nations et pour maintenir la paix, les
pères fondateurs de l'Union européenne nous en ont donné un
modèle  exemplaire.
Il ne reste plus qu'à espérer que cet exemple sera suivi ailleurs
en Europe et sur d'autres continents. Au seuil de cette nouvelle
année, un pas a déjà été fait dans la bonne direction grâce à la
création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le
renforcement de la coopération multilatérale au sein de l'OMC
réunira quelque 120 pays et aura certainement des effets positifs
à l'échelle mondiale. La Suisse s'engagera avec détermination,
aussi bien en Europe que dans le reste du monde, en faveur du
renforcement des relations entre les Etats, sans d'ailleurs se
limiter au secteur économique.

Monsieur le Nonce,
Excellences,
Mesdames et Messieurs les Chargés d'affaires,
Mesdames et Messieurs,

En votre qualité de diplomates, vous êtes appelés à favoriser le
dialogue entre les peuples et les Etats, et c'est là une de vos
tâches les plus nobles et les plus importantes. Notre planète a
plus que jamais besoin de dialogue. J'espère que l'année 1995
nous permettra de progresser sur la voie de la compréhension
entre les peuples et qu'elle apportera des solutions aux
problèmes qui nous préoccupent.

Au nom du Conseil fédéral, je vous adresse, à toutes et à tous,
mes voeux les plus sincères pour la réussite de votre mission
diplomatique et pour votre avenir personnel.

diplomat