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CONFOEDERATIO HELVETICA
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Allocution du président de la Confédération pour le 1er août

Keywords : allocution, Kaspar Villiger, président ,
Confédération, premier août,

(Ti) Allocution du Président de la Confédération Kaspar
     Villiger à l'occasion de la Fête du Premier Août

(Ld)

(Tx) Chères Concitoyennes, Chers Concitoyens,

Le voyageur qui traverse la Suisse ne peut guère manquer d'être frappé par
la variété des langues, des cultures et des paysages offerts par ce petit pays.
La diversité de nos origines est largement attestée par notre histoire.
Le fait qu'une telle diversité ait abouti à la formation d'un État dont la
réussite est si remarquable, sur le plan politique autant qu'économique, est
une source d'étonnement. Car il y a en fin de compte peu de pays où des gens
de langues et de cultures si différentes sont parvenus à vivre ensemble pendant
aussi longtemps. Les circonstances historiques y ont contribué, mais aussi
l'indéniable savoir-faire de ses habitants. Une telle réussite tient, dans une
large mesure, au développement de nos droits populaires et à un fédéralisme
très développé qui permet aux différentes communautés de préserver leur
identité. Pour toutes ces raisons, notre pays est encore perçu comme un modèle
de coexistence.

Or, la conscience très vive que nous avions traditionnellement de notre
identité semble soudainement s'amenuiser. Nous avons le sentiment diffus que
notre cohésion nationale n'est plus ce quelle était. La persistance du chômage
etle déplacement de postes de travail vers l'étranger nous portent à nous
demander avec inquiétude si l'économie suisse fait toujours preuve de la
vitalité à laquelle nous nous étions habitués. Et quoique nous passions encore
pour un pays très riche, nous comptons parmi nous toujours plus de personnes
qui connaissent des difficultés matérielles. Le déficit des caisses publiques
montre que nous demandons plus à l'Etat que ce que nous sommes prêts à payer.

Notre réussite appartiendrait-elle donc au passé ?

Sincèrement, je ne le crois pas. La situation réelle de la Suisse est meilleure
que le sentiment que nous en avons. Nombre de nos compatriotes réagissent de
manière créative et novatrice à la récession. Une fois encore, comme nous
l'avons fait si souvent au cours de notre histoire, nous réussirons, après
avoir surmonté les difficultés, à aller de l'avant. Notre système politique
continuera à fonctionner si nous prenons la peine de l'adapter. Notre économie
continuera à progresser si nous savons lui donner les conditions propices. Nous
parviendrons à résoudre nos problèmes si nous avons le courage de relever les
nouveaux défis et si nous retrouvons la confiance en nous-mêmes. Comparée à
maints pays, la Suisse a tout pour maîtriser l'avenir.

Pourtant, quelque chose me préoccupe. Les différentes régions de notre pays
semblent devenir étrangères les unes aux autres. L'intérêt réciproque semble
disparaître.

Les divergences apparues lors de récents scrutins amènent à se demander avec
quelque inquiétude si une fracture profonde n'est pas en train d'apparaître
entre les régions linguistiques, lorsqu'il sagit de déterminer notre
avenir en Europe. Il ne sert à rien de se borner à le déplorer ou de refuser
d'en prendre conscience. Il serait sans doute plus productif que nous nous
efforcions d'en comprendre les motifs, et que nous nous donnions la
peine d'engager le dialogue. La Suisse romande et le Tessin sont confrontées à
des difficultés économiques plus graves qu'une grande partie de la Suisse
alémanique. De nombreux Romands voient la solution dans une plus grande
participation à l'intégration européenne. Ils aimeraient contribuer davantage à
l'édification d'une Europe démocratique. Par contre, nombre de Suisses de
langue allemande craignent qu'une relation plus étroite avec l'Europe porte
atteinte à la démocratie directe et au fédéralisme, qu'ils jugent
essentiels pour préserver notre diversité.

Préoccupons-nous donc davantage de ce que pensent nos compatriotes qui habitent
d'autres régions du pays. Cherchons à mettre en valeur ce que nous avons en
commun et non ce qui nous sépare. Je vous encourage à tirer profit de toutes
les possibilités qui s'offrent à nous pour renforcer notre sentiment
communautaire, à cultiver le dialogue et les échanges. Pourquoi ne pas passer
une fois vos vacances dans une autre région linguistique de notre pays plutôt
que sur un rivage exotique ? Vous verrez que cela en vaut la peine !

Loin de moi lidée de vouloir dramatiser les prétendus "fossés" qui existeraient
entre le Tessin, la Suisse romande, et la Suisse alémanique. Mais la
coexistence pacifique nest pas un bien acquis une fois pour toutes.
Elle demande à être entretenue. La diversité de nos langues, de nos cultures et
de nos paysages doit être vécue, si nous voulons qu'elle nous enrichisse.
En faisant l'effort de les apprécier à leur juste valeur, nous nous
apercevrons que la Suisse est bien plus qu'une simple juxtaposition de quatre
cultures.

Chères Concitoyennes, Chers Concitoyens,

Je vous souhaite de passer une agréable Fête Nationale et je vous recommande,
vous et vos familles, à la protection divine.